EXPLOSIF LE DOSSIER DES CAHIERS OUGANDAIS

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 02/01/2012

Burundi News revient sur l'affaire des cahiers ougandais après l'avoir révélé parmi les premiers. Ce dossier est riche en rebondissements. Le député de la Communauté de l'Afrique de l'Est Manassé Nzobonimpa avait révélé beaucoup de choses sur ce dossier.  Selon un proche du Président joint par notre rédaction, ce dossier est plus inquiétant pour eux que celui de Gatumba.

Rappel des faits

La rébellion du MNR de Museveni en Ouganda avait acheté à crédit du matériel militaire, des boissons, cigarettes etc... au Burundi. Les commerçants ont été payés par le pouvoir de Bagaza et l'Ouganda devait payer à la victoire. C'est la pratique dans des rébellions.

Pour accélérer les remboursements qui trainaient, le pouvoir de Bujumbura a mandaté un cabinet d' avocats ougandais du nom de Senyondo. Un contrat a été signé en 1995 par les deux parties. En ce moment, le montant de la dette était de 8 166 466 $. Comme la dette était ancienne, les intérêts de retard étaient appliqués et se chiffraient à plus de 5 504 302 $. La dette totale revenait alors à 13 670 769 $.

Le pouvoir burundais avait refusé de payer l'avocat en demandant à une société Picfare de le payer; ce que cette dernière a refusé. Ce bras de fer avec cet avocat a permis de relancer le dossier dans la presse. Burundi News avait publié un article sur ces cahiers ougandais comme sur le dossier du pétrole nigérian le 16 mai 2007.

Le Président Museveni, le remboursement et l'intervention du Président Nkurunziza

Après l'intervention de l'avocat Sendege du cabinet Senyondo, le Président Museveni a donné l'ordre à son ministre des finances de payer la dette burundaise y compris les intérêts de retard. Le ministre a pris contact avec le pouvoir de Bujumbura pour régler les modalités pratiques de remboursement. C'était à quelques  mois de l'arrivée au pouvoir de Nkurunziza. Ce dernier y a vu une manne du ciel. Il est intervenu dans le dossier pour demander au ministre des finances ougandais de ne pas régler au Burundi la dette. Il a demandé un montant de 3 millions de dollars à son nom. C'est le premier versement de 3 millions qui se retrouvent en nature et en espèces en même temps. En effet, le pouvoir reconnaît avoir reçu des cahiers en 2005 alors qu'il n' y a aucune trace de ces cahiers. La sortie des 3 millions de dollars destinés au Président Nkurunziza a été maquillée en livraison de cahiers d'une valeur de 3 millions.

Une autre visite en Ouganda  de Jérémie Ngendakumana et Kibeya, respectivement président du CNDD-FDD et ministre de l'éducation en ce moment, a permis un déblocage de 2 millions de dollars à partager; soit entr'eux; soit avec d'autres personnes au Burundi. Cela se retrouve dans les révélations de Manassé et dans nos investigations aussi.

Les cahiers ou l'argent comptant?

La grande question est de savoir si le paiement initié par le gouvernement ougandais devait être en argent comptant ou livré en cahiers. Le porte parole de la Présidence a osé dire que le Président Museveni a opté pour les cahiers. Faux, le Président ougandais a demandé le paiement par virement. C'est le Président Nkurunziza qui est intervenu pour avoir 3 millions $ pour lui. Après avoir volatilisé 5 millions de dollars, le pouvoir burundais a voulu masquer le scandale par les cahiers en s'adressant à Picfare pour un arrangement.

Au début de ces livraisons, un scandale a éclaté. Des camions arrivent de l'Ouganda à Bujumbura. Des Ougandais sont allés au ministère des finances pour  faire signer l'arrivée et  réception des lots de cahiers. Curiosité oblige, quand un cadre du ministère des finances a vérifié, les camions étaient vides. En réalité, les camions sont partis de l'Ouganda vides pour simuler cette livraison. Une dame d'une haute personnalité en ce moment a accepté de signer la réception alors que d'autres avaient refusé.

L'énigme est aussi levé par  l'ambassadeur Musavyarabona dans son article sorti chez notre confrère Arib le 07 mars 2011. Je le cite : "En tant qu'ancien Ambassadeur du Burundi en Ouganda de 2008 à 2011, j'ai eu à suivre le dossier du remboursement de la dette ougandaise en faveur du Burundi, puisque ce remboursement était en cours depuis 2005, année de la conclusion d'un accord de remboursement échelonné sur 5 ans jusqu'en 2010.

Cette dette a donc été payée par tranches, capital et intérêts, et le dernier payement a été effectué en 2010."

Musavyarabona était bien placé pour savoir que le paiement avait été fait. Si il avait été fait en cahiers, il l'aurait bien précisé dans son article. Il précise bien que le gouvernement ougandais avait tout payé en 2010. D'où viennent ces livraisons de cahiers cette année alors?

Rebondissement en Ouganda

Les députés ougandais ont pris l'affaire en main et mènent aujourd'hui des investigations. La société Picfare n'a pas pu fournir les preuves des livraisons de ces cahiers. En plus, cette société n'a pas soumissionné mais le pouvoir burundais lui a plutôt demandé un service.

Des cafouillages s'accumulent à l'ambassade du Burundi en Ouganda.  Un conseiller d'ambassade a déclaré que l'avocat Sendege ne représente pas le Burundi dans cette affaire. Quant à l'ambassadeur burundais à Kampala, il a été convoqué au Parlement ougandais. Il a affirmé qu'il ne connaît pas ce dossier. Les députés ougandais ont été très étonnés par ces propos. Un ambassadeur dans un pays où le pays qu'il représente, se retrouve à la une des médias et déclare ne rien savoir.

La société Picfare a déclaré à la commission parlementaire qu'elle a aussi livré 300 000 T shirts. Une nouvelle pour la presse burundaise. Aucune autorité burundaise n'avait évoqué cette histoire de T shirts en réalité non livrés. Certains pensent qu'il s'agirait des T shirts du CNDD-FDD.

Honoraires de Sendege dans le budget de 2011 et dans le budget de 2012

Il est incompréhensible que les honoraires de l'avocat Sendege se retrouvent dans le budget 2011 et que la ministre des finances demande aussi à Picfare de payer ce qui est prévu dans le budget comme si Picfare et le budget burundais étaient confondus.

Il est prévu 4 %  d'honoraires du montant remboursé au Burundi. Or, le Burundi n'a pas reçu de remboursement car aucun dollar n'est rentré dans les caisses de l'Etat. Comment se peut-il que le contribuable burundais paye à la place de Nkurunziza qui a pris des milliards de francs Bu. Il lui appartient de payer de sa poche l'avocat Sendege et aussi rembourser le dû du peuple burundais.

Incident au haut sommet entre l'Ouganda et le Burundi suite à une convocation étrange d'un Ougandais

Il y a des Burundais qui se croient capables de tout faire. Le plan Safisha ne s'applique pas en Ouganda.

A la suite des révélations sur la radio RPA, le général Agricole de la Documentation a adressé une convocation d'un cadre des services ougandais à la Présidence de Museveni. Du jamais vu!

Le Président Museveni s'est mis en colère et  a adressé une lettre au Président Nkurunziza. Le ministre de la justice et celui des affaires étrangères de l'Ouganda ont envoyé aussi des lettres à leurs homologues. L'affaire a pris une autre tournure. Le Président Nkurunziza a demandé au général Adolphe Nshimirimana, patron des services de renseignements burundais, les raisons de cette gaffe. Adolphe n'était pas au courant. Il s'est adressé à Agricole qui a reconnu avoir agi sur injonction de deux hauts cadres de la Présidence dont le même porte -parole qui donnait des leçons à la RPA lors de sa conférence de presse.

A la place de la personne convoquée, c'est un émissaire spécial du Président Museveni qui a trouvé le Président Nkurunziza dans sa commune Mwumba. Le ton a été très clair. Le Président Museveni est en colère et tenait à l'exprimer. L'émissaire spécial a dit que l'Ouganda ne peut pas continuer à supporter les gaffes du pouvoir burundais notamment la tentative d'assassinat de Manassé en Ouganda et le détournement du remboursement suivi des déclarations mensongères sur ces cahiers.

La gestion de ce dossier nous réserve des surprises. Olucome vient de porter plainte auprès de la cour de justice de la Communauté de l'East Africa.

A suivre