LE PRESIDENT DU BURUNDI RAPPELLE LES AMBASSADEURS POUR CONSULTATION

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 05 août 2007

Toute crise a une solution et toute solution n'est pas bonne à une crise. La démocratie est l'art de gouverner en respectant certaines règles définies notamment la constitution et les normes élémentaires de la gestion de la chose publique. Dans un régime démocratique, celui qui dirige un pays a une mission qu'il doit remplir sous le contrôle des élus du peuple. Il a aussi un bail qu'il doit respecter, sans tentatives de le prolonger au-delà des limites définies par la loi. En cas de crise, la communauté internationale suit de près la situation surtout s'il s'agit d'un pays sous perfusion financière comme le Burundi. Le Président informe la communauté internationale par plusieurs canaux notamment les ambassades.

Le Président Nkurunziza vient de rappeler les ambassadeurs pour consultation du 12 au 14 août 2007. Tous les ambassadeurs interrogés affirment ne pas connaître l'objet de cette consultation. Au ministère des affaires étrangères, personne n'est au courant. C'est un mystère, probablement une grande surprise. Plusieurs hypothèses sont avancées :

Les ambassadeurs sont invités à la prière

Dans la République laïco-protestante du Burundi dirigée par le très grand évangéliste Nkurunziza, il est normal que les ambassadeurs soient rappelés pour partager la prière avec le Président de la République aux frais du contribuable burundais. Il n'est pas exclu que nos chers ambassadeurs soient invités à la prière pour implorer le Grand Dieu de nous ramener le Falcon sans ajouter les 5 millions de dollars volés et de libérer Radjabu de la prison sans que les généraux ne s'y opposent pour qu'il rejoigne le camp présidentiel. Amen!

Le Président de la République veut démissionner

Du jamais vu au Burundi, un Président ne démissionne jamais. Cependant, c'est aussi du jamais vu au Burundi. Un Président comme Nkurunziza, on n'en trouve pas partout. Comme il le dit lui-même, il est l'envoyé de Dieu. Quelle punition nous fait subir ce Dieu! Qu'avons-nous péché bon Dieu! Le Président de la République n'en peut plus entre les conseils de son grand conseiller biblico-diplomatique Mpozagara, les directives du président du CNDD-FDD, le très ambitieux Jérémie Ngendakumana et les ordres des généraux. Le Président envisagerait alors de démissionner pour s'occuper entièrement à la prière et au football. Quelle chance! Les ambassadeurs seraient sollicités pour expliquer la bonne nouvelle aux pays amis.

Instauration de l'état d'exception

L'opposition détient la majorité au parlement. Elle bloque toute loi proposée par le nouveau gouvernement. Le Président est obligé de négocier et même d'établir un accord avec l'opposition. Par ailleurs, son entourage, qui veut le pousser à l'erreur, l'empêche de négocier avec l'opposition. Son entourage lui demande avec insistance de passer à l'état d'exception. Cependant, il ne peut pas dissoudre l'Assemblée Nationale. Il ne ferait que passer des lois sous forme de décrets sans les soumettre  au parlement. Il prendrait un risque de se retrouver  désavoué par les députés même du CNDD-FDD. Ainsi, il compte sur les ambassadeurs pour expliquer les raisons non fondées de l'instauration de l'état d'exception. Les ambassadeurs auraient alors une mission difficile, voire impossible.

L'état d'exception peut susciter d'autres appétits. L'état d'exception rappelle la notion d'un coup d'Etat. Si le Président de la République ouvrait la boîte de Pandore, les conséquences seraient imprévisibles. Le Président risquerait de perdre son poste.