TRES CHERS LES APPELS TELEPHONIQUES VERS LE BURUNDI

Burundi news, le 23/08/2013

Par Gratien Rukindikiza

Les Burundais de la diaspora se lamentent. Les Burundais du Burundi se lamentent aussi. Les Burundais de l'étranger n'appellent plus souvent les amis, la famille restés au Burundi. Sont-ils devenus tous méfiants ou distants? Non. La cause est le coût exorbitant des communications téléphoniques ces derniers mois. Le système est installé. Chers compatriotes, attendez-vous à être plumés. Qu'est -ce qui s'est passé? Qui gagne quand les Burundais perdent? Où va l'argent?

La situation antérieure

Depuis l'arrivée de plusieurs compagnies téléphoniques au Burundi, la question d'acheminement des communications internationales s'est posée. Les compagnies ont joué la concurrence et cette cette concurrence a profité aux appelants de l'étranger. Les prix de réacheminement ont beaucoup baissé. Certaines sociétés ont joué sur la quantité; soit le volume des minutes,  pour gagner plus. Face à cette concurrence féroce, l'Etat a voulu réguler. D'abord en 2006, avec un tarif de 0.04 $ par minute réacheminée.

La situation actuelle

Aujourd'hui, plusieurs Etats de la sous -région régulent les communications de l'étranger. Le modèle choisi au Burundi a été le Rwanda. D'une pierre deux coups, l'Etat burundais ayant besoin d'argent, il a instauré un partage à 50 % avec les compagnies téléphoniques.

Le tarif a été fixé à 32 centimes de dollars pour chaque minute réacheminée. Pour y arriver, l'Etat ne voulait pas se fier aux comptabilités de ces compagnies. Il a conclu un contrat avec une société française spécialisée pour apporter un équipement adéquat. Cette société compte les minutes réacheminées avant l'arrivée dans les compagnies nationales. Grâce à ses machines, la société française SG2 permet à l'ARCT (Agence de régulation et de contrôle des télécommunications) de refacturer les sociétés de téléphonies étrangères et de redistribuer l'argent payé par ces sociétés étrangères.

Le montant de 32 centimes par minutes est réparti comme suit : 16 centimes de dollars pour la société de téléphonie à qui s'adressait l'appel et 16 centimes à l'Etat. Comme c'est l'Etat qui a signé un contrat avec la société française SG2, il lui cède 4 centimes par minute réacheminée.

La manne qui devait tomber dans les caisses du trésor public est de 1,3 à 1,6 milliards de francs bu par mois; ce qui représente plus de 15 milliards de francs bu par an. Le patron de l'OBR était content de cette nouvelle rentrée. Il a dû vite déchanter. L'argent ne rentre pas dans ses caisses alors que les institutions internationales avaient exigé du Burundi un seul compte du Trésor Public pour supprimer les comptes spéciaux propices aux détournements.

L'Etat est sensé recevoir 0.12 $ par minute; soit proche d'un milliard de francs bu par mois après avoir payé la société française. Le milliard est versé sur un compte spécial, si spécial qu'il est capable de faire disparaître de l'argent. Pour faciliter tout, ce compte spécial est en dollars. Or, seule la BRB devait détenir les devises de l'Etat dans ses propres comptes en inscrivant l'équivalent en francs bu sur le compte du Trésor Public.

La question principale est de savoir où va l'argent. Est-il prévu dans les recettes de l'Etat? Dossier à suivre. Est-ce que le changement du directeur de l'ARCT juste avant ce contrat est lié à ces magouilles? Des questions se posent.

Entre temps, les Burundais de la diaspora doivent continuer à alimenter ces comptes spéciaux par le biais des appels téléphoniques. Aucun appel n'échappe. Sauf skype to skype.