LE BURUNDI PEUT S’EN SORTIR.

Par Salvator Nahimana

 

         En visitant le Burundi, on remarque encore quelques cicatrices de la guerre civile. Mais ces cicatrices s’estomperont peu à peu si l’accalmie observée perdure. Une personne qui visitait le pays ce mois de juillet m’a dit qu’on dirait que le Burundi ne sortait pas d’une période de guerre.

Cependant, en traversant ces campagnes du pays, des témoignages des violences et de traumatismes ne manquent pas : maisons, magasins détruits et non reconstruits à certains endroits,… Dans la capitale, les clôtures hermétiques sur lesquels s’ajoutent des fils barbelés,…

 

         Par ailleurs, l’accalmie retrouvée a redonné au peuple Murundi la joie de vivre. Son dynamisme pour s’en sortir est visible : le commerce de fruits frais tout le long de la Nationale N°1, l’abondance de produits agricoles sur le marché central de la capitale, les activités observées dans les différents centres secondaires urbains, ces campagnes jardinées,… D’autres éléments de progrès sont visibles : téléphonie, hôtellerie, constructions neuves, pavage des rues,…

Par contre, en discutant avec des personnes, cette accalmie leur semble trop belle et  elles ont peur qu’elle ne dure.  Cette peur vient de l’attitude des femmes et des hommes politiques, tous pouvoirs confondus : exécutif, législatif et judiciaire. Les citoyens ne saisissent pas trop pourquoi ces femmes et hommes n’arrivent pas à s’entendre sur l’essentiel : la paix, la justice, le développement social et économique de tous les Barundi. Tous ces citoyens ont peur que ces femmes et hommes politiques ne ravivent tous les maux en « isme » ainsi que toutes les désolations qui vont avec dans ce climat qui n’est pas encore totalement apaisé. Malheureusement, les nouvelles venant du Burundi de ce mois d’août risquent de leur donner raison.

 

Qu’on ne s’y trompe pas, les Barundi  dans leur majorité  ont compris qu’ils ne sont plus dans le système à parti unique. Aussi, ils vont être de plus en plus critiques et exigeants envers leurs dirigeants. Par exemple, les urbains les rendront responsables de l’insalubrité de leurs quartiers, de la dégradation de la voirie ;  les ruraux de leur manque d’équipements,… Ils vont également s’intéresser à la manière dont est gérée la chose publique : ils ne comprennent pas qu’on leur dise que leur pays fait partie du lot des pays les plus pauvres du monde quand ils entendent les sommes détournées, voient les jolies maisons et voitures de leurs élus dirigeants !

Tout en privilégiant et en soutenant toute initiative des citoyens, l’Etat doit assumer ses missions régaliennes. Son organisation doit anticiper les événements et corriger ce qui ne va pas. Comment, par exemple, dans l’organisation du transport des personnes, l’Etat ferme les yeux sur l’importation des bus dont la porte d’entrée et de sortie donne directement sur la chaussée ? Ceci expose à tout instant les usagers au danger.  Quant aux voitures des particuliers, le dépassement avec le volant à droite implique une prise de risque évidente.

Pourquoi alors ne pas organiser la circulation des véhicules comme les Etats à tradition anglophone puisque nous venons d’intégrer la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est ?

 

L’opposition doit jouer son rôle dans l’intérêt de la nation. Si un article de la loi fondamentale ne répond plus aux situations politiques du moment, des procédures pour l’amender sont prévues.

Nous qui avons la chance d’utiliser les différents médias pour partager nos points de vue, il faut tirer nos concitoyens lecteurs vers le haut et non vers le bas. Par exemple, il est inconcevable de justifier les erreurs d’un homme politique en disant qu’il fait comme ses prédécesseurs. Cet argument serait-il le résultat de l’impunité à laquelle le citoyen Murundi assiste impuissant depuis des années ?

Si nous appartenons à un parti politique, soyons des militants clairvoyants. Ne couvrons plus l’inacceptable des responsables de nos partis. Construisons sur le long terme, pensons à nos enfants et aux  futures générations.

         Je conclurai mon propos en insistant pour que les associations civiles, les médias éclairent nos concitoyens dans les choix  futurs des femmes et des hommes  politiques. Leur bulletin de vote doit aller dans l’urne de celles ou ceux qui lui auront indiqué clairement comment elles/ils vont améliorer son niveau de vie dans la justice et l’équité.