Québec city,

Pierre Claver Niyonkuru

L’Assemblée Nationale du Burundi se réveille

Depuis l’accession aux commandes du parti CNDD-FDD, les députés semblaient ne pas savoir leur rôle premier qui est de faire valoir, d’abord et avant tout, l’intérêt du peuple.

En effet, avec plus de 60 députés, le parti présidentiel avait la majorité requise pour faire voter toutes les lois sans soutien de l’opposition. Cela permettait à un «gang» de gens de prendre toutes les décisions, le reste des députés suivaient.

Ainsi, le président de la République, Pierre Nkurunziza, s’est permis de mettre en place un gouvernement qui ne remplit pas les conditions de la constitution de la République, par exemple pour ce qui concerne la part qui revient aux autres partis.

A quelque chose malheur est bon, dit l’expression de la langue de Molière. C’est grâce à la destitution illégale et illégitime, faut-il le dire, d’Hussein Radjabu, ancien homme fort du CNDD-FDD, que certaines personnes, surtout celles issues de l’opposition ont commencé à respirer. En fait, la chute de Radjabu ayant fait perdre la majorité au CNDD-FDD, ce parti n’avait pas beaucoup de choix que de «dealer» avec l’opposition.

On se rappellera de la perte de l’immunité parlementaire des députés pour les honorables Nyangoma et Basabose, la démission et la fuite de la deuxième vice présidente, Alice Nzomukunda, l’emprisonnement des journalistes sous des accusations qui ne tiennent pas la route, le montage de coup d’Etat, et bien d’autres scandales pour lesquels les Burundais attendent toujours des explications. La perte de la majorité du CNDD-FDD a fait que toutes ces personnes soient rétablies dans leur droit.

Normalement, un député, en tant que représentant du peuple doit exercer divers rôles en  s’appuyant sur sa personnalité, son expérience et sa formation, mais aussi sur sa position dans l'Assemblée Nationale et dans sa formation politique. Il doit entre autres s’assurer que sa collectivité bénéficie à juste titre des programmes et services gouvernementaux. Le député est le représentant de tous ses électeurs au-delà de toute appartenance ethnique et politique.

En tant que législateur, il étudie, analyse et vote les lois et en tant que contrôleur de l'action gouvernementale, le député reçoit tous les moyens de la part des contribuables pour interroger le gouvernement sur ses actes et sur ses bavures en particulier.

Je ne me suis pas levé ce matin avec un objectif de donner des leçons à nos chers députés, loin de là. Cependant, je voudrais juste rappeler à nos représentants que le peuple attend beaucoup d’eux et qu’ils doivent mener à bien leur mandat.

Quoique durant les deux premières années du régime CNDD-FDD les députés ne se soient pas beaucoup manifestés pour jouer leur rôle, nous ne manquerons pas de louer les quelques efforts qu’ils font ces derniers temps.  Nous espérons que cela va continuer et que le peuple ne va plus regretter de les avoir élus.

Quant à l’honorable Jérémie Ngendakumana qui est convaincu que les parlementaires qui ont refusé de voter les projets de loi durant la session extraordinaire convoquée par le Président de la République du 3 au 4 janvier 2008 avaient d’autres mobiles politiques, j’ai peur que ça soit ceux qui ne se sont pas joints à eux qui ont un agenda caché. N’est-ce pas noble pour les députés d’exiger que la résolution sur la mise en place d’une commission parlementaire qui suivra la mise en application des accords de cessez-le-feu entre le mouvement PALIPEHUTU-FNL et le pouvoir de Bujumbura soit mise à l’ordre du jour ?

Néanmoins, la politique étant ce qu’elle est, je ne vais pas non plus me faire l’avocat de ces députés mais si c’est au nom de la paix des Burundais qu’ils le font, nous ne ferons que les remercier tout en souhaitant qu’ils continuent à nous représenter convenablement. Oui, chers représentants, réveillez-vous, luttez en faveur du peuple qui vous a donné le mandat, nous n’avons ni paix ni pain !