LE BURUNDI EXPORTE PLUS LE PRODUIT BUYOYA QU’AUTRE CHOSE

 Burundi news, le 11 décembre 2006

Par Gratien Rukindikiza

Le développement d’un pays dépend de sa production et de sa capacité d’absorber le coût des importations grâce aux exportations. Certains pays exportent la matière première, les mines, le pétrole, les produits agricoles etc… D’autres exportent les biens de la technologie moderne. Il y a certains pays qui n’ont ni matière première, ni technologie, ont pensé à l’exportation de l’intelligence. Les informaticiens indiens ont permis au pays de profiter de ce boom technologique. Au lieu de les faire venir travailler aux USA, les sociétés américaines ont plutôt créé des structures pour les salarier localement.

Le Burundi n’a pas beaucoup de matière à exporter. Les problèmes d’instabilité politique ne rassurent pas les investisseurs. Depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, le pays est un des pays les plus risqués économiquement au monde. Sans investissement, l’exportation ne peut pas se concevoir.

Le Burundi vient de trouver un produit phare. Il fallait y penser. Le monde entier commence à nous envier notre Buyoya international. Le produit Buyoya s’exporte très bien. L’Union européenne n’hésitait pas à présenter Buyoya comme un des rares Présidents africains  à avoir céder deux fois le pouvoir pacifiquement. Sauf qu’ils ont oublié comment il était arrivé au pouvoir les deux fois. Alors qu’il est connu au Burundi comme l’homme qui a fait deux putschs réussis en moins de 10 ans, il est le modèle pour certains milieux politiques étrangers.

Les succès de Buyoya font de l’ombre au  Président de la République, qui est l’ombre de lui-même, véritable salarié de Radjabu.

L’ancien Président Buyoya est un homme très surchargé. Il est le gardien de la démocratie en Afrique, pompier en cas de besoin. Ceux qui pensaient qu’il était un homme du passé pourront déchanter s’ils entendent que c’est un homme de l’avenir. Le ridicule ne tue pas.

Buyoya est le superviseur des élections démocratiques dans les pays francophones. Non loin du Burundi, au Congo, Buyoya a joué un rôle clé dans la supervision des élections. Quand les deux prétendants au pouvoir en sont arrivés aux coups de canon, c’est l’ancien Président Buyoya qui a été dépêché sur place pour calmer les jeunes Congolais. Il était avec l’ancien Président Ghanéen  Rawlings. En Mauritanie, il vient de superviser les élections. Son périple démocratique l’a conduit dans plusieurs pays africains. Le travail ne manque pas pour le pèlerin de la démocratie. A bon mentir qui vient de loin ! Qui aurait pensé que l’ancien Président Buyoya serait la référence de la démocratie en Afrique ?

Le produit Buyoya s’exporte bien à tel point que le Président actuel Burundais suit l’ombre de Buyoya. Au cours de sa visite à Paris, l’ombre de Buyoya planait d’autant plus qu’il était sur ses terres. Ses entrées à la coopération, à l’Elysée, à la Francophonie et à l’Unesco devraient faire réfléchir nos apprentis dictateurs de Bujumbura.

Buyoya est considéré comme un Président à part entière par certains milieux européens. Il était invité à Bruxelles dans la rencontre des Présidents africains pour débattre du développement en Afrique. Le Président de la République burundaise, salarié de Radjabu, se retrouvait dans la même conférence avec Buyoya. Un fauteuil pour deux hommes !!!

Ce produit Buyoya ne fera que monter de valeur tant que ces apprentis dictateurs ne sauront pas ce que  sont les valeurs démocratiques. Au moins, Buyoya avait peur de la 4 è ethnie comme il l’appelait, la communauté internationale. Ces apprentis dictateurs n’ont peur de rien, y compris le risque de guerre civile. Radjabu, à la tête de ce pouvoir, s’imagine que le pouvoir peut se confondre qu’avec lui.

Buyoya profite des erreurs de ce pouvoir pour se refaire une publicité. Il n’exclut pas de revenir au pouvoir, si on en croit à ses déclarations sur RFI. La question a été soigneusement évitée pour signifier qu’il se prononcera le moment venu. Qui ne dit mot consent. Ce pouvoir de Radjabu est prêt à faire tout, y compris de ramener Buyoya au pouvoir. La déception des Burundais est tellement grande que même le diable aura sa place pour diriger le pays. Après tout, ce n’est pas parce qu’on prie tous les jours qu’on prie le bon Dieu.