ACCUSES SITES INTERNET, LEVEZ-VOUS!

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 12/06/2009

Le monde évolue, les modes de communication et d'information ont fait un grand pas en avant avec internet. Internet a joué un rôle primordial dans la campagne électorale du Président OBAMA. Les communications sont très facilitées à un coût faible. Il est aujourd'hui facile d'envoyer un mail à Muyebe comme on l'envoie à New York. Internet est un moyen de communication indépendant, révolutionnaire. Internet est devenu un outil essentiel pour plusieurs métiers. Certains ont internet sur les téléphones portables. D'autres peuvent avoir internet sur la télévision pour ceux qui ne disposent pas d'ordinateur. Internet est l'outil qui échappe au contrôle. Les informations publiées à Paris sont lues dans la seconde à Bujumbura, comme à Nagoya ou Oslo. Les pouvoirs ne peuvent pas déterminer facilement la circulation de l'information ou le lieu géographique du site.

Coupables sites internet!

Au Burundi, le premier site internet a été animé à partir de l'Allemagne et deux des anciens collaborateurs sont des dignitaires du pouvoir actuel. Deux ou trois sites sont nés vers 2000 à 2001. Tous les sites étaient dans l'opposition car le pouvoir estimait que ces moyens étaient dérisoires pour inquiéter le régime. C'est surtout du temps de Buyoya II que internet a pris de l'ampleur. Un site du CNDD-FDD basé en Allemagne a été très critique à l'égard du régime de Buyoya II et III ainsi du temps de Ndayizeye. Burundi News a été fidèle à ses principes. Il a toujours défendu le peuple. Il a critiqué ces régimes.

Tous les régimes ont été très critiques à l'égard des sites internet. Burundi News  a été particulièrement visé car il n'a jamais accepté ni les pressions, ni les autres tentatives. Les sites internet ont fait des révélations sur des dossiers de corruption. On peut citer notre confrère Arib. Burundi News a révélé pour la première fois les dossiers du pétrole nigérian, des  cahiers ougandais, des plaques d'immatriculations. Burundi News a donné des informations pour démontrer que le fameux putsch de Kadege et Ndayizeye était un montage du pouvoir. Il a informé les lecteurs sur les dissensions internes du parti au pouvoir CNDD-FDD.

Les sites internet qui ne soutiennent pas le pouvoir deviennent des ennemis à abattre par le pouvoir. Le fait qu'ils soient en dehors de la censure, cette liberté et la masse d'informations qui parviennent aux sites mettent mal à l'aise les pouvoirs. Tous les moyens sont bons. Des tentatives de corruption existent. Certains résistent, d'autres cèdent à la tentation. L'argent ne vaut pas la liberté de parole, la liberté de penser.

A l'étranger, le pouvoir ne fait que fustiger les sites internet

La haine envers les sites notamment Burundi News de la part du pouvoir du CNDD-FDD ne se cache pas. L'exemple le plus frappant est celui du directeur de cabinet civil du Président de la République, Monsieur Wagara. De passage à Paris, lors de la commémoration du 15 è anniversaire de la mort du Président Ndadaye, il a pris la parole et a prononcé un discours très étrange. Il savait que Burundi News est basé à Paris. Cette information a été un handicap pour lui. Il a oublié complètement de parler de Ndadaye et des circonstances de la journée qui réunissait les Burundais. Il n'a fait que parler de Burundi News qui a écrit sur les tractations à la Présidence. Il a eu la prudence de demander si le rédacteur de Burundi News était présent; ce qui était le cas. Le jour n'était pas pour une polémique. Le rédacteur de Burundi News n'a fait que parler du Président assassiné Ndadaye.

La récente rencontre du président du Sénat et des Burundais de France a été aussi une occasion de parler d'internet mais de sa façon diplomatique. Cette fois-ci, le président sénateur n' pas cité Burundi News. Est-ce que les sites internet écrivent des mensonges? Je ne crois pas. Ils auraient perdu toute crédibilité. Le fait que ses informations soient lues de la Présidence à l'université, dans les bureaux, c'est qu'elles sont crédibles et certains redoutent des révélations.

Internet leur a rendu service et ils ont oublié

Avant l'arrivée du CNDD-FDD à Bujumbura dans les institutions, certains sites étaient dans l'opposition. Leurs écrits ne badinaient pas avec le pouvoir ou les pouvoirs passés. Il suffit de relire Abarundi.org et Burundi information pour comprendre que le CNC les aurait condamné à mort.

Plusieurs rédacteurs de ces sites, même des informaticiens ayant collaboré avec ces deux sites sont devenus,  soit ministres, soit des conseillers avec rang de ministre. Merci qui? Merci internet! Cela n'empêche pas de changer de vision sur les critiques du pouvoir. Les deux sites ont écrit beaucoup de choses sur le pouvoir de Buyoya et celui de Ndayizeye. Ils ne tolèrent pas que les autres sites usent de cette liberté d'expression.

Un rebelle nommé Pierre Nkurunziza a profité aussi d'internet pour être connu. N'est-ce pas Burundi News qui l'a fait connaître auprès des officiers burundais, grands lecteurs de ce même site, à travers une interview au moment où Nkurunziza était encore dans les maquis?

Les sites internet dont Burundi News ont joué aussi un rôle dans la campagne électorale, surtout auprès de la diaspora. Le pouvoir doit s'habituer aux critiques. Je me rappelle ce que Radjabu me disait et qu'un autre général, un des plus intègres disait aussi : "Vous nous aidez car ces critiques nous aident à nous corriger".

Chaque médaille a son revers

Internet a aussi ses faiblesses qui prennent origine dans ses forces, sa liberté. Internet est devenu pour certains un outil de défense d'une ethnie. Cette orientation n'honore pas les sites internet. Personne n'a mandaté le site T pour défendre les tutsi comme personne n'a mandaté le site A pour défendre les hutu. La liberté d'internet devrait profiter au peuple. Internet devrait être un outil pour défendre le peuple dans ses droits et aussi pour rappeler ses devoirs. Burundi News a toujours défendu le peuple. Il n'a jamais  soutenu un régime qui viole les droits du citoyen.

La liberté d'expression a ses limites. Des erreurs ont pu se commettre comme dans tout métier. Nos sites ont été induits en erreur par des informations erronées. Personne ne peut le nier. Burundi News non plus. Les efforts pour vérifier les informations ne suffisent pas à avoir une certitude à 100 % sur tous les dossiers traités. Un journaliste qui dirait qu'il a publié tous les jours  une information sûre à 100 % est un menteur. Même celui qui a vécu l'évènement  peut mentir. Par ailleurs, les sites font face à des informations manipulées envoyées par des gens du pouvoir. Heureusement que leurs méthodes ne résistent pas à l'analyse.

Un autre site est aujourd'hui écrit de temps en temps dans les bureaux de la Documentation. Une erreur monumentale a été commise lors des premières révélations sur la mort d'Ernest Manirumva. Un article du site que je ne vais pas citer disait que la représentante de Human Right Watch connaissait les assassins car elle les avait rencontrés à Mutanga. Or, ces envoyés démobilisés étaient au service de la Documentation. Le site était au courant alors de cette mission. Après vérification auprès de certaines personnes, l'article était écrit des bureaux de la Documentation par un cadre travaillant dans ce service. Le site a été obligé de présenter ses excuses quand la personne concernée a protesté chez un haut cadre civil de l'Etat.

Malgré cette liberté, on n'observe pas beaucoup de dérapage d'internet. Certains sites sont d'un sérieux irréprochable. Ils ont joué un rôle dans la défense de la démocratie burundaise comme les radios et la société civile.

Ceux qui diffament les sites internet en auront besoin les années à venir quand ils ne seront pas au pouvoir. Nous qui défendons le peuple serons toujours dans le même rôle car c'est ce peuple qui est et qui sera toujours détenteur du pouvoir.