Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard…
Par The Leadership Institute
Nous étions les premiers à parler « d’affaire d’Etat » dans le cas des tueries de MUYINGA, malheureusement, les faits nous donnent raison. Human Rights Watch vient de confirmer ce que nous avions écrit.
Décidément, le Burundi reste un cas unique au monde, où les institutions nationales ne remplissent aucunement leurs responsabilités. De même, nous déplorons le fait que la communauté internationale semble ne plus savoir quoi faire du Burundi car son silence quant à la décadence du pouvoir rappelle celui observé lors des préparatifs du génocide rwandais en 1994. Si personne n’agit maintenant, demain il sera trop tard.
Nous ne voudrions pas paraître comme des alarmistes et allons vous le prouver dans les points suivants :
- Dans l’affaire de MUYINGA, l’Exécutif burundais est impliqué jusqu’au cou. S’il n’a pas donné les ordres, il a, pour sûr, couvert les auteurs de ces crimes et pour cela on n’a même pas besoin d’un tribunal. Alors quoi faire puisque si l’on attend sa coopération dans l’éclaircissement de cette affaire, on risque d’attendre longtemps. Ceci constitue un défi pour toute la communauté des droits de l’homme.
- Deux solutions s’imposent alors : une commission d’enquête internationale sous l’égide des Nations Unies et des sanctions contre le Burundi si les auteurs des crimes de violation des droits de l’homme, de tortures et de crimes de guerre ne sont pas arrêtés et jugés (Adolphe NSHIMIRIMANA, Vital BANGIRINAMA, Jean Bosco NGENDANGANYA, Jean Bosco (alias Maregarege) les tortionnaires de l’ex-Vice Président KADEGE et tous les agents des services de l’ordre impliqués dans les tueries. Il ne faut pratiquer la règle de deux poids deux mesures. Si la communauté internationale ne réagit pas dans ce sens, les conséquences seront désastreuses pour le Burundi. En effet, la clique au pouvoir à Bujumbura fera tout pour garder les rênes du pouvoir afin d’éviter d’être traduits en justice. S’ensuivra alors un régime encore plus oppresseur, de plus graves violations des droits de l’homme et d’atteintes aux libertés individuelles y compris les assassinats d’opposants politiques. Les manipulations pratiquées par l’Exécutif sur le Législatif et le Judiciaire rendent quasi impossibles une voie de sortie émanant des institutions nationales. C’est donc la responsabilité de la communauté internationale d’agir. La prévention des conflits demande une analyse approfondie de l’évolution des événements et des actions opportunes pour éviter des crises plus graves. Une poignée de personnes empêchent ce pays de tourner en rond et il faut que justice soit faite pour que le Burundi avance dans la voie de la consolidation de la démocratie. Sinon, on est en train d’accompagner le pays dans un gouffre.
- Le Burundi se trouve aujourd’hui dans une situation critique et le pouvoir est en train de se radicaliser sur les questions de droits de l’homme et de respect des institutions démocratiques. Nul, y compris le Président NKURUNZIZA, n’a le droit d’hypothéquer les efforts de toute la classe politique burundaise, de la communauté internationale et de tous les burundais qui ont versé leur sang pour la démocratie. La communauté internationale a besoin de donner ce message fort au pouvoir de Bujumbura. Sinon, nous prédisons ceci :
§ Il n’y aura pas d’élections en 2010 car l’environnement social et sécuritaire ne s’y prêtera pas et les réformes institutionnelles n’auront pas lieu dans le contexte de crise politique permanente comme on le voit aujourd’hui.
§ L’armée risque de se désintégrer et d’exploser car on observe aujourd’hui des attitudes de prise de contrôle des points névralgiques de l’armée par une clique de militaires ex-FDD qui se rendent compte qu’ILS N’ONT PAS DE VERITABLE POUVOIR MILITAIRE leur permettant de faire tout ce qu’ils veulent. Ils ne disposent que de quelques milices néfastes mais dans le fond sans aucun pouvoir militaire réel. Ce sont des tigres en papier corrompus et sans véritable vision politique. L’usage de la force est leur jeu favori mais qui n’a pas sa place dans une démocratie.
§ La démocratie sera compromise au Burundi avec le risque d’une prise de pouvoir par la force de quelques groupuscules politico-militaires fatigués du chaos actuel ; avec le risque de remettre le pays dans la guerre.
§ La reconstruction socio-économique sera compromise avec les malversations économiques qui accompagnent toute situation de chaos politique ; avec comme corollaire une plus grave paupérisation de la population qui la rend plus vulnérable aux manipulations politiques et guerrières, donc plus d’INSECURITE.
Revenant au cas de MUYINGA, une chose est sûre : le colonel BANGIRINAMA Vital A AVOUE sa responsabilité dans ces tueries. L’inconnue : qui d’autre est impliqué dans ces tueries et dans la couverture qui s’en est suivie ? Voilà les questions auxquelles la justice devra répondre et pour cela, le Colonel Vital BANGIRINAMA doit être arrêté. A notre avis, la justice burundaise n’est pas capable de le juger et il faut intervenir une justice internationale. D’autre part, qui répondra de sa vie s’il est ramené au Burundi et exécuté par le pouvoir despote de NKURUNZIZA ?
Selon les déclarations du même colonel Vital BANGIRIMANA, sa fuite vers l’étranger est l’œuvre des services de renseignement et de la présidence. Il a, par ailleurs, expliqué qu’il avait eu la bénédiction du chef de l’Etat à deux reprises (rencontres confirmées par le porte-parole du Président). Et dire aujourd’hui que l’Exécutif n’est pas le maitre à penser et le planificateur de cette sombre histoire de MUYINGA serait simplement croire que toute la population de ce pays est dans un coma amnésique.
La justice Burundaise étant au service de l’Exécutif, nous trouvons les propos du président NKURUNZIZA hypocrites lorsqu’il déclare à corps et à cris à la communauté internationale et à la presse Burundaise que toutes les questions évoquées ci-hauts sont dans les mains de la justice et que par conséquent, il faut attendre les conclusions de juges.
Le CNDD-FDD était venu au pouvoir prétendant venir corriger les tares des pouvoirs passés, nous regrettons de constater qu’ils font pire que leurs prédécesseurs. Si vraiment NKURUNZIZA, lui qui est hutu et qui chante à qui veut l’entendre qu’il fut victime des pouvoirs tutsi de l’époque (ce qui est vrai), pourquoi diable fait-il souffrir les burundais ?