Burundi news, le 25/04/2011
Source Arc en Ciel du vendredi 22 avril 2011
Gestion des dossiers des malversations économiques et financières
Pierre Bakevya, l’ancien Directeur Général de l’Abutip refait surface !
Au moment où nous attendions à ce que les services habilités nous apprennent du versement de plus de deux milliards et demi francs burundais (BIF 2 500 000 000) dans les caisses de l’Etat Burundais que Monsieur Pierre Bakevya avait détourné lorsqu’il était Directeur Général de l’Abutip, nous apprenons avec consternation que la Ministre des Finances Madame Clotilde Nizigama, vient de le proposer comme Chef de section Opérations de la Cellule d’Appui à l’Ordonnateur Trésorier National.
C’est une insulte pour le Burundi et une grande déception pour les bailleurs de Fonds surtout la Banque Mondiale.
Passons en revue les différents aspects qui ont caractérisé ce dossier dont le traitement attire l’attention de services de la Banque Mondiale : le Directeur des Opérations pour le Burundi à la Banque Mondiale a adressé le 14 décembre 2007 au Ministre des finances Madame Clotilde Nizigama une correspondance ayant pour objet : « Burundi : Projet de Travaux Publics et de Emplois (Crédit n°3460-BU), Déclaration de passation des marchés non conforme aux Directives : deux contrats signés avec la firme EITEC. »
Par cette lettre, le Directeur des opérations pour le Burundi demande au Gouvernement de la République du Burundi de rembourser à l’IDA l’entièreté des sommes décaissées au titre des paiements à la Société EITEC appartenant à Pierre Bakevya soit au total vingt mille huit cent soixante quinze de dollars américains des Etats-Unis (20.875 $ E.U.) au plus tard le 31 mars 2008.
Suite à cette correspondance de la Banque Mondiale, le Chef de cabinet du Président de la République et le Ministre de la Bonne Gouvernance ont écrit à Madame la Ministre des Finances pour lui demander de régler ce litige avec le bailleur de Fonds et poursuivre par la suite Pierre Bakevya qui doit des sommes colossales à l’Etat burundais suite aux malversations financières et mauvaises gestion du crédit n°3460-BU.
La Ministre des Finances Madame Clotilde Nizigama a exécuté cet ordre mais jusqu’à ce jour, quatre ans après les services habilités n’ont pas encore procédé au recouvrement de ce montant auprès de Sieur Bakevya ex- Directeur Général de l’Abutip.
Nos lecteurs se souviennent également qu’à son arrivée à l’Aéroport International de Bujumbura, le Président de la Banque Mondiale a tenu à déclarer par la voix de son interprète ce qui suit : « L’ancien Directeur Général de l’Abutip Pierre Bakevya s’est rendu coupable des malversations financières pour des montants importants. Nous avons communiqué au Gouvernement du Burundi des résultats de nos investigations et recommandé son licenciement et celui-ci a été licencié. Nous tenons à encourager le Gouvernement du Burundi pour cet acte qui va dans le sens de la Bonne Gouvernance. Le Gouvernement aurait pu agir autrement en avançant des prétextes quelconques pour protéger son employé. Je n’en dis pas plus car l’affaire est en Justice. »
Aujourd’hui plus de six ans après la cour anti-corruption n’a encore rien fait pour recouvrer les sommes détournées par Sieur Pierre Bakevya ex Directeur Général de l’Abutip. Et pourtant, les dossiers à la disposition de la justice ont été bien ficelés par des services très compétents à savoir :
1° Le rapport produit par le très respectable Département de l’Intégrité Institutionnelle de la Banque Mondiale qui a enquêté sur l’Abutip au mois d’octobre 2005, un rapport plus qu’accablant à charge de Pierre Bakevya, remis au Président et au « Management » de la Banque Mondiale à Washington DC avec copie au Ministre des Finances; 2° Les différentes notes de dénonciations émanant des cadres et partenaires de l’Abutip ; 3° Le rapport de l’Inspection Général des Finances ; 4° Le rapport de l’Auditeur Externe Indépendant, FENRAJ ; 5° Les rapports du Spécialiste en Gestion Financière de la Banque Mondiale.
Tous ces rapports convergeaient sur les multiples actes de malversations commises par le Directeur Général de l’Abutip, Monsieur Pierre Bakevya dans la passation des marchés, la gestion des ressources financières, matérielles et humaines. Sans être exhaustif, les principales accusations à charge de Pierre Bakevya étaient et restent les suivants :
- Le Directeur général de l’Abutip, Monsieur Pierre Bakevya a perçu indûment un montant de 22.533.200FBU au titre d’indemnités d’intérim qu’il n’a jamais exercé. Des dépenses importantes non éligibles ont été effectuées sur le Compte Spécial et sur celui de la Contrepartie Gouvernementale ; Des marchés ont été attribués sans respecter le prescrit des procédures techniques de l’Abutip : ce qui a particulièrement causé un préjudice considérable. A titre d’exemple, sur le seul marché de pavage de la voirie de Rumonge, sa ville natale, le manque à gagner à l’Etat Burundais s’élève à (1.141.367.202FBU) ; Le Directeur Général Monsieur Pierre Bakevya a commandé, a payé plus de pavés que nécessaires entraînant ainsi un manque à gagner à l’Etat Burundais un montant de Cent trente cinq millions trois cent dix neuf mille vingt deux Fbu (135.319.022FBU). Ce surplus de pavés avait été commandé sciemment et à des fins frauduleuses, car la moyenne de pavés par mètre carré était connue depuis longtemps. La réalisation des cautions n’a été qu’une gymnastique inventée avec le concours du Chef de Projet pour tromper le Gouvernement et le bailleur de Fonds ; Des marchés d’Etudes et de Travaux ont été attribués aux Bureaux et Entreprises appartement à Pierre Bakevya et sa femme, se rendant ainsi coupable de Conflit d’intérêt. C’est dans ce cadre que la Banque Mondiale vient d’écrire au Gouvernement burundais pour exiger le remboursement de vingt mille huit cent soixante quinze dollars américains (20.875 $ E-U) ; Des irrégularités ont été constatées dans la gestion des ressources humaines en général, dans le recrutement et la gestion des contrats du personnel en particulier par le limogeage du personnel qui maîtrisaient les procédures de la Banque Mondiale et non acquis aux méthodes de mauvaise gestion, la corruption et aux malversations financières. C’est ainsi qu’il a commencé par licencier le personnel qui maîtrisaient les tous dossiers en l’occurrence le Comptable et le Directeur Administratif et Financier.
Monsieur Pierre Bakevya doit à ce jour la bagatelle somme de deux milliards et demi francs burundais et ne s’inquiète de rien et continue à travailler au sein des projets de l’Etat. Avec peu de bonne volonté des services habilités, le recouvrement est très facile car Sieur Pierre Bakevya possède beaucoup de villas au quartier Kinindo (Kinanira), beaucoup d’immeubles au quartier asiatique et un hôtel haut standing au centre urbain de Rumonge dénommé «Tanganyika Lodge»
Ce dossier bien documenté se trouve bien classé dans les fichiers de la Banque Mondiale car il été traité par le très respectable Département de l’Intégrité Institutionnelle de la Banque Mondiale. Ce message est destiné spécialement au Ministre de la Bonne Gouvernance et aux magistrats ayant en charge de ce dossier très important à plusieurs titres. Ce dossier a certainement contribué beaucoup dans le classement de notre pays parmi les pays les plus corrompus. Ce message s’adresse spécialement au Ministre de la Justice pour lui demander comment Monsieur Pierre Bakevya a pu obtenir une attestation de non poursuite ? C’est dire à la Société Civile : les chiens aboient et la caravane passe. C’est très grave et humiliant pour un pouvoir qui prône « la tolérance zéro. »
(Dossier à suivre)
Jacques Burundi