LES DEPUTES BASABOSE ET NYANGOMA REVIENNENT PAR LA GRANDE PORTE AU PARLEMENT

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 05 octobre 2007

La politique burundaise ressemble à un laboratoire d'essai qui n'a jamais concrétisé ses projets. Tous ses choix sont faux et reviennent à la case de départ. Les essais non concluants du départ n'empêchent pas les faux ingénieurs de continuer les mises en place de la production sans planification. Le pouvoir burundais a,  dans ces jours, opté pour les choix qu'il fallait éviter. En voulant faire taire l'opposition, en divisant les partis, ce pouvoir a eu les mérites de diviser d'abord son camp et de continuer à nier l'évidence, tel un pompier pyromane qui nie les faits.

Les députés Basabose du CNDD-FDD et Nyangoma du CNDD ont été remplacés à l'Assemblée Nationale en raison des absences, pourtant justifiées. Sans prendre partie, l'Union Interparlementaire basée à Génève a demandé maintes fois au pouvoir de permettre les deux députés de revenir au palais de Kigobe sans réponse favorable. Les dirigeants du CNDD-FDD ont été catégoriques. Il était hors de question que Basabose et Nyangoma reviennent à l'Assemblée Nationale. L'ancien président du parti CNDD-FDD était opposé à leur retour et il était l'homme fort de ce moment. Les deux députés sont restés à l'étranger durant la période trouble de Radjabu. Depuis les révélations de Basabose sur la cuisine interne notamment les détournements au sein du CNDD-FDD  au détriment des caisses de l'Etat, Radjabu a commencé à montrer ses muscles. De faux complots ont été organisés notamment le faux putsch et Nyangoma s'est réfugié en Europe car il était recherché pour rejoindre les faux putschistes en prison. Basabose s'est senti menacé et a pris le large. Certains disent qu'il est passé par le Congo, d'autres par le Rwanda en vêtements de femme. Toujours est-il qu'il est sorti du pays au moment où il était surveillé.

Les deux députés avaient de sérieux motifs de fuir le régime de terreur. Ils n'étaient pas présents au Burundi et ne pouvaient pas siéger à l'Assemblée Nationale.  Ne  jouissant plus de l'immunité parlementaire, les cartes étaient déjà sur la table. L'arrestation de l' ancien Président Ndayizeye et la torture de l'ancien vice-Président Kadege avaient démontré que le pouvoir ne pouvait reculer devant n'importe quel forfait.

Le tombeur de Radjabu n'a pas eu sa place

Difficile de savoir qui est le tombeur de Radjabu. Cependant, force est de reconnaître que c'est le député Basabose qui a mis à jour le système Radjabu. Il a été suivi par Alice Nzomukunda qui a démissionné de la vice-Présidence de la République en précisant bien qu'elle ne pouvait plus supporter l'immixtion de Radjabu dans la gestion du pouvoir. Quand Basabose a commencé le bras de fer avec Radjabu, ceux qui disent aujourd'hui qu'ils sont les tombeurs de Radjabu n'ont pas osé réclamer une autocritique interne pour réorganiser le parti CNDD-FDD.

Quand l'opprimé devient l'oppresseur ....

Le nouveau président du CNDD-FDD issu du fameux congrès de Ngozi n'a rien compris de ce qui s'est passé. Il n'a pas compris pourquoi Radjabu a été destitué. Jérémie Ngendakumana s'est comporté exactement comme Radjabu, voire pire. Il me rappelle les autochtones qui ont remplacé les colons en continuant à opprimer leurs citoyens. Jérémie avait présidé la commission qui a jugé Basabose au sein du parti et qui a conclu à son exclusion. Président du CNDD-FDD, se croyant un homme fort du moment, Jérémie Ngendakumana avait juré en Belgique lors de sa récente visite que Basabose et Nyangoma ne reviendraient jamais à l'Assemblée Nationale. Pourtant, ils reviennent par la grande porte. C'est un signe de la chute d'un autre.

Les dessous de leur retour

La cour constitutionnelle avait statué qu'elle n'était pas compétente pour examiner la requête de Basabose et Nyangoma pour retourner au Parlement. Elle a renvoyé le dossier au bureau de l'Assemblée Nationale, qui elle -même avait demandé à la cour de statuer. La cour constitutionnelle avait suivi les conseils de l'Union interparlementaire. Chaque fois que le bureau se réunissait, il décidait de la réintégration des deux députés. Or,  le président de l'Assemblée Nationale Pie Ntavyohanyuma ne pouvait pas s'affranchir de la tutelle de Jérémie Ngendakumana. Il demandait son autorisation et ce dernier y opposait un NIET. Pie Ntavyohanyuma expliquait au bureau que Jérémie s'y est opposé. Jérémie Ngendakumana, non membre du bureau, avait un droit de veto sur les décisions du bureau, drôle de démocratie!

Dans le cadre de l'apaisement, bravant les conseils de Jérémie Ngendakumana, le Président Nkurunziza a décidé de permettre à Nyangoma de revenir au Parlement en tant que député. Les deux dossiers étant liés, Basabose revenait aussi au Parlement. Jérémie Ngendakumana a dû manger son chapeau et il doit avoir compris que c'est le début de la fin. D'après les dernières nouvelles recueillies auprès des militants du CNDD-FDD, d'autres députés vont quitter le parti CNDD-FDD pour fuir la dictature de Jérémie Ngendakumana.

De l'ambiance à l'Assemblée Nationale avec les deux députés réputés pour leur franc -parler

Basabose et Nyangoma sont des députés qui sont connus pour leur franc-parler. Ils vont retrouver un Parlement en ébullition. Ils risquent de mener la vie dure à l'apprenti dictateur du CNDD-FDD. Les dossiers chauds risquent de sortir. Vont-ils influer sur la commission d'enquête parlementaire chargé du dossier Falcon dirigée par une députée du parti MRC?

La politique burundaise risque de connaître des chambardements ces deux dernières années de cette législature. L'Uprona est fatiguée, divisée, le Frodebu est dépassé et ne cherche que des places, le CNDD-FDD a perdu sa confiance, il est divisé et est laminé par deux ans de pouvoir. Le peuple ne croit pas dans ces trois partis qui ont accédé au pouvoir. Y aura-t-il un autre parti politique qui naîtra pour redonner la confiance au peuple? Wait and see. Ce parti aura intérêt à prouver en quoi il est différent des autres.