UN COMMERCANT CORRUPTEUR CREE UNE ASSOCIATION DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION DES AUTRES AU BURUNDI

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 21 mai 2006 

Le Burundi comme les autres pays africains souffre de la corruption. Elle engloutit une part importante des budgets des pays. Le Burundi perd plusieurs dizaines de milliards de francs en corruption. Des projets sont gonflés pour remplir les caisses de certains dirigeants qui sont aux places qui ne sont pas les leurs. La lutte contre la corruption est une des conditions d’octroi des aides de la communauté internationale et des prêts de la Banque mondiale.

Au Burundi, deux ministres sont déjà tombés depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD suite à des affaires de corruption. Le corrupteur était un grand commerçant qui a de bonnes entrées. Chacun se souviendra des articles que nous avons publiés sur ce site concernant le scandale des haricots de la police. Des documents ont été falsifiés, des lettres écrites  à la place des autres, des écrits, noir sur blanc de la manière à magouiller. Le commerçant qui est responsable, le corrupteur est Hilaire Ndayizamba. Il est surtout connu dans l’armée où il avait évolué en tant que sous-officier. Depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, il a bénéficié d’une certaine complicité de Basabose pour avoir certains marchés moyennant sonnantes et trébuchantes. Ndayizamba était aussi impliqué dans la tentative de corruption du marché de 10 milliards pour nourrir les affamés.

Certains Burundais ont une certaine intelligence quand il s’agit de défendre leurs intérêts. Quand ils pointent du doigt à droite, il faut surtout regarder à gauche. Un acte peut cacher un autre, c’est ce que les militaires appellent la diversion.

Le ridicule ne tue pas. Au moment où on parle de corruption, le grand corrupteur vient de créer une association de lutte contre la corruption et la malversation nommée ACOMAP. Il déclare qu’il compte travailler avec le gouvernement. Ce qu’il n’a pas dit, c’est qu’il va  travailler pour le gouvernement. La rapidité de l’agrément de son association est un signe qui ne trompe pas. Ndayizamba à la tête d’une association de lutte contre la corruption est comme si la documentation créait une ligue des droits de l’homme.

L’ACOMAP a en réalité la mission de protéger son président, donc Ndayizamba, des dossiers qui peuvent l’inquiéter. Son rôle sera aussi de combattre l’OLUCOME pour le bien du pouvoir. Ainsi, le commerçant Ndayizamba pourra donner des assurances aux corrompus de lui attribuer les marchés surfacturés , sous  la haute protection de son association ACOMAP.

Eric Nkurunziza, ancien d’OLUCOME, est un des responsables de cette association. Etonnant pour celui qui avait crié haut et fort contre la corruption du même commerçant Ndayizamba et de l’ancien ministre Ntakarutimana. Je suis témoin car je me rappelle de notre conversation téléphonique. Est-il tombé sous les charmes de celui qu’il dénonçait ? Peut-être que le syndrome de Stockholm à la burundaise l’a affecté.

Ndayizamba aurait dû dire toute la vérité sur le manque à gagner pour l’Etat qu’il a occasionné avant de créer une telle association. Dans tous les cas, aussitôt créée, aussitôt en veilleuse. ACOMAP ne pourra que soutenir le pouvoir. Quant à ceux qui attendent des révélations, la patience sera de rigueur. Si le pouvoir compte tirer profit de cette association, il a déjà commis une erreur de casting. C’est l’homme qu’il ne faut pas à la place qu’il faut.