LETTRE OUVERTE N° 02 AU MINISTRE DES FINANCES DU BURUNDI

 Burundi news, le 23/12/2014

Par Gratien Rukindikiza

Monsieur le ministre des finances du Burundi,

Je reviens sur ma lettre précédente concernant les fonds de l'AMISOM et aussi un rappel. Je salue au passage votre changement d'attitude à l'Assemblée Nationale. Lors de votre premier passage d'explication du budget, vous^étiez sûr de vous même à propos de ces fonds de l'AMISOM. Maintenant, un doute vous dérange. Comme une patate chaude, vous la renvoyez au ministre de la Défense nationale dont le porte parole avait dit que c'est votre ministère qui gère et qui sait tout.

 Les recettes du Burundi inscrites dans le budget provenant de la participation des militaires burundais à la mission de l'AMISOM en Somalie sont passées de 29,5 milliards de francs bu à 3 milliards francs bu.

Je salue votre silence sur les armes burundaises se trouvant en Somalie. Quand vous aviez affirmé que le Burundi n'a pas d'armes en Somalie, Burundinews a eu le grand plaisir de vous le rappeler.

Je rappelle quelques chiffres.

 Le   Burundi a reçu en 2013 un montant de 29, 5 milliards de francs bu en contrepartie des armes utilisées en Somalie par nos troupes et aussi en raison de 200 $ US par militaire et par mois. Avec ces éléments, les recettes ont été de 29, 5 milliards de francs bu.

Le Burundi a aujourd'hui 5 432 militaires en Somalie, y compris les 20 civils de la Documentation ou des imbonerakure dans chaque bataillon. Ainsi, les recettes juste pour ces militaires au profit de l'Etat sont de 200 $*5432*12*1500= 19,5 milliards des francs bu au taux de 1 500 frs bu le dollar. Chaque militaire a une arme individuelle, kalachnikov. Chaque kalash rapporte 6 $ par mois; soit 6$*5432 militaires*12 mois *1500= 586 millions des francs bu. Il y a deux chars donnés par la Libye qui sont en Somalie; soit 5 000$*12*1500 = 90 millions de  francs bu. Il y a 12 chars prêtés par l'Ethiopie et donc, l'Ethiopie reçoit 50 % des 5 000 $. Ainsi, ces chars rapportent au Burundi 2 500 $*12*12*1500 = 540 millions des francs bu. Je ne parle pas des chars caspil donnés par des Américains qui n'ont pas autorisé à ce que les Burundais en soient indemnisés. 12 blindés burundais  à hauteur de 4000 $*12*12*1500 = 864 millions de francs bu. Nous en sommes déjà à plus de 21 milliards des francs bu. Je me garde tout détailler concernant les obusiers 122 mm, les mortiers 120 et mortiers 80, les camions citerne, les camions de transport de troupe, les cuisines roulantes et d'autres remboursements annexes.

La grande question qui se pose est de savoir où va cet argent. Y-a-t-il un détournement de 26 milliards? Vous avez oublié Monsieur le ministre de parler de l'argent venant du contingent burundais en République centrafricaine.

Monsieur le ministre, je suis surpris d'entendre de votre part que vous savez que l'argent de l'AMISOM rentre plus que les 3 milliards mais que vous ne savez pas comment est affecté le surplus. Excusez-moi, je ne savais pas que le ministère de la Défense avait son petit ministère des finances en interne et son Trésor Public.

J'ai l'honneur de vous informer que tout l'argent de l'Amisom, les 30 milliards de francs bu passent dans les caisses de l'Etat à la BRB mais que c'est le fait que vous ne les comptabilisez pas qui vous permet de les sortir sans trace. Disons- le clairement, l'argent sortira du pays en 2015 une bonne partie pour acheter l'avion présidentiel et une autre dans le cadre d'un détournement. Voilà ce que vous n'avez pas voulu dire aux députés. Voilà ce que le ministre de la Défense appelle secret militaire. Il fallait le faire, un détournement est classé secret défense au Burundi.

Monsieur le ministre, à vous entendre, on a l'impression que ce n'est pas le ministre de la Défense qui maîtrise ce dossier mais le Président Nkurunziza lui-même. Je vous comprends, vous ne pouvez pas le dénoncer, non plus assumer.

 

Je vous d'agréer Monsieur le ministre des finances mes sincères salutations.

 

Gratien Rukindikiza