QUAND L'ACCORD D'ARUSAHA BLOQUE UN ACCORD ENTRE LE FNL ET LE POUVOIR

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 02/12/2007

Ceux qui étaient dans les négociations à Arusha ont fait comprendre aux Burundais qu'ils ont conclu un bon accord de paix. C'est le Président Kagame qui disait qu'il a vu à Arusha des hutu et des tutsi mais que qu'il n' pas trouvé les Burundais. A Arusha, l'unité nationale a subi un coup de fouet. Il a été consacré un partage ethnique du pouvoir et aussi dans dans les services de sécurité notamment l'armée et la police.

L'application de 50 % hutu et 50 % tutsi dans l'armée et la police reste un tabou

Article 257 de la constitution burundaise

Les Corps de défense et de sécurité sont ouverts sans discrimination à tous les citoyens burundais désireux d’en faire partie. Leur organisation est basée sur le volontariat et le professionnalisme. 

Pendant une période à déterminer par le Sénat, les Corps de défense et de sécurité ne comptent pas plus de 50 % de membres appartenant à un groupe ethnique particulier, compte tenu de la nécessité d’assurer l’équilibre ethnique et de prévenir les actes de génocide et les coups d’Etat.

La constitution burundaise, respectant les accords d'Arusha est claire. Il devra y avoir 50 % de hutu et 50% de tutsi au sein de l'armée et de la police. L'armée est déjà en avance. Un recensement va être bientôt lancé chez les anciens FAB pour garder 50% de tutsi car les 50 % de hutu proviennent des anciens rebelles. Il y aura un petit pourcentage rectificatif selon la part (minime) des tutsi combattants anciens FDD dans l'armée actuellement. Ce pourcentage déterminera celui des hutu anciens FAB qui resteront à l'armée. Il y aura pratiquement une ethnisation de l'armée qui aura pour conséquence de défavoriser les hutu, anciens FAB. Si l'effectif visé est de 20 000 militaires, les anciens FAB avaient plus de 20 000 tutsi et 10 000 hutu. Ces chiffres ne sont pas corrects d'autant plus que l'armée avait dépassé à un certain moment 60 000 militaires. S'il fallait garder 50% de tutsi et 50 % de hutu pour former une armée de 20 000, les anciens FAB en avait assez pour la former. Par ailleurs, les anciens rebelles font partie aujourd'hui de l'armée et de la police. Ils sont presque à 99% de hutu.

Dans ce jeu de pourcentage, les tutsi des anciens FAB seront démobilisés en grand nombre car ils étaient nombreux par rapport aux hutu mais les hutu, anciens FAB, seront démobilisés presque à 100%. C'est l'aberration de l'accord d'Arusha. Aujourd'hui, personne ne pourra rien faire. L'armée a commencé le processus et il avance assez rapidement.

Pour la police, elle a du mal déjà à gérer ses troupes plongées dans l'indiscipline comme s'il leur manquait un commandement. La question de l'application de la constitution n'est pas leur priorité et en sont incapables aujourd'hui.

Un accord entre le FNL et le pouvoir est bloqué par cet article de la constitution

Les anciens FDD savent qu'un accord avec le FNL Palipehutu signifie leur intégration dans l'armée et la police. Ils viendront augmenter l'effectif des hutu au sein de l'armée et de la police. En cas de démobilisation, le pourcentage des FDD restant dans l'armée et la police va diminuer sensiblement pour laisser la place aux FNL. Cette donne les inquiète et les généraux, anciens FDD,  sont décidés à combattre cet accord de paix. Ils savent aussi qu'il y aura des généraux FNL et le  poids des généraux anciens FDD sera diminué. Les généraux qui font la pluie et le bon temps en politique aujourd'hui seront relégués au cadre purement militaire. N'ayant pas d'influence à l'armée, surtout chez les anciens rebelles, ils auront du mal à démontrer dans le civil qu'ils représentent une force dans l'armée et la police. Les généraux du FNL, plus aguerris, commandant des troupes plus disciplinées que les anciens FDD, pourront s'imposer et s'entendre  avec les anciens FAB. C'est la grande inquiétude qui bloque la paix.