LES DEGATS COLLATERAUX D'UN BRAQUAGE PROTEGE PAR LA DOCUMENTATION

 Burundi news, le 23/09/2012

Par Gratien Rukindikiza

Les services de renseignement burundais ont une façon de fonctionner qui ne correspond pas à la république. Ils sont connus pour des faits d'emprisonnements, d'assassinats, de braquage avec armes etc...  Les jours passent mais rien ne change.

Un Russe opérant dans les mines braqué à Bujumbura

Un Russe opérant dans les mines habite dans la ville de Bujumbura où il a son bureau. Le jeudi 20 septembre 2012, il se rend à la banque FINBANK après s'être rassuré qu'il aura 120 000 $ qu'il voulait retirer. Le retrait se fait normalement et rentre dans son bureau. Trente minutes après, il sort de son bureau avec les 120 000 $. Arrivé à la hauteur de Buyenzi et le quartier industriel, il a été attaqué par des hommes armés en tenue militaire. Il a été blessé au niveau des bras et les malfaiteurs ont pris sa mallette avec 120 000 $.

Au moment de l'attaque, des policiers se trouvaient à l'endroit du braquage. Ils ont fui comme le reste de la population. Des informations dignes de foi nous ont appris que,  par hasard, les policiers en faction à cet emplacement n'étaient pas armés. Un hasard ou une coïncidence étonnante.

Le directeur d'agence Jean Marc SAHABO arrêté par les services de renseignement

Après le braquage, le BSR a commencé ses investigations comme d'habitude. Or, il ne fallait pas faire comme d'habitude car le dossier était plus compliqué que prévu.

Voulant devancer la police judiciaire, les services de renseignement ont convoqué à 11 hrs 45  le directeur de l'agence dans laquelle le Russe a retiré l'argent. Au départ, il s'agissait de trois questions. Mais en réalité, la Documentation voulait l'emprisonner. La documentation a agi sans aucun mandat. Il s'agit  d'une séquestration car ce service n'a aucun droit de détenir une personne en dehors d'un mandat et du flagrant délit. Même en cas de flagrant délit, la personne est conduite à la police judiciaire.

Depuis jeudi, le directeur de l'agence est encore au cachot des services de renseignement. Il est le seul arrêté dans ce dossier et il n'a plus le droit de rencontrer sa famille.

Le Russe braqué a beau disculpé le directeur de l'agence, en affirmant qu'il y a beaucoup de gens qui étaient au courant de ce retrait, les services de renseignement refusent de le libérer. Même la banque a proposé de payer une caution pour le faire sortir, en vain.

Arrêtez les enquêtes, vous les policiers du BSR!

L'officier du bureau BSR chargé de cette enquête était sur une bonne piste. Le véhicule Carina utilisé par les malfaiteurs était déjà identifié. Les braqueurs étaient sur le marché noir en train de convertir les 120 000 $. Un espoir de l'aboutissement des enquêtes. C'était sans compter le rôle de la Documentation dans ce braquage. Un appel téléphonique a stoppé net les enquêtes. L'enquêteur a été sommé de tout arrêter et abandonner le dossier. En d'autres termes, les braqueurs sont connus par la Documentation ou ce sont leurs hommes en mission et laissez-les libres.

Jean Marc SAHABO reste dans un cachot de la Documentation pour cacher le rôle de la Documentation dans ce braquage. Il ne faut pas avoir fait les universités pour savoir que la meilleure façon d'étouffer l'affaire était de ne pas arrêter ce cadre de cette banque. En procédant à cette arrestation, la Documentation a commis une erreur fatale, la piste renvoie dans les services de renseignement.

La radio RPA a commencé à parler de ce dossier ce dimanche. Un cadre de la Documentation surnommé Boulanger s'est rendu à la radio pour menacer les journalistes, leur demandant d'arrêter de traiter ce dossier.

Un dossier compliqué car des intérêts des gens du pouvoir en jeu

Le Russe travaillant dans les mines devait avoir une protection du pouvoir. En effet, le Burundi accorde des permis d'exploration et certains ténors du pouvoir s'entendent avec les miniers pour qu'ils fassent de l'exploitation sous couvert de l'exploration. Ainsi, les mines sont extraites et vendues sans payer les redevances à l'Etat.

Certains milieux informés à Bujumbura disent que ce braquage traduit un conflit d'intérêts au sein de la classe dirigeante burundaise surtout dans des milieux de certains généraux issus de la rébellion. Il pourrait s'agir d'une volonté délibérée de dissuader ces Russes de continuer à exploiter les mines du fait qu'ils auraient des alliances avec tel ou tel autre général.

La justice n'aura qu'à fermer les yeux et les oreilles. Comme disait un commandant à son chef, le dossier dépasse ses compétences.