QUEL EST- CE MINISTRE QUI VOULAIT UNE CAISSE NOIRE ?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 03 janvier 2006

Un budget est un exercice délicat pour un gouvernement. Il retrace les prévisions des dépenses, souvent en fonction des recettes. A travers le budget, les priorités sont clairement énoncées. Si une action n’a pas été prévue dans le budget, il est difficile de trouver son financement. Chaque ministre essaie d’avoir le maximum pour financer ses projets qui lui tiennent à cœur. Il y a aussi certains qui se demandent combien ils mettront dans leurs poches. Comme disait l’ancien Président Mobutu, la chèvre broute là où elle est attachée. Au cours du mois de décembre 2005, le Parlement a voté un budget fortement déficitaire. Nous y reviendrons dans d’autres publications.

Un élément a surpris les députés qui analysaient ce budget soumis par le gouvernement. Cet élément était passé comme une lettre à la poste dans le budget présenté par le gouvernement. Un ministre s’était alloué une caisse noire d’une façon officielle et le gouvernement avait accepté.

Le ministre de la Bonne gouvernance Ntakarutimana avait réussi à imposer au gouvernement son idée d’avoir un budget de renseignement pour son ministère de 30 millions de francs bu. Ce qui est étonnant, c’est qu’il existe un département des affaires économiques à la Documentation Nationale qui se charge aussi des dossiers de détournement selon les orientations du pouvoir. Le ministre est impliqué dans un dossier de corruption concernant les haricots de la Police comme nous l’avons plusieurs fois signalé. Le Président a lui-même reconnu la surfacturation des haricots de la Police.

Ce budget de renseignement aurait alors échappé au contrôle budgétaire car qui dit renseignement dit caisse noire, des dépenses non vérifiables. Ainsi, le ministre aurait été le grand « informateur » qui pourrait empocher au passage le gros du budget.

Au Parlement, les députés ont bien compris que ce budget n’était pas indispensable et ont remplacé 30 millions par 0. Le ministre peut se renseigner à 0 franc. Avant de savoir qui a détourné, il peut commencer par se mettre lui-même devant la justice pour le dossier des haricots de la Police. Soit, il serait blanchi, soit il serait inculpé.

Le prochain changement de gouvernement interviendra au moment voulu. Quand le militantisme rime avec volonté de s’enrichir illicitement, les partis politiques doivent être vigilants.