Burundi news, le 25/06/2010

Libre opinion: Les Burundais seraient-ils des moutons ?

 

Par BIRIHANYUMA Grégoire

 

Un mois après la « farce électorale » dont les opposants au CNDD-FDD et leur électorat sont les « dindons »; à la veille du  « plébiscite »  anticonstitutionnel du 28/06/2010 imposé à des Burundais privés, par la CENI soumise au pouvoir en place, du droit d'élire librement leurs dirigeants, le pays est en train de glisser, lentement mais sûrement, vers un chaos, que les témoins muets et aveugles d'aujourd'hui pourraient regretter demain. Y compris les présidents et membres des CEPI et des CECI.

 

Je me réfère à l'article 21 de la DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME adoptée et proclamée par les Nations Unies le 10/12/1948, et dont le Burundi fait partie. Cet article stipule:

 

1.   « Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis ».

2.   « Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays ».

3.   « La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».

 

Si l'on veut être, un tant soit peu,  honnête, le susdit article est allègrement violé par la CENI qui devrait veiller à son strict application! Il est, par ailleurs, décevant de ne pas entendre les présidents des CEPI et des CECI qui, j'ose espérer, ne sont pas solidaires de Monsieur NDAYICARIYE qui a d'autres intérêts que ceux du peuple. Leur silence pourrait leur exploser à la figure lorsque nous découvrirons l'ampleur des dégâts qu'ils couvrent en ce moment. Surtout qu'ils passaient pour des gens honnêtes.

 

Devant une telle situation, seul l'électorat du CNDD-FDD se rendra aux urnes, tels des moutons, et se prêtera (de bonne grâce ?), à la suite de la farce électorale qui aura coûté très cher, à l'état burundais et aux bailleurs de fonds, pour un résultat connu d'avance (100%), avec des réactions prévisibles de la part de l'autre camp. Il n' y aura même pas besoin d'observateurs, puisqu'il  s'agira d'une affaire de famille! Les CEPI et les CECI portent une lourde responsabilité en cautionnant le hold-up électoral auquel nous assistons depuis le début du processus. Une honte! Est-ce que leurs membres ont encore le sens de l'honneur ?

 

Il est quand même triste de voir un parti politique, produit de la démocratie, qui a combattu pour cette dernière, se muer, sous nos yeux, en une machine qui viole allègrement les droits de l'homme et qui, cyniquement, prétend en être récompensé par les urnes, mais sans en apporter la moindre preuve! Tout cela avec la complicité de la CENI, des CEPI et des CECI!

 

La violence est érigée en mode de gouvernement, sans que celles et ceux qui devraient s'y opposer le fassent de façon convaincante et rassurante. Je m'étonne que les media, la société civile, les responsables religieux, les  membres des dites CEPI et des CECI  ne pipent mot et ne mesurent pas les conséquences de leurs silences complices.

 

Pourtant, personne n'explique, avec des preuves à l'appui, sur quoi Monsieur NDAYICARIYE s'est basé pour proclamer les résultats du 24/05/2010! Quelqu'un aurait-il lié les langues de toutes celles et de tous ceux qui devraient lui demander de s'expliquer, mais qui ne le font pas ? Qui peut m'expliquer un tel phénomène ?

 

La première violence faite au peuple burundais provient de la CENI qui, jusqu'à la preuve du contraire, a proclamé des résultats qui ne correspondent à rien d'autres qu'à des fraudes massives!

 

Ces silences assourdissants expliquent, sans doute, les propos du ministre de la défense qui nous dit, la main sur le coeur, que les forces de défense et de sécurité sont prêtes à combattre toute forme de violence, tout en oubliant qu'il appartient au gouvernement qui règne, lui aussi,  par la violence! S'il ne cautionne pas la violence gouvernementale, il devrait en démissionner. Il en est de même des ministres issus du FRODEBU et de l'UPRONA! Le plus inquiétant, c'est la solidarité, dans la violence, entre la CENI, le gouvernement et le CNDD-FDD.

 

Face à une telle violence de trois origines, la population qui n'est ni dupe ni défaitiste, contrairement à ce que le pouvoir en place et ses soutiens extérieurs peuvent s'imaginer, n'a d'autre choix que celui de  revendiquer le respect de ses droits. Elle a, en effet, le pouvoir de:

 

1.     exiger l'application de l'article 21 de la DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME;

2.     opposer une résistance pacifique autour de l'ADC-IKIBIRI pour obtenir entière satisfaction de ses droits légitimes;

3.     recourir à la désobéissance civile, surtout si le pouvoir les oblige à se prêter au plébiscite du 28/06/2010 et aux prochains scrutins en faveur du seul CNDD-FDD, en violation de la constitution;

4.     faire sentir au pouvoir en place, que nous ne sommes plus en 1993, quand un parti avait décidé de commettre l'irréparable en se servant de certains membres de l'armée;

5.     de ne pas permettre la poursuite du putsch électoral déclenché par les résultats frauduleux du 24/05/2010, et donc d'exiger les preuves de sa prétendue victoire avant de le laisser continuer à donner un piteux spectacle qui n'honore pas notre nation.

 

L'heure est donc à la résistance, au sursaut nationaliste, au courage politique, valeurs dignement  incarnées par l'ADC-IKIBIRI qui, comme je le crois profondément, cristallise le seul espoir, à condition de rester  soudée face au pouvoir et aux soutiens de celui-ci, qui ne manqueront pas de la diviser. Elle doit trouver des moyens intelligents de bien capitalise la sympathie dont elle jouit a au sein de la population qui, en échange, a le devoir de protéger ses dirigeants.

 

Cette population comprend aussi les éléments de la force de défense et de sécurité qui ne doivent jamais obéir aux ordres de violence auxquels le pouvoir en place recourt comme on le voit aujourd'hui en provoquant les responsables de l'ADC-IKIBIRI afin de  justifier une répression sanglante, comme cela s'est passé du temps du parti unique.

 

La réponse à ma question posée en titre est que les Burundais ne sont pas des moutons, ni pour se faire tondre de leur démocratie, ni pour se jeter dans le  lac Tanganika sur ordre de qui que ce soit.

 

Tant que le Président NKURUNZIZA, le président de la CENI, Monsieur Jean-Marie KAVUMBAGU et Mgr NGOYAGOYE, qui minimisent les graves infractions du code électoral, n'auront pas apporté la moindre preuve irréfutable que les résultats du scrutin du 24/05/2010 sont sincères, j'estime qu'ils ont signé l'arrêt du processus électoral en cours, tout en nous imposant de le poursuivre. Un mépris intolérable.

 

Tout est à refaire, sur de nouvelles bases, avec l'aide d'une médiation, que je propose à majorité féminine, d'authentiques « BASHINGANTAHE », vierges de toute culture étrangère, dont l'âge minimum devrait être 60 ans. Une telle médiation, dont la confection devrait incomber à tous les concurrents politiques sans exclusive et sous la supervision d'un conseil de Sages composé de 2 représentants (1 femme et 1 homme par province)  serait la seule solution pour prévenir la tension qui monte chaque jour davantage. Et quand on sait que la justice burundaise est inféodée au pouvoir en place, on ne devrait pas  donner un blanc seing au candidat unique du CNDD-FDD en participant à la mascarade du 28/06/2010.

 

NOUS EXIGEONS  LA VERITE SORTIE  DES URNES ET IMPOSONS UNE RESISTANCE PACIFIQUE POUR PROTEGER NOTRE DEMOCRATIE !

 

Cette invitation, qui se veut un appel au rassemblement dans la résistance, s'adresse à tous les démocrates burundais, y compris au sein du CNDD-FDD et à tous les membres des forces de sécurité et de défense qui, bien entendu, font partie de la population en lutte pour ses droits légitimes. Ne retombons pas dans la guerre pour satisfaire certains égos au détriment des intérêts de la majorité du peuple qui veut la paix.

 

Les burundais ne sont pas des moutons. Ils ont déjà goûté aux délicieux fruits de la démocratie depuis le 01/06/1993 et n'entendent plus s'en départir. Ils sont prêts à s'opposer aux putschistes qui sont pourtant des résistants d'hier!

 

Compte tenu de l'ampleur du désastre qui risque de s'abattre sur le Burundi si les « vrais bashingantahe » ne mettent pas les pieds dans le plat, personne ne doit rester neutre, à moins de ne pas aimer son pays. Le choix de chacun, en âme et conscience, peut sauver notre nation du chaos et épargner des vies humaines!