LE GENERAL-MAJOR  ADOLPHE NSHIMIRIMANA TEL QUE NOUS NE  LE CONNAISSONS PAS

 Burundi news, le 16 janvier 2007

Par Gratien Rukindikiza

Dans toutes les armées du monde, le mot d’ordre de fonctionnement est connu. Un militaire obéit aux ordres et exécute. Celui qui refuse d’exécuter les ordres est en rébellion. Cependant, tout ordre manifestement illégal peut être refusé. Les cas sont rares dans le monde. On n’a pas de cas connus de soldats Américains ayant  refusé d’attaquer des cibles civils en Irak. Aucun militaire Burundais n’a refusé d’aller combattre au Congo alors que c’était en réalité une guerre d’agression quelques soient les autres mobiles de sécurité.

Adolphe Nshimirimana a été chef d’Etat major des FDD. Après la signature des accords entre le CNDD-FDD et le gouvernement de Ndayizeye, Adolphe Nshimirimana a été nommé chef d’Etat-Major adjoint. Son passage à l’armée à côté du général Niyoyankana, chef  d’Etat-Major de ce moment a marqué les esprits. Il a fait un travail remarquable en réalisant l’intégration des FDD dans l’armée avec grand succès. Notre site n’a pas hésité à louer cet officier réputé travailleur et conciliant.

Des questions se posaient. Est-ce que Adolphe Nshimirimana a changé depuis qu’il est à la Documentation ? Est-ce que c’est la politique en général qui a changé ? 

Notre site a enquêté dans son entourage, chez ses amis, anciens officiers du CNDD-FDD et aussi à son travail. Nous avons été surpris de la description de cet homme. Les témoignages ont parlé d’un officier correct mais obéissant à sa hiérarchie. On se demande même si ce n’est pas cette hiérarchie qui a changé l’image véhiculée par les médias. Obéissant aux ordres et se trouvant à un poste sensible au mauvais moment, Adolphe Nshimirimana n’a pas pu garder son image d’homme correct qu’il avait à l’armée.

Le général-major Adolphe s’est retrouvé en face de deux événements majeurs de ce pays : La lutte contre le FNL et l’emprisonnement des faux putschistes. Les situations n’étaient pas faciles.

Les tueries de Muyinga ont été attribuées à tort à la Documentation dirigée par Adolphe Nshimirimana. Or, les radios ont désigné nommément celui qui venait chercher les prisonniers membres ou sympathisants du FNL pour les tuer. C’est le commandant de la région militaire. Est-ce qu’il dépendait de la Documentation ? La réponse est non. Le responsable de la Documentation à Muyinga avait contribué aux arrestations. Pour le passage à l’acte, c’est le commandant de la 4 è  région militaire qui est responsable. Le général-major Adolphe Nshimirimana n’a pas pu ou voulu se défendre face aux médias qui l’accablaient. Sans aucun doute par le réflexe de se taire même si on n’a pas tort. Il ne voulait pas non plus donner d’autres pistes d’autant plus que l’affaire dépassait le cadre régional.

Les cadavres de Muyinga sont attribués à la Documentation alors que les médias accusent le commandant de la 4 è région militaire. Une contradiction qui n’arrange pas l’administrateur général de la Documentation. Adolphe a été victime de son silence pour protéger le vrai donneur d’ordre.

Une autre histoire a été évoquée dans les médias. Il s’agit d’un membre du FNL qui travaillait pour l’Union européenne assassiné dans des circonstances mystérieuses. La Documentation a été pointée du doigt. Or, cet homme a été arrêté et conduit à la permanence du parti CNDD-FDD. Certaines sources affirment que cet homme était presque mort depuis la permanence. Est-il arrivé vivant à la Documentation ? 

Les faux putschistes ont beaucoup terni l’image d’Adolphe Nshimirimana. Certains ont été torturés à la Documentation. Qu’il soit le donneur d’ordre ou pas, il reste responsable de ce qui se passe dans son service. La torture est interdite au Burundi comme ailleurs mais dans la pratique, elle est toujours présente dans les interrogatoires. La torture est aussi une faiblesse et un manque du savoir policier, des techniques modernes psychologiques pour extirper les aveux.

 Adolphe est tombé dans le piège de Radjabu qui avait affirmé détenir des preuves et qui avait convaincu le Président de la République de l’existence de ces preuves qu’il fournira lui-même. Ces preuves manquaient toujours jusqu’ à la libération des faux putschistes. Cette libération est une très bonne chose pour les concernés et pour le pays. C’est aussi un camouflet pour Radjabu. C’est aussi une leçon pour Adolphe qui comprendra que la confiance se mérite.

Radjabu était ces derniers jours le vrai patron du pays. Il donnait des ordres à la Documentation comme il les donnait à la Présidence en profitant du silence du Président de la République. Est-ce qu’Adolphe pouvait refuser ses ordres alors que Radjabu  était capable de le limoger ? La question peut se poser autrement. Combien d’officiers ont –ils refusé des ordres qui violaient les droits des individus ? On n’en connaît pas beaucoup.

La chute de Radjabu ouvre une voie à Adolphe pour changer l’image de la Documentation et incarner un homme d’avenir comme il l’avait fait à l’armée.