UN ANTONOV REMPLACE LE FALCON 50 PRESIDENTIEL

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 19 septembre 2007

Un avion de marque Antonov se trouve sur l'aéroport de Bujumbura depuis quelques jours. Cet avion est venu du Soudan mais les informations ne filtrent pas concernant les conditions d'achat ou de don de cet avion. A-t-il été acheté ou est-ce  un don du Soudan? Le Soudan était réputé proche de Radjabu, surtout pour des raisons religieuses. Radjabu est en prison, il serait étonnant que l'avion soit un cadeau. Si l'avion a été acheté dans des circonstances actuelles de pauvreté, le pouvoir ne serait pas conscient de la gravité de la situation socio-économique du pays.

Au moment où un autre avion présidentiel d'occasion arrive à Bujumbura, le Falcon 50 continue de hanter le pouvoir. Cette fois-ci, c'est la banque mondiale qui entre en jeu. En tenant compte du rapport de l'audit, la banque mondiale avait exigé la création d'une commission chargée d'enquêter sur la vente du Falcon 50. Cette commission devra être dirigée par un membre de l'opposition et constituée de 50% des membres de l'opposition. Avant le remaniement ministériel, le conseil des ministres avait accepté aussi l'entrée dans la commission des membres de la société civile. Toutefois, la banque mondiale qui avait accepté l'entrée de la société civile dans la commission exige dans ces jours une composition égalitaire entre le pouvoir et l'opposition avec la présidence de la commission par l'opposition. Si le pouvoir ne respecte pas cette condition, la banque mondiale refusera de débloquer les fonds; ce qui entraînera aussi le refus de déblocage des autres donateurs.

La ministre des finances qui a les négociations avec les institutions de Bretton Woods dans ses attributions s'arrache les cheveux. Elle ne sait plus sur quel pied danser alors qu'elle doit trouver de l'argent pour payer les fonctionnaires, les fournisseurs de l'Etat, les frais des missions etc... L'avion Falcon 50 et Radjabu sont les épines dans les pieds des dirigeants. Les deux problèmes n'ont pas encore trouvé de solutions jusqu'aujourd'hui.

Outre la ministre des finances, le président de l'Assemblée Nationale a aussi du pain sur la planche. Il doit créer une commission chargée d'enquêter sur le Falcon 50 tout évitant que la commission fasse de vraies enquêtes. Selon les textes de cette institution, la commission devra être composée des députés de tous les partis. Impossible de contrôler le travail de cette commission, le président de l'Assemblée Nationale est entre le marteau et l'enclume. Il doit faire son travail et aussi respecter les ordres du président de son parti, qui est devenu le président de l'Assemblée Nationale officieux.

L'affaire Interpetrol a renvoyé en prison un haut cadre de l'Etat en deux semaines. L'affaire Falcon 50 reste un mystère. C'est le pouvoir qui protège la vérité. Aucune police, aucune commission n'est sur l'affaire. Le simple paysan sait qu'il s'agit ni moins ni plus d'une affaire de corruption qui a entouré cette vente du Falcon 50. La vérité est connue, le Président a vendu lui-même son avion pour s'enrichir personnellement au détriment de la nation burundaise. S'il croit en Dieu réellement, il serait préférable d'aller voir un pasteur pour se confesser et rembourser l'argent à l'Etat.