MATHIAS BASABOSE EST RENTRE AU BURUNDI ET ALICE NZOMUKUNDA ARRIVE CE DIMANCHE
Burundi news, le 04 mars 2007
Par Gratien Rukindikiza
Comme toute chose a sa fin, toute chose a aussi ses débuts. La démocratie burundaise est comme un jeu de yoyo. Elle revient, repart et revient. Le CNDD-FDD était attendue pour ramener la démocratie. Un parti qui prétend défendre la démocratie ne pouvait pas devenir un fossoyeur de la démocratie. Pourtant, il l’est devenu avec Radjabu. Un parti qui n’instaure pas la démocratie en interne ne peut pas défendre la démocratie dans un pays.
La puissance de Radjabu au détriment de celle d’un Président de la République élu, a été comme un couteau dans le dos du peuple burundais. Les Burundais se demandaient comment un parti aussi puissant, aussi présent que le CNDD-FDD ne pouvait pas mettre un coup d’arrêt à l’ingérence de Radjabu dans les affaires de l’Etat. Il suffisait de poser la question aux cadres du CNDD-FDD pour entendre dire que tout va bien, que Radjabu assume son rôle. Nous avons souligné les erreurs de Radjabu, son ingérence. Les radios burundaises en ont parlé mais les cadres de ce parti restaient muets. Les chefs des radios ont été chassés et emprisonnés au Burundi. Nos sites ont été traités de tous les maux jusqu’au jour où le vase a été débordé. Trop, c’est trop, les cadres du CNDD-FDD et le Président de la République ne pouvaient plus supporter les erreurs de Radjabu. Nos radios et nos sites devenaient alors des précurseurs, des références dans la destitution de Radjabu. Sa chute n’est pas le fruit du hasard. Certains cadres du CNDD-FDD ont brisé le tabou et nous ont ouvert les yeux.
Deux personnalités politiques du CNDD-FDD ont ouvert la voie. Ils ont joué un rôle clé que le parti devrait reconnaître.
Mathias Basabose, qu’on aime la personne ou pas, il a ouvert les yeux des Burundais des pratiques mafieuses de Radjabu. Nous apprenions ainsi que tout marché public comporte des dessous de table destinés à Radjabu. Basabose a été le premier à affronter ouvertement Radjabu, à le démystifier publiquement, à le rendre simple, critiquable. Le procès de Basabose contre Radjabu a été comme celui des faux putschistes. Deux personnes en procès ont un traitement différent. Basabose perd son immunité alors que Radjabu reste à l’Assemblée Nationale. Le litige opposait Basabose au président du CNDD-FDD mais le procureur général s’est invité dans le procès en se prenant pour la partie plaignante. Les absences répétées de Radjabu au procès ont démontré que le déballage des pratiques mafieuses en pleine séance faisait peur. Comme il y a des histoires de corruption, le fameux chèque de la société rwandaise qui venait de gagner frauduleusement le marché était au centre du procès et aussi les conditions d’exclusion de Basabose du poste de commissariat général du parti CNDD-FDD.
Selon certaines informations, ce chèque de corruption a été remis à Basabose par l’homme d’affaires rwandais et Basabose l’a remis à Radjabu. Ce dernier a nié mais il a été prouvé que c’est la ministre Sinankwa qui l’a déposé à la banque pour le compte de Radjabu. Basabose n’était qu’un intermédiaire dans ces histoires.
L’union interparlementaire avait demandé au Parlement du Burundi de maintenir l’immunité parlementaire au député Basabose. Le Parlement burundais n’a pas suivi. Basabose était parti en Belgique pour faire soigner son épouse alors que le pouvoir l’avait empêché de prendre l’avion. De la Belgique, le bureau du Parlement a rayé Basabose des députés. La présidente du Parlement avait profité de la bataille contre Radjabu pour faire perdre à Basabose sa qualité de député. Il a aussi payé de son témoignage sur la RPA concernant l’assassinat de l’ancien ministre de l’intérieur Simon Nyandwi.
Basabose vient de rentrer après la chute de Radjabu. Il a été un précurseur de la chute de Radjabu. Il a un rôle à jouer aussi au sein de ce parti. Le CNDD-FDD a besoin de rassembler. Il a besoin de faire appel à toutes les forces internes. Basabose a été soutenu par l’Union interparlementaire pour qu’il retrouve sa place de député.
Alice Nzomukunda, ancienne vice-Présidente de la République, rentre aussi ce dimanche. Elle a été aussi la première à dénoncer la main mise de Radjabu sur le pouvoir. Les autres cadres du parti le savaient mais ne voulaient pas se mouiller afin de ne pas perdre leurs places. Alice Nzomukunda a démissionné de son poste et elle a été la première à démissionner du gouvernement.
Elle était partie en Belgique et vient de rentrer ce dimanche 04 mars 2007. Elle est députée et devrait récupérer sa place. Le bureau du Parlement veut s’y opposer. Alice Nzomukunda était cooptée sur la liste bloquée du CNDD-FDD. C’est cette cooptation qui devient un argument pour s’opposer à ce qu’elle retrouve sa place. Or, au Parlement, les députés cooptés ou non n’ont pas de statuts différents à l’Assemblée Nationale. Ils votent les mêmes lois et ils ont été tous sur des listes bloquées et étaient les premiers des listes. Rien ne peut empêcher un député coopté de retrouver sa place. Aucun texte ne le justifie. En l’absence de texte, en cas de doute, Alice Nzomukunda retrouve sa place comme tout député.
Au moment où Radjabu n’a pas désarmé, l’apport d’Alice Nzomukunda et Mathias Basabose n’est pas négligeable. Les positions individuelles des uns et des autres ne doivent pas prendre le dessus sur la cohésion du parti. Ce parti a besoin des autres forces.