Burundi news, le 08/06/2008

 

D’autres stratégies s’imposent...

Par The Leadership Institute

Dans une démocratie, le rempart contre la dictature est constitué des lois et principalement de la Loi Fondamentale, à savoir la Constitution. Quant à la séparation des pouvoirs, elle vise à assurer un équilibre entre les différentes composantes du pouvoir que sont l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire dans l’esprit de préserver le bon fonctionnement de la Démocratie. Mais dans tout cela, nous ne vous apprenons rien que vous ne sachiez déjà. Nous ne vous apprenons rien non plus en vous faisant part de notre appréciation de la démocratie au Burundi : le Burundi n’est plus un pays démocratique mais plutôt une république bananière au vrai sens du mot.

 

Le régime NKURUNZIZA a opté de faire fi des principes même qui sont derrière son accession au pouvoir suprême : il n’entend pas diriger le Burundi démocratiquement mais est en train d’installer une vraie dictature et un arbitraire qui ne pourra que mener le Burundi vers un gouffre qui n’a pas de nom. Et face à cela, tous les autres partenaires politiques ne savent plus à quel saint se vouer puisque les règles du jeu démocratique qui devaient régir dans le Burundi post électoral ne sont plus là. Devant cette nouvelle réalité dans laquelle NKURUNZIZA est en train de mettre le Burundi, QUE FAIRE ?

 

La dernière décision de la Cour Constitutionnelle qui vient d’ôter ni plus ni moins 22 parlementaires de leur mandat national est peut-être la dernière goutte qui va faire déborder le vase. Dans nos écrits et analyses antérieurs, nous avons toujours dit que le régime NKURUNZIZA est « politically bankrupt » et préconisé des actions préventives de la part de la communauté internationale pour aider le Burundi à ne pas sombrer dans cette dérive totalitaire. Malheureusement, tout porte à croire que notre lecture de la situation n’est peut-être pas partagée par nos partenaires de développement ou même par la sous-région. Pour la plupart des protagonistes, la priorité était l’accord de paix avec le PALIPEHUTU FNL malgré les millions de dollars dépensés soi-disant pour la consolidation de la paix et de la démocratie, comme si c’est le seul FNL qui bloquait le processus démocratique. Nous sommes dans le regret de dire que nous avions raison d’être aussi alarmants dans nos analyses.

 

Alors une simple question est posée : que doivent faire les burundais pour sauver la démocratie et l’Etat de Droit ? Notre réponse ou notre maigre contribution se résume comme suit :

-         Faire appel à la communauté internationale pour faire pression sur le gouvernement CNDD FDD afin de rétablir les 22 parlementaires dans leur droit constitutionnel, mais tout en reconnaissant que les burundais sont d’abord et avant tout responsables de leur destin. De triste mémoire, le génocide rwandais a été préparé et exécuté devant une communauté internationale silencieuse, pour ne pas dire désintéressée. Dans le cas précis, qui n’est d’ailleurs pas le premier, la Constitution est violée et cela est inacceptable. Quiconque en fera une lecture différente, fut-il le principal  bailleur de fonds du Burundi sera l’ennemi de la démocratie et du peuple burundais. Il ne faut pas courir le risque d’attendre que quelqu’un, quelque part dans une capitale occidentale, se rende compte que le Burundi est en train de sombrer. Cela risque d’être trop tard.

 

-         Face à la dérive dictatoriale du CNDD FDD, il faut arriver à la conclusion que la légitimité constitutionnelle du Président NKURUNZIZA est nulle et non avenue et prendre les actes qui s’imposent pour le combattre et rétablir la démocratie : les politiciens burundais ne peuvent plus continuer à se battre dans les limites des règles démocratiques quand le CNDD FDD ne respecte pas ces règles et les piétine de manière flagrante. Le CNDD FDD a changé les règles du jeu : il faut en prendre acte sinon toute autre forme de lutte politique est vouée à l’échec. Ce n’est pas de la simple opposition politique, qui va nous débarrasser d’une dictature. C’est malheureusement la triste réalité.

 

-         Le défi auquel fait face la Nation demande que toutes les forces politiques se coalisent pour garantir le respect de la Constitution et des règles démocratiques, il en va de la survie de notre pays. Dans le chaos que le CNDD FDD veut installer, personne ne sera à l’abri. A cet effet, nous saluons les réactions de toute la classe politique burundaise et encourageons plutôt que des stratégies concertées et inclusives soient adoptées. Les grands moments appellent les grands hommes. L’heure est grave car il s’agit ni plus ni moins que de sauver la démocratie au Burundi. Les burundais, malgré leurs différentes opinions politiques, doivent avoir en commun le respect des valeurs démocratiques et pour cela en appellent à l’unité de leurs dirigeants politiques pour les rétablir. L’avenir du Burundi dépendra de la position des uns et des autres.

 

-         Le Président NKURUNZIZA est au pouvoir suite à l’aboutissement du processus démocratique mais doit-on lui laisser diriger le Burundi comme il l’entend ou doit-on le combattre comme d’autres dictateurs ont été combattus avant lui ? Il faut féliciter la classe politique burundaise qui depuis 2005 a respecté de jouer le jeu démocratique, contrairement au CNDD FDD qui applique la loi de la jungle.

 

Pour conclure, disons ceci : la dictature ne résoudra jamais les problèmes des burundais car le processus démocratique ne signifiait pas de chasser les dictatures tutsies pour les remplacer par une dictature hutue. Ce n’est pas une affaire d’ethnies mais de principes et ce sont les principes qui forgent le destin des Nations.

 

L’entêtement de NKURUNZIZA frise la démence ou l’inconscience et nous ne pouvons que condamner tous ceux qui restent derrière lui, même au sein du CNDD FDD. Demain, ils seront collégialement responsables et l’histoire les condamnera.

 

Le Burundi nous appartient à nous tous et nous refusons qu’une clique de personnes soucieuses de leurs propres intérêts sectaires hypothèque  l’avenir de toute une Nation.

 

Il est temps que tous les fils et filles de notre Patrie se lèvent comme un seul homme pour sauver la DEMOCRATIE.