Burundi news, le 11/04/2014

Par Pancrace Cimpaye

La célébration du vingtième anniversaire du génocide rwandais a été relayée par la presse au niveau mondiale. On a senti que le Rwanda n’a pas lésiné sur les moyens  dans la mobilisation à cet effet. Le monde entier a eu les yeux rivés sur ce petit pays d’Afrique centrale pendant au moins deux semaines.

La célébration de cet anniversaire dramatique en grand pompe a ravivé une frustration d’un bon nombre de burundais. A ce titre il est navrant et frustrant de réaliser qu’au Burundi, les Défenseurs de la Démocratie  qui dirigent le pays aient complètement oublié le vingtième anniversaire de l’assassinat du  Président Melchior Ndadaye. Pourtant  à l’époque ils avaient été au maquis parce que ce dernier venait d’être assassiné. La genèse de cette lutte armée des hommes qui nous gouvernent trouve son fondement dans le drame du 21 octobre 1993.

Le 21 octobre 2013 aurait été une belle occasion de célébrer en  grand pompe ce vingtième anniversaire. Le Président Nkurunziza aurait gagné des galons s’il était revenu sur ce drame et convié les burundais à un  « PLUS JAMAIS CA ! ». Cette occasion en or que le calendrier historique lui avait gracieusement offerte était une opportunité pour montrer qu’il est un grand homme d’Etat. Ce jour-là les mots DEMOCRATIE , PAIX, RECONCILIATION, MULTIPARTISME, ELECTIONS, RESPECT DE LA VIE ET DU VERDICT DES URNES  devaient constituer l’ossature de son message. Ces vertus devaient résonner ce jour là sur toute l’étendue du territoire burundais et dans les cœurs de tous les compatriotes dispersés à travers le monde.

Hélas ce vingtième anniversaire est passé inaperçu. Un acte manqué  déplorable et choquant. Pourtant des hommes avisés avaient même transmis à qui de droit un mémo relatif à cette cérémonie du vingtième anniversaire.

Comment peut-on rater une pareille occasion ? Une occasion de vanter la grandeur du Burundi, comment peut on la louper ? La réponse est dans cette confidence d’un grand membre du CNDD-FDD : « Ikintu kitarimwo amahera ntubabaze ! Ikitarimwo deal ntubagore ! Ivya politike ntubabaze, birirwa biruka inyuma yamatungo ! Ivyo gukingira ubutegetsi ntubabaze ! Turagowe ! » ( Une affaire qui ne rapporte pas l’argent ne les intéresse pas ! Le  politique ne les préoccupe pas, ils sont dans la course à l’enrichissement rapide ! La protection du pouvoir , c’est le cadet de leur souci ! C’est dramatique !).

Cette course effrénée vers un enrichissement rapide est probablement une des raisons qui empêchent les décideurs de Bujumbura d’appréhender à leur juste valeur les  contours des dossiers vitaux de la nation burundaise. Mais passer à côté de la célébration d’un évènement comme le vingtième anniversaire de l’assassinat du premier président burundais démocratiquement élu, Son Excellence  Melchior  Ndadaye, procède d’une cécité politique condamnable.

                                                                                                                               Pancrace CIMPAYE.