QUE CACHE LA NOUVELLE GUERRE DU CONGO?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 02/11/2008

Le Congo appelé RDC est un pays dont le contrôle total du territoire date du Président Mobutu. Ce pays riche a aiguisé l'appétit des puissances non seulement occidentales mais aussi orientales. Du temps de Mobutu, il a dû sa stabilité  à la main mise américaine qui en faisait le rempart contre l'influence soviétique et cubaine. Le lecteur se souviendra de l'aide apportée par les Russes et les Cubains en Angola voisin du Congo Kinshasa. Le Congo de Mobutu a été le quartier général du monde occidental pour lutter contre l'influence soviétique et chinoise en Afrique. Ce pays paraissait le plus solide et son armée  se vantait d'être une des armées les mieux entraînées et organisées de l'Afrique. Pourtant, chaque fois que le Congo a été attaqué, il a fallu l'intervention des puissances occidentales pour sauver le régime. Le Burundi a même volé au secours du Congo menacé par une rébellion à l'Est.

L'après Mobutu

Sans parler ni de la première, ni de la deuxième guerre du Congo, le pays est devenu très instable surtout dans la partie Est contrôlée par des forces outre que celles de l'armée congolaise. Le Kivu est plus militarisé que l'Irak. Il héberge les forces armées congolaises, les FDLR composées d'ex Far et  ex-Interahamwe, de la Monuc, du CNDP du Général Nkunda, des autres forces très disparates.

En réalité, depuis la chute de Mobutu, le Kivu est resté une zone incontrôlée par le pouvoir centrale de Kinshasa. Certaines mauvaises langues en occident disaient que la stabilité du Congo ne pourrait pas se faire sans un fédéralisme qui donnerait plus d'autonomie au Kivu. En clair, le Kivu échapperait au pouvoir central sans le dire et le rapprocherait du Rwanda voisin.

Le père Kabila a été mis au pouvoir par le Rwanda. Ses relations avec Mugabe et la volonté de s'affranchir de la tutelle rwandaise n'a pas beaucoup plu à ceux qui l'avaient mis au pouvoir. Le Congo a toujours partagé ses minerais avec des puissances occidentales ou des pays voisins au détriment de son peuple.

L'armée de la RDC est un ramassis de lambeaux. Elle est incapable de défendre une partie du territoire car elle est mal organisée, sans motivation et manque de cohérence après les multiples intégrations.

Que cherche le Général Nkunda?

Le Général Nkunda donne du fil à retordre à l'armée congolaise qui est, à chaque fois, sauvée par la Monuc. Nkunda a fait la guerre avec le FPR du temps de la rébellion contre Habyalimana comme Kabila a formé par le FPR.

Ses revendications sont très variées. Il demande le désarmement des FDLR, ex far et ex Interahamwe. Sur ce point, les conventions de Genève sur les réfugiés ne sont pas respectées car les réfugiés rwandais ne devaient pas être à la frontière avec le pays d'origine et devaient être désarmés. Le pouvoir congolais a failli à sa mission et à ses obligations. Au Burundi, les réfugiés rwandais avaient été installés à Mishiha pour les éloigner de la frontière rwandaise.

Le Général Nkunda revendique aussi l'entrée de ses troupes dans l'armée congolaise après des négociations politiques. Une revendication assez étrange de Nkunda est le renoncement aux accords du pouvoir avec les Chinois pour certains contrats miniers et commerciaux.

Il n'est pas exclu que Nkunda ait des revendications officieuses comme l'autonomie du Kivu pour le contrôler. Cette volonté pourrait recueillir l'assentiment du Rwanda voisin s'il n'est pas l'initiateur.

Qui est derrière Nkunda?

La revendication concernant la résiliation des contrats avec les Chinois relève de la géostratégie mondiale de contrôle des ressources mondiales dans une guerre Sino-Américaine en Afrique. C'est le cas du Soudan. Les contrats signés par les Chinois au Congo suscitent la colère de l'occident. La pénétration chinoise en Afrique pour contrôler et sécuriser les approvisionnements des matières premières minières inquiète l'occident. Si la Chine acquiert des ressources nécessaires pour accompagner son industrie lourde, la concurrence avec l'occident risque d'être rude. Le nouveau monde pourrait être la Chine. Cette donne a sa part dans la nouvelle guerre au Congo. Est-il normal que du jour au lendemain les forces de Nkunda fassent une poussée spectaculaire qui balaie à son passage les forces congolaises?

Ce n'est qu'un secret de Polichinelle le fait que les troupes d'un pays voisin du Congo constituent en ces derniers jours le gros des troupes se battant pour Nkunda. De même, comme certains Burundais étaient dans l'armée rwandaise de Habyalimana, j'en ai les preuves, d'autres Burundais se battaient du côté du FPR. Aujourd'hui, certains Burundais se battent du côté de Nkunda  en nombre limité.

Contrairement à une certaine opinion, cette participation des Burundais à cette guerre à titre individuel ne constitue pas un danger pour le Burundi.

Entre le Rwanda et le Congo,  Burundi a choisi

Les relations entre le Burundi et les deux pays voisins sont très problématiques. Il est difficile d'avoir deux amis qui sont des ennemis. Le Congo a fermé les portes au Burundi. Il refuse l'ouverture d'une ambassade à Kinshasa et le Président Kabila a opposé une fin de non- recevoir à une visite officielle au Congo. La dernière visite était dans un cadre d'une réunion régionale.

Par ailleurs, le Burundi entretient de bonnes relations avec le Rwanda et se retrouve de temps en temps dans des situations assez compliquées face à un conflit entre le Congo et le Rwanda. Que fera-t-il s'il est sollicité par le Rwanda pour faciliter le passage des troupes ou la fourniture d'une logistique en cas de conflit ouvert entre le Rwanda et le Congo?