L'ARROGANCE DE LA RICHESSE ET LES DANGERS DE LA PAUVRETE
Burundi news, le 18/03/2012
Par Gratien Rukindikiza
La richesse d'un pays n'est pas nécessairement évaluée en fonction des étages construites ou les voitures possédées. Cette richesse appartient à un peuple et non aux dirigeants ou hommes véreux, avides des richesses des peuples. Comme la richesse est une et indivisible pour un peuple, le problème principal réside dans son partage. Cela est vrai au Burundi, en Europe ou ailleurs. Le partage de la richesse fait partie de la justice sociale. Il est inconcevable qu'il y ait dans un pays des gens qui meurent de faim, de misère alors que les autres sont dans l'opulence.
L'accaparement de la richesse a créé la misère du peuple
Burundi News a publié un document de certains généraux burundais dans lequel le mot d'ordre donné est de garantir la richesse même à leurs progénitures. Depuis l'arrivée du CNDD-FDD au pouvoir, la richesse des uns est un affront contre le peuple. Des gens qui ont débarqué à Bujumbura sans un sous en poche, ont construit des villas de plus d'un milliard de francs bu; soit plus de 833 ans de salaires d'un enseignant ou plus de 500 ans de salaires d'un lauréat d'université; soit 16 ans de salaires du Président de la République. Ces sommes astronomiques représentent le manque à gagner du peuple burundais. C'est de l'argent qui manque pour acheter les médicaments du sida, l'argent qui manque pour construire les sources d'eau, des semences sélectionnées, etc....
Ces voleurs du peuple sont arrogants. Ils n'hésitent pas à exhiber leurs butins de guerre car ils sont en guerre contre le peuple. Certains vont jusqu'à singer les occidentaux en buvant du champagne pour montrer la richesse. Un ami me disait qu'ils boivent le champagne à la bouteille. Quelle arrogance, quelle inconscience, méconnaissance et quel cynisme!
Les gens meurent de faim, les mendiants ont beaucoup augmenté dans la capitale, les enfants abandonnés aussi, les malades sont emprisonnés dans les hôpitaux faute de pouvoir payer les soins médicaux et les frais d'hospitalisation. Les arrogants, assassins du peuple car il y a plusieurs formes d'assassinats, sont insensibles à cette misère. L'élite burundaise, des fois critique du système, n'est pas à l'abri des mêmes erreurs, du même cynisme. Ce pouvoir actuel a recruté dans cette élite et c'est cette élite qui recueille les miettes et sert sans état d'âme ce pouvoir corrompu dans le cadre de la spoliation du peuple.
La richesse est faite pour être partagée
La richesse au Burundi a été détournée au profit de ceux qui détiennent le pouvoir répressif que politique. Ces gens refusent de partager la richesse. Pire, ils accaparent les fruits de la redistribution de cette richesse qui passent par les impôts et les budgets sociaux. La misère est partagée. Les pauvres sont solidaires car si on ajoute la division, la haine à la misère, la mort devient le dénominateur commun.
La classe moyenne burundaise qui aspire à la richesse refuse à son tour le partage en estimant qu'elle n'est pas assez riche pour donner. Or, la générosité n'a pas de prix. Face à cette misère, cette classe moyenne devait se mobiliser, mobiliser les fonds d'entraide pour le développement de leurs collines d'origine, de leurs quartiers en initiant des projets pour aider. Or, elle brille par son absence sur ce terrain de solidarité. Certains ont fait un effort mais la cupidité a dépassé les limites car les fonds sont souvent dilapidés et c'est le découragement.
Le peuple ne peut accepter indéfiniment que sa richesse soit accaparée par une petite oligarchie quelque soit la force qui protège cette spoliation.
Les prix augmentent, la terre ne produit plus, les fonctionnaires chargés d'aider les paysans à produire sont devenus plus bureaucratiques que jamais, la richesse continue à se créer, elle est créée par ce même petit peuple qui n'en bénéficie pas. L'arrogance de cette richesse spoliée ou l'arrogance de ces riches spoliateurs ne pourra pas résister longtemps au danger de la pauvreté, de la misère, de la famine.
Ce n'est pas parce qu'on va s'exhiber devant le paysan, affamé, lors des travaux communautaires avec ses voitures de luxe que le peuple oublie ses souffrances. La richesse d'un pays se partage et la pauvreté aussi. Si un pays est pauvre, les sacrifices ne sont pas demandés aux pauvres mais aux riches, aux dignitaires du pouvoir. C'est une haute trahison le fait de s'accaparer des deniers publics alors que le peuple vit dans une misère.
Si le sang versé pour arriver au pouvoir l'a été au nom de cette spoliation, de ce mépris du peuple, les morts sont morts pour rien. Ils ont été sacrifiés pour que les autres soient dans l'opulence méprisable.