Burundi news, le 12/06/2010
Appel à la sagesse et à la raison
Par Parfait Burundi
Au-delà des raisons présentées par 14 partis d’opposition dont 13 réunis au sein de l’ADC-IKIBIRI, il existe d’autres raisons plus graves encore qui plaident en faveur d’une réorganisation des élections.
Tout scrutin qui se veut démocratique doit garantir le secret des urnes. J’ai le droit en tant que citoyen à ce que personne ne sache pour qui je vote. Et si jamais je décide de le révéler ou si je préfère m’abstenir de voter, personne n’a le droit de me le reprocher.
Ces simples principes démocratiques sont impossibles à garantir après le retrait des cinq candidats de l’opposition en réaction au truquage des élections qu’ils dénoncent. Il suffira d’observer ceux qui se déplaceront pour aller voter pour savoir pour qui ils vont voter, le candidat unique. Nul besoin d’être un analyste politique chevronné pour anticiper la pression énorme à laquelle seront soumis aussi bien les électeurs participants au scrutin que ceux qui feront le choix du boycott.
D’un côté, les militants du parti au pouvoir et autres imbonerakure, appuyés sans doute par des policiers et des agents de la documentation, obligeront manu militari les électeurs à participer au scrutin pour faire la démonstration d’une participation populaire, les contrevenants devant s’attendre à des représailles, surtout les agents de l’administration publique. De l’autre, les partis de l’opposition dont certains ont un passé de mouvement armé, pousseront, pourquoi pas par la force, les électeurs dans le sens contraire. L’électeur sera ainsi en danger s’il décide d’aller voter quelle qu’en sera la motivation. Il sera également en danger s’il boycotte le scrutin que ce soit par conviction ou en cédant à la peur ou l’intimidation. Pas d’échappatoire pour lui. Une situation démocratiquement insoutenable.
Faut-il continuer un processus qui place le peuple entre le marteau du pouvoir et l’enclume de l’opposition ? Personnellement, j’en appelle à la sagesse et à la raison. Et si on prenait cinq minutes pour discuter et éviter une catastrophe malheureusement trop prévisible ? Aux jeux olympiques, il arrive souvent de faux départs qui font que la course doit être reprise. Quand ça arrive, tous les concurrents doivent retourner dans les starting blocks pour un nouveau départ. Quel que soit le nombre de faux départs, rien n’empêche en fin de compte au meilleur de remporter la course. Pourquoi alors se priver d’un départ propre ? D’évidence, le Burundi a fait un faux départ sur la course de la démocratie. Organisons un autre départ et n’en parlons plus, ça nous coûtera moins cher.