LA BCB RETROUVE SON ADMINISTRATEUR DIRECTEUR GENERAL

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10/09/2008

La BCB (Banque de crédit de Bujumbura ) avait passé plusieurs mois sans son administrateur directeur général depuis le limogeage de Prime Nyamoya. Le parti au pouvoir voulait placer un des leurs et a dû batailler fort pour l'imposer.

Cette banque avait intéressé quelques personnalités du pouvoir pour la contrôler. Or, la solidité de cette banque tient à la majorité de son actionnariat détenu par des banques étrangères. La banque Fortis qui a voulu se désengager du capital de cette banque avait refusé de céder ses parts à des Burundais qui n'étaient pas bien identifiés. Le principe réclamé par le pouvoir ou le parti au pouvoir était de permettre l'acquisition des parts par des Burundais, faisant ainsi l'acquisition de la majorité par des Burundais. Ces Burundais pouvaient être des hommes du pouvoir, ce qui mettait la banque sous le contrôle du parti au pouvoir et faisait perdre la confiance des investisseurs étrangers.

La force de cette banque tient surtout à la présence de l'administrateur belge qui représente les actionnaires majoritaires. Les méthodes de travail de cette banque ne laissent pas aux aventuriers d'obtenir des crédits sans caution suffisante. Le sérieux  du travail au sein de cette banque est gardé jalousement par les anciens de cette banque.

Depuis le lundi de la semaine passée, Mr Rutumo a commencé son travail en tant que administrateur directeur général délégué après des mois de négociations intenses. Rutumo est un Burundais qui vivait en Suisse et d'ailleurs sa famille y réside encore. Il travaillait dans une banque en Suisse. Quand il a été sollicité par les autorités burundaises, sa candidature a été d'abord rejetée pour occuper ce poste actuel. Il a refusé d'occuper ce poste réduit aux avantages sans les missions de l'ancien dirigeant de la banque Prime Nyamoya. Constatant qu'il était recherché activement, il a joué les surenchères. Non seulement, il a obtenu le poste dans son entièreté mais aussi il a négocié ce que les autres Burundais n'auraient pas osé négocier, avoir les avantages de l'administrateur belge expatrié. Rutumo a exhibé sa nationalité suisse et a exigé qu'il soit payé comme un expatrié; il passait ainsi de cinq millions à dix millions sans parler des avantages. Il fallait oser, un expatrié dans son pays. La banque, poussée par le pouvoir, a dû accepter ses conditions et bénéficie aujourd'hui du salaire équivalent à celui du Belge expatrié et les mêmes avantages.

Rutumo s'était fait désirer. Il a failli des missions en Suisse pour le convaincre d'accepter l'offre. Certains Burundais se demandaient s'il n' y avait pas une autre personnalité qui se cachait derrière pour tirer sur les ficelles en faisant comprendre à Rutumo qu'il finira par obtenir ce qu'il pouvait demander.

La stabilité de la banque ne changera pas, selon certains cadres de la BCB. Le nouveau patron ne fera que suivre la marche du bateau qui a déjà son cap. On connaît la fragilité des banques dirigées et possédées par des Burundais, la présence de l'actionnariat étranger ne permettra pas de faire de la BCB le financier du parti au pouvoir.

Prime Nyamoya part en laissant un dossier qui avait pris la marque de l'initiateur. Les maisons pour la diaspora était son idée. L'idée avait fait son chemin et elle était dans la phase de la faisabilité. Plusieurs Burundais de la diaspora étaient déjà inscrits pour l'acquisition de ces maisons. La confiance était devenue totale avec la direction de cette banque. Certains s'inquiètent de la suite de ce projet. Le nouveau patron Rutumo devra rassurer et continuer à séduire  cette diaspora qui connaissait Prime Nyamoya plus que les ministres des finances des cinq dernières années. Il suffit de compter les rencontres faites avec les membres de la diaspora pour s'en rendre compte. N'est-il pas lui en premier qui a permis aux membres de la diaspora d'ouvrir les comptes en euros au Burundi?

Bonne chance à Rutumo. Le poste est un passage, on le prépare au suivant.