Le Burundi au point mort…

Par The Leadership Institute

Le 16 février 2008

Dès l’ouverture de ce document, nous vous demandons de bien vouloir ouvrir le site web du gouvernement www.burundi.gov.bi et cliquez sur 2 pages : celle des comptes-rendus  du Conseil des Ministres et celle de la Présidence en haut sur la page d’accueil : la liste des ministres date de février 2007 et celle des comptes-rendus du conseil des ministres date de septembre 2004. Incroyable mais vrai pour le cabinet du Président qui dispose pourtant d’un « Bureau Presse et Communication » en bonne et due forme, d’un gouvernement qui dispose d’un Ministère de l’Information et de la Communication et j’en passe. Voilà l’un des signes que le cabinet du président ne fonctionne pas et que le Burundi est au point mort. Mais ce n’est pas surprenant car l’animateur de ce site, Monsieur Willy NYAMITWE, est devenu l’homme de tous les dossiers, apprenti tortionnaire qui a gagné ses galons avec les tortures de l’ancien Vice-président Alphonse KADEGE. Si le cabinet du Président ne fonctionne pas, qui fonctionne dans ce pays ? Pauvre Burundi !

Mais revenons à des choses plus sérieuses pour vous démontrer que le pays est au point mort :

1.    Le Gouvernement : mis en place en novembre 2007, ce gouvernement ne fonctionne pas car les attributions des ministres et des vice-ministres ne sont pas bien définies, le président ayant déclaré que les vice-ministres ne dépendent pas de leurs ministres de tutelle sans oublier le manque de cohérence relevée dans la mise en place des ministères et vice-ministères, comme relevé par le Parti SAHWANYA FRODEBU. Cette cacophonie et les absences  de celui qui devait animer les travaux du gouvernement, le Président NKURUNZIZA, nous fait douter grandement de l’efficacité de ce gouvernement à servir le peuple burundais.

 

2.    L’Assemblée Nationale : une mauvaise évaluation par le CNDD FDD des forces en place dans cette institution fait que les crises se succèdent et paralysent les travaux des élus du peuple. Le Président Jérémie NGENDAKUMANA semble être un nostalgique de la période de gloire de ce parti en manipulant le Président de l’Assemblée Nationale sans prendre en compte les réalités et les nouvelles forces en présence dans l’hémicycle. A cet effet, saluons le pragmatisme du Président du Sénat, Gervais RUFYIKIRI,  qui arrive à prendre en compte les nouvelles forces en présence au Sénat et semble adopter une voie de cohabitation et de fonctionnement effectif de cette institution républicaine. Malheureusement, les manœuvres du CNDD FDD au Parlement pourraient aussi, si l’on n’y prend pas garde remettre en question cette accalmie qui règne au Sénat, par effet d’entrainement. A part la crise de l’année dernière, le Parlement est encore paralysé aujourd’hui depuis l’exclusion unilatérale de l’Honorable Alice NZOMUKUNDA de la vice-présidence de l’Assemblée en violation flagrante des lois et du Règlement d’Ordre Intérieur de cette institution. Cette crise semble être partie pour durer longtemps dans la mesure où le parti présidentiel qui se prend pour  un « poids lourd » alors qu’il est devenu un « poids plume » depuis le fameux Congrès de NGOZI en février 2007. C’est la dure réalité des choses. La destitution de l’Honorable Alice NZOMUKUNDA semble être refusée par les différents groupes à savoir le groupe pro-Radjabu, le CNDD de NYANGOMA, l’Uprona et le Frodebu. Ces derniers habitués à « marchander » avec le CNDD FDD leurs votes, semblent ne pas céder, cette fois-ci, pour plusieurs raisons : d’une part, le CNDD FDD ne respecte pas ses engagements et d’autre part, un certain courant semble faire son chemin pour les amener à refuser de cautionner systématiquement toutes les illégalités du CNDD FDD. Ils ne veulent pas passer pour ceux qui endossent toutes les dérives du Parti présidentiel car l’échéance électorale qui se pointe à l’horizon risque de les sanctionner durement. En bref, les travaux du Parlement sont bloqués et on ne sait pas jusque quand et avec quelle issue.

 

3.     Le retour en phase III : la décision prise par les Nations Unies de remettre le Burundi au niveau de sécurité phase 3, constitue un retour en arrière sans précédent pour un pays en « reconstruction ». Ce niveau de sécurité est prohibitif pour toute activité de développement et tout investissement étranger au Burundi. De plus, la psychose provoquée par l’insécurité et les violations des droits de l’homme dans le pays crée des conditions malsaines pour toute réforme politique et tout agenda de stabilisation et de développement du pays. Si l’on paraphrase le Secrétaire Général des Nations Unies, « il n’y a pas de paix sans développement, il n’y a pas de développement sans sécurité ni développement si les droits de l’Homme ne sont pas respectés ».

 

4.    La sécurité alimentaire : à ce sujet, nous vous invitons à lire cet extrait du bulletin numéro 66/Décembre 2007du Système d’Alerte Précoce, Surveillance de la Sécurité Alimentaire, SAP/SSA (Ce bulletin mensuel a pour but de prévenir des crises alimentaires graves et de relater l’évolution de la sécurité alimentaire sur le territoire national. Il émane d’une collaboration entre la FAO, OCHA, le PAM, l’UNICEF, le MINAGRI et les ONG opérationnelles sur le terrain, avec l’appui d’USAID/OFDA), dont voici un extrait :

 

La hausse des prix menace la sécurité alimentaire des

ménages vulnérables

Selon les systèmes de surveillance de la sécurité alimentaire de la FAO et du PAM, la dépendance croissante des ménages au marché à des fins alimentaires est une des réalités émergentes de l’année 2007. Elle démontre une évolution dans la structure des dépenses des ménages vulnérables et les limites du système agricole burundais, principalement vivrier. Elle vient également confirmer l’insuffisance des récoltes pour la couverture des besoins alimentaires de la population. La nécessité de développer de nouvelles sources de revenu - agricoles, para agricoles, mais aussi non-agricoles -, notamment pour les ménages vulnérables qui ne parviennent plus à tirer leur pitance du peu de terre qu’ils exploitent, devient pressante. Les données SAP/SSA collectées sur une période de sept mois indiquent qu’en moyenne le marché représente la source d’alimentation pour 48% des ménages ; ce chiffre passe à 58% pour le mois de décembre.

Dans un tel contexte, les ménages ne peuvent en effet accéder à une alimentation adéquate en quantité et qualité - que si leur niveau de revenu leur permet d’acheter les denrées alimentaires de base disponibles sur les marchés. Or, les opportunités d’emploi journalier, première source de revenu pour les ménages ruraux, sont restées très réduites cette année. Selon une étude conduite en avril 2007 par le PAM et le Centre d’Etude et de Recherche – Développement en Agroéconomie (CERDA), le niveau de satisfaction de la demande de travail journalier était alors de 10 à 20%; les observations faites sur le terrain par le SAP/SSA tendraient à confirmer que la situation n’a guère évolué. Sur cette situation de crise du marché de l’emploi se greffe un autre problème de taille : le niveau des salaires n’a pas sensiblement évolué alors que les prix des denrées alimentaires sur les marchés n’ont cessé d’augmenter. Par conséquent, le pouvoir d’achat des ménages poursuit son effritement, et la couverture des besoins primaires devient de plus en plus problématique pour les plus vulnérables d’entre eux.

 

En effet, les prix des denrées alimentaires de base connaissent une véritable flambée depuis plusieurs mois. A titre d’exemple, entre les mois de décembre 2006 et 2007, la hausse des prix au marché central de Bujumbura pour la farine de blé, le sorgho, le haricot jaune, le haricot ordinaire et la patate douce est respectivement de 41%, 67%, 58%, 60% et 25%. Quelques éléments permettent d’expliquer partiellement ce phénomène mais des zones d’ombre subsistent. Parmi les facteurs explicatifs plausibles de cette inflation des prix on peut citer : (i) la chute (28% entre 1993 et 2006) de la production agricole annuelle par habitant qui se traduit notamment par une situation de marché caractérisée par une offre inférieure à la demande et favorable à la hausse des prix ; (ii) une baisse en 2007 des importations en provenance de la Tanzanie qui a contribué à diminuer l’offre sur les marchés ; (iii) l’augmentation entre janvier et décembre 2007 de 22% du prix du carburant (essence et gasoil) qui a tiré les coûts de transport vers le haut, ces derniers se répercutant sur les prix de vente de gros et de détail; (iv) la dépréciation (autour de 6,8% entre janvier et décembre 2007) du franc burundais (Fbu) par rapport au dollar US qui a renchéri les importations.

 

Cependant, il est paradoxal de constater que cette flambée des prix s’applique pareillement à des denrées alimentaires produites localement - patate douce, sorgho, haricot ordinaire - peu sensibles aux variations du taux de change du franc burundais. Même pour les produits importés (ex : haricot jaune) l’effet cumulé de la dépréciation du Fbu et de la hausse du prix du carburant peut difficilement expliquer la hausse constatée du prix de ces produits. D’autant plus qu’à quelques rares exceptions, comme le riz, les produits alimentaires de base (haricot, farines de maïs et de manioc, etc.) sont exonérés des droits et taxes d’importation, et ne sont soumis qu’à une redevance administrative de 0,5% dont l’influence sur le coût de revient des importations est très faible. Cette tendance à l’inflation continuelle des prix des produits alimentaires de base n’est qu’un des facteurs affectant la sécurité alimentaire, une étude approfondie est nécessaire afin de mieux comprendre ses fondements et tenter de l’enrayer. Faute de quoi, la dégradation de la sécurité alimentaire des ménages vulnérables se poursuivra.

 

Dans ce contexte, nous tablons sur un impact négatif de l’augmentation des salaires mais aussi craignons que le Burundi ne connaisse une famine comme celle de 2006-2007, sans que le gouvernement ait prévu quoi que ce soit pour l’endiguer. Avec un gouvernement qui navigue à vue, on peut s’attendre à tout !

 

5.    L’image du Burundi et la situation économique : le Burundi revient sur la scène internationale et sous des titres honteux comme la violation des droits de l’homme, la dégradation de l’état sécuritaire, l’impunité et le manque d’indépendance du système judiciaire. Cela a un impact négatif sur l’image du Burundi dans le monde et hypothèque le rythme de décaissement de l’aide promise par la communauté internationale pour la reconstruction du Burundi. Le marasme économique ne pourra que se renforcer avec comme conséquence une diminution des recettes fiscales et des dépenses de l’Etat, le plus grand consommateur de biens et services.

 

6.    Gouverner par l’excuse : s’il est vrai que le gouvernement doit rendre des comptes à la population, il est aussi vrai que cette population attend de ses dirigeants non pas des excuses mais des assurances sur les efforts qu’il entreprend pour résoudre ses problèmes de sécurité, de pauvreté ou d’harmonie sociale. Or on aura remarqué que la plupart des dirigeants du CNDD FDD, à commencer par le Président de la République, le président du parti et dernièrement le Chef du Service National de Renseignement, viennent de faire des sorties médiatiques non pas pour donner les stratégies et plan d’action que le gouvernement entend mettre en œuvre pour endiguer l’insécurité, l’impunité, la violation des droits de l’homme et la mauvaise gouvernance économique, mais pour donner des excuses, explications et autres analyses peu convaincantes sur les intentions du gouvernement. Les cas de Muyinga, Kinama, le dossier FALCON, les accusations contre le patron des services de renseignement restent sans réponse. Ce style de gouvernement par l’excuse, le mensonge et la manipulation peut-il réellement permettre au Burundi de sortir du gouffre ?

 

 

Enfin, nous voudrions décerner  la médaille de la HONTE au chef des services de renseignements, Adolphe NSHIMIRIMANA, pour son interview sur le site www.burundirealites.org, lequel n’a même pas daigné commenter cette interview pour ses aberrations :

 

-         D’abord par la nature même de cette interview car c’est du jamais vu dans la communauté du renseignement de voir un chef du renseignement donner une interview. La nature même de son travail requiert une discrétion absolue. Mais ce n’est pas étonnant pour ceux qui sont témoins tous les jours du train de vie, des frasques dans les bistrots de Bujumbura, du code vestimentaire et de la brutalité maladive d’Adolphe NSHIMIRIMANA. Pour tout vous dire, malgré son rang dans la hiérarchie des services de sécurité, ce dernier, comme en témoignent beaucoup de ses victimes et agents de la documentation, met la main à la patte pour assassiner et torturer de paisibles citoyens.

-         Comment peut-il nier qu’il n’y a pas eu de torture dans ses services alors que les cas de KADEGE, de KAGABO et j’en passe, ont été même attestées  par les associations de défense des droits de l’homme ? C’est vraiment se foutre de la gueule du monde.

-         Il vient de reconnaître gérer des sommes énormes au service de renseignement  et avouer qu’il n’a donc pas besoin de voler : il a où se servir, c’est ce qu’il faut comprendre.

 

Monsieur Adolphe NSHIMIRIMANA est vraiment LA HONTE des officiers ex-FDD. Par ailleurs, il rend aujourd’hui de mauvais services au parti CNDD FDD par ses ingérences et il ne peut aujourd’hui prétendre jouer la carte de la neutralité des militaires alors que l’on sait pertinemment qu’il a imposé son épouse comme Présidente de la Ligue des Femmes du CNDD FDD.

 

Nous recommandons au gouvernement de revoir sa stratégie lors des sorties médiatiques car ce que l’on entend aujourd’hui ne rassure ni les burundais ni la communauté internationale.