LE PRESIDENT BOZIZE EST TOMBE

Burundi news, le 24/03/2013

Par Gratien Rukindikiza

L'actualité centrafricaine intéresse les Burundais. Ce qui se passe en Centrafrique peut se passer dans d'autres pays en mal de bonne gouvernance, de corruption et des tueries.

Le Président Bozize était arrivé au pouvoir par la force, porté indirectement par les Tchadiens. Il tombe lâché par les Tchadiens et les Français. Ce 24 mars 2013, Bozize a déjà quitté Bangui pour se réfugier au RDC.

Arrogance et refus d'écouter

Le Président Bozize avait été prévenu sur la force de la rébellion Séleka. Son fils, ancien ministre de la défense, lui avait dit que les généraux voulaient les armes pour combattre la rébellion. Il lui avait répondu que s'il donnait les armes à ses généraux, la première chose qu'ils feront sera un coup d'Etat avant d'aller combattre la rébellion. Sans équipement, son armée vient de se rendre sans combattre.

L'accord de paix conclu en janvier 2013 à Brazaville aurait dû être respecté. Mais Bozize a voulu jouer avec le feu en nommant le gouvernement à la place du nouveau Premier ministre Tiangaye. Les ministres de Séleka avaient des ministres délégués, représentants le Président Bozize. Bozize n'a pas libéré les prisonniers politiques dont plusieurs sont des parents des chefs de la rébellion. Les 400 militaires sud africains n'ont pas quitté Bangui en violation des accords signés. Le Président Bozize a voulu jouer avec le feu en voulant imposer ses options contre les accords. Il a mécontenté ses parrains notamment le Président Sasou Nguesso du Congo Braza. Il a exaspéré aussi le Président Idriss Deby, dégoûté le Président Hollande avec les marchés des mines attribués aux autres puissances, découragé son peuple avec la misère dans le pays.

Le rapport des forces en présence

Est-ce que réellement les Présidents africains sont informés? La question mérite d'être posée. Le Président Bozize avait une armée démoralisée, mal équipée, démotivée. Il a cru que cette armée allait se battre pour lui. Il a eu tort car elle n'a fait que battre en retraite. Seules les forces du Tchad ont pu imposer une ligne de démarcation.

Les forces tchadiennes ont joué un jeu double. D'une part, elles étaient à Damara et ont fait comprendre que c'est une ligne à ne pas franchir. D'autre part, elles ont ouvert la voie à Séleka quand ce mouvement a décidé de foncer sur Bangui. Ce n'est qu'un secret de Polichinelle que Séleka était soutenu par le Tchad.

La force militaire de l'Afrique centrale (Fomac) n'a pas engagé de combat contre Séleka. Bozize a été déçu et il n'avait que les Sud africains pour le défendre. La Fomac, une force de quelques centaines de militaires, n'avait ni la volonté, ni une raison de défendre un pouvoir arrogant qui venait de ridiculiser les Présidents qui avaient parrainé l'accord de paix.

Les Sud africains n'étaient pas en mesure de défendre un régime face à des milliers de combattants aguerris de Séleka. Les 400 militaires de Zuma ont eu la chance d'être recueillis par la Fomac et les militaires français qui sécurisent l'aéroport en vue de l'évacuation des étrangers en cas de débordement.

Séleka arrive au pouvoir

Le futur Président sera Michel Djotodia. Il aura du pain sur la planche. Il devra adopter un langage commun à Séleka qui est une alliance. il devra aussi proposer une feuille de route à son gouvernement et montrer le chemin au peuple centrafricain, redéfinir le partage de la manne diamantifère, gérer le dossier du pétrole, gérer les relations avec ses voisins notamment les Soudanais.

Une armée vaincue est aussi à respecter. L'humilier est aussi créer une nouvelle rébellion de demain.