BOB RUGURIKA, PRISONNIER D'ADOLPHE NSHIMIRIMANA

 Burundi news, le 20/01/2015

Par Gratien Rukindikiza

Le dossier des trois religieuses assassinées vient de faire un nouveau rebondissement. C'est au marché de Mwaro qu'on disait que quand on vous vole l'argent dans vos poches, c'est à vous de vous sauver et non les voleurs. Ce n'est plus le cas. Le Burundi se comporte ainsi aujourd'hui. Si vous dénoncez un tueur commandité par le pouvoir, vous êtes soit tué; soit emprisonné.

La RPA et la vérité de l'assassinat des trois religieuses

Ces derniers jours, la radio RPA a diffusé une interview d'un des quatre assassins des trois religieuses. Il a donné des détails, minute par minute de l'organisation, la préparation de ces assassinats. Il ressort que c'est le général Adolphe Nshimirimana qui a planifié l'exécution des trois religieuses.

La RPA a sans cesse révélé des dossiers des détournements, des assassinats politiques. Ses directeurs ont souvent été emprisonnés pour des dossiers passés à l'antenne, sans parler des menaces de mort.

La RPA n'a fait que révéler ce qui est déjà connu dans les salons de Bujumbura et les milieux diplomatiques. En plus, en Italie, un rapport vient de sortir sur ces assassinats. Les enquêteurs sont entrés au Burundi avec l'étiquette des prêtres alors qu'ils étaient des policiers. Le pouvoir burundais l'a su au moment où ils avaient déjà regagné l'Italie. Certains disent qu'ils auraient rencontré les assassins par le biais de certains curés proches des milieux de Kamenge.

Ce dossier est explosif pour le pouvoir. Le pouvoir de Bujumbura tremble. Le Président Nkurunziza, va-t-il lâcher Adolphe? La réponse dans cet article.

Convocation du directeur de la RPA, Bob Rugurika

Ce mardi 20 janvier 2015, Bob Rugurika a été convoqué chez le procureur à la mairie de Bujumbura pour éclaircissement sur le dossier de l'assassinat des trois sœurs et pour produire devant le ministère public un des criminels supposé être à la disposition de la RPA.

Avant l'interrogatoire, les avocats de Rugurika ont demandé le statut de leur client. Après de longues discussions, le magistrat a suspendu l'interrogatoire pendant 2 heures pour recevoir des ordres.

Au retour, les questions tournaient autour des points suivants :

* Où se trouve le présumé auteur du crime?

* Pourquoi ne l'avez-vous pas présenté à la justice?

Une autre pause d'une heure. Après cette pause, le magistrat a dit qu'il clôturait le dossier.

Le procureur Arcade Nimubona est entré pour faire changer le cours de l'interrogatoire. Bob Rugurika qui comparaissait sans statut reçoit un statut de prévenu.

Les chefs d'accusation étaient les suivants :

* Manquement à la solidarité publique pour n'avoir pas révélé à la justice l'adresse et l'identité du présumé criminel;

* Complicité d'assassinat pour avoir caché un criminel;

* Recel d'un criminel;

* Violation du secret d'instruction.

Manquement à la solidarité publique : Bob Rugurika est un journaliste et non un policier. Ce n'est pas son rôle de révéler l'identité d'une personne qui fait son témoignage. Est-ce que Nkurunziza n'était pas contacté par des radios pendant la rébellion sans que les journalistes ne révèlent son emplacement à la police ou l'armée? En plus, Bob n'avait pas de force pour arrêter le criminel qui doit prendre des précautions pour le rencontrer.

Complicité d'assassinat : On ne peut pas complice d'un acte posé antérieurement à l'action. Bob Rugurika a rencontré le criminel plusieurs mois après l'assassinat. En plus, rencontrer un criminel après l'acte n'a rien de complicité. Il faut revoir les cours de droit Monsieur les procureurs!

Recel d'un criminel : Bob Rugurika n'a apporté aucune aide à la personne pour se soustraire à la justice. Si rencontrer signifie recel, la prison burundaise a intérêt à agrandir ses murs.

Adolphe Nshimirimana a  planifié l'assassinat de Bob Rugurika

Le général Adolphe Nshimirimana, ancien chef de la Documentation, assassin des trois sœurs, voulait assassiner Bob Rugurika pour avoir diffusé le témoignage du criminel.

Le tueur devait être un certain John, un rwandais, ancien du M23 et qui a été récupéré par les services de renseignements burundais et qui avaient participé à plusieurs coups bas du pouvoir. Pour une embrouille d'argent, Adolphe l'a jeté en prison. C'est ce John, tireur d'élite,  qui devait sortir de la prison pour tuer Bob. 

Le jeudi 15 janvier au soir, un général l'appelle au téléphone et lui dit qu'il aura une mission urgente. Le vendredi 16 janvier 2015, un OPJ de la Documentation nommé Wilson est allé à Mpimba et a dit à John qu'il aura une mission d'Adolphe et très urgente.

Samedi, une équipe d'hommes habillés en costumes et tenues d'enterrement est passée le voir à Mpimba dans les bureaux du directeur de Mpimba. John a demandé le motif du changement d'interlocuteur. Il ne voyait pas l'OPJ Wilson. Ces hommes sont allés à Mpimba à bord d'une voiture Spacio immatriculé 6521.

John n'a pas voulu les suivre. Ces hommes lui ont mis les menottes mais ont juste attaché un seul bras. John a crié et tous les prisonniers ont crié à leur tour, faisant fuir l'équipe. Ces hommes prétextaient un enterrement d'un proche de John pour le faire sortir. Entre temps, John avait compris la mission. Il fallait tuer Bob Rugurika. Wilson lui aurait dit clairement la mission.

Adolphe a pu convaincre Nkurunziza de mettre en prison Bob Rugurika

Quand Bob Rugurika est arrivé chez le procureur en mairie de Bujumbura, le magistrat n'avait pas d'ordre de le conduire à Mpimba. Il fallait attendre les négociations entre le Président Nkurunziza et Adolphe. Notons que le général Adolphe est resté un proche de Nkurunziza et lui refuse peu de choses. C'est ainsi que Nkurunziza a cédé et a transmis l'ordre au procureur général de la République d'emprisonner Bob Rugurika. Quand on aime on ne compte pas. NKurunziza et Adolphe ont un pacte de sang. Ceux qui pensaient que Adolphe est parti, se trompent. Il partira quand Nkurunziza partira. Aux généraux frondeurs de l'entendre!

Voilà Bob Rugurika en prison pour avoir révélé les assassins des trois sœurs. Voilà Bob Rugurika, prisonnier d'Adolphe Nshimirimana et non de la justice. Un homme, accusé d'assassinat, garde le pouvoir de mettre en prison, ceux qui le dénoncent.