Nous publions un article paru sur le site de nos confrères d'ARIB. Après des enquêtes, notre site publiera un article dans les prochains jours.

@rib News, 27/01/05 - JUSTICE

Affaire MANLAN : l’ex-président BUYOYA mis en cause

Pierre BUYOYA

Le nom de l’ancien président burundais, le major Pierre BUYOYA, a été évoqué jeudi par un avocat de la partie civile au cours du procès des responsables présumés de l’assassinat, en 2001, du représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Burundi.

« Il faut aller au fond des choses et dire si oui ou non Monsieur (l’ancien président Pierre) BUYOYA et sa femme sont les commanditaires de cet assassinat », a déclaré devant la Cour Me Bernard MAINGAIN, du barreau de Bruxelles. « On ne peut pas rester dans la nuit noire concernant l’instigateur de l’assassinat de Kassi MANLAN et le nom de Mr BUYOYA a été évoqué à diverses reprises », a-t-il ajouté.

Me MAINGAIN représente les intérêts de Gertrude NYAMOYA, ancienne secrétaire du représentant de l’OMS qui fut, dans un premier temps, accusée d’avoir commandité le meurtre avec le Dr Lamine DIARA, n° 2 de l’OMS à l’époque des faits. Mais Mme NYAMOYA a été blanchie au terme de près de deux années passées en détention provisoire et s’est portée partie civile.

L’ex-président BUYOYA se trouve aux Etats-Unis depuis quelques jours et n’était pas immédiatement joignable.

Feu Dr MANLAN

Le procureur général de la République du Burundi a requis le 13 janvier la peine de mort pour quatre policiers de haut rang accusés d’être les principaux responsables de l’assassinat du Dr MANLAN, un Ivoirien de 55 ans dont le corps avait été retrouvé sur la rive du lac Tanganyika, dans la capitale burundaise.

Le procureur a requis « une peine d’emprisonnement à perpétuité » contre cinq autres accusés, poursuivis pour « complicité d’assassinat », et des peines de quinze ans et de deux ans de prison pour des vigiles qui gardaient le bureau et le domicile de la victime.

Les quatre hauts responsables de la police ont nié toute participation au crime tout au long du procès, ouvert le 11 mai 2004, et ont accusé le procureur de « complot ».

La partie civile a également mis en cause l’OMS, qui n’a pas voulu « déposer en audience publique le résultat de son enquête sur l’assassinat de son représentant au Burundi, malgré nos nombreuses requêtes ». L’OMS ne s’est même pas constituée partie civile dans ce procès, s’est étonné l’avocat belge.

L’accusation n’a jamais évoqué le mobile du crime, mais pour l’avocat de la partie civile, « c’est clair qu’il s’agit d’une affaire de détournement de fonds » qui devaient servir à la lutte contre l’épidémie de paludisme qui sévissait au Burundi en 2001.

« Le mobile de l’assassinat, c’était de faire taire le Dr MANLAN et de soustraire tous les documents compromettants qu’il avait en sa possession », a expliqué à la Cour Me MAINGAIN. « Et de ce point de vue, ils (assassins) ont gagné », a-t-il ajouté.

« Nous demandons aux gouvernements burundais et ivoirien, aux pays amis du Burundi, les Pays-Bas, la Belgique, ... qu’ils insistent auprès de l’OMS pour qu’elle publie le résultat de ses investigations », a lancé Me MAINGAIN. « C’est indispensable pour connaître la vérité, pour que Kassi MANLAN ne soit pas mort en vain », a-t-il conclu.

Le procès doit se poursuivre vendredi, avec les plaidoiries des avocats de la défense. (Source AFP)

Pour en savoir plus : Qui a tué Kassi Manlan ? (Meurtre politique ou crapuleux?)