LES CAISSES VIDES, TENDON D'ACHILLE DU POUVOIR DE BUJUMBURA
Burundi news, le 13/10/2015
Par Gratien Rukindikiza
Au- delà de la politique politicienne, l'économie régit les pouvoirs. L'argent est le nerf de la guerre. Les dictateurs les plus malins se gardent de se fâcher avec les bailleurs de fonds. Souvent, certains se mettent sous la protection d'une puissance étrangère qui peut sauver les meubles en cas de besoin. Rares sont les dictateurs qui se lancent les yeux fermés dans une aventure de violence contre son peuple, une violation des droits de l'homme sans aucune protection.
Le citoyen Nkurunziza est un homme hors cadre. Il s'accapare du pouvoir par force et se met à dos toutes les puissances. Même les Chinois et les Russes bloquent des résolutions à l'ONU en représailles du comportement des Américains dans les dossiers ukrainiens et syriens. Le Burundi ne compte pas dans la géopolitique mondiale mais Nkurunziza en profite.
L'argent, le nerf de la guerre contre le peuple burundais
Les Burundais n'ont pas compris que les armes qui les tuent viennent de leurs impôts, de la bière bue, des appels téléphoniques, de la consommation d'essence. Nkurunziza a besoin de l'argent. Il suffirait que les Burundais réagissent à cette dictature en se privant de la bière pendant une semaine par mois, une journée sans voiture par semaine, une journée sans appel téléphonique à part les imo et watsup pendant une semaine pour que les recettes baissent sensiblement. Le phénomène serait très inquiétant.
Nkurunziza a besoin d'acheter les cartouches qui sont gaspillées. C'est le bordel à la police. En général, une balle tirée hors champs de bataille représente un cadavre. Aujourd'hui, les policiers vident des chargeurs contre un civil non armé. A ce rythme, il faut beaucoup d'argent pour acheter les cartouches. Il suffirait de convenir et de lancer des chiens enragés contre les policiers qui videraient toutes les réserves de munitions afin de les ramener à opérer avec d'autres moyens que les armes contre le peuple.
Il faut de l'argent pour l'équipe de Nkurunziza. Et justement, c'est cet argent qui manque. Ira-t-il jusqu'au bout?
Le budget 2016, une équation à plusieurs connus
Le budget du Burundi était de 1 382 milliards de francs bu mais les dépenses iront jusqu'à 1 541 milliards de francs bu. Les impôts intérieurs sont de 374 milliards. Les recettes fiscales du commerce extérieur et des transactions internationales sont de 54 milliards de francs bu. Les dons étrangers sont de 678 milliards de francs bu.
Les charges du personnel étatique sont de 339 milliards, si on inclut les dépenses autres du fonctionnement de l'Etat, c'est le total de 709 milliards de francs bu. Ce montant est inférieur aux recettes de l'Etat sans dons.
La situation actuelle s'achemine à une coupure totale des aides. La Belgique a commencé, les Pays Bas et la Suisse ont suivi. L'Union européenne étudie la question et le Burundi se verrait exclu des accords de Cotonou de l'ACP. Le commerce extérieur est handicapé par ces relations avec les voisins et donc, les recettes de 54 milliards sont hypothéquées par ce manque de dynamisme dans ces relations.
Il est très difficile de payer les fonctionnaires sans ces dons.
Le ministre des finances n'a pas beaucoup d'atouts mais il a quelques astuces. Les salaires et frais d'équipement venant l'Amisom peuvent servir. Manque de chance pour l'équipe de Nkurunziza, l'argent a été détourné et les militaires n'ont pas été payés après leurs missions en Somalie depuis plus de 9 mois. Le financement des militaires burundais à l'étranger a été affecté aux poches de Nkurunziza et Bunyoni. Le marché a été conclu, tout ce qui est "détournable" le sera pour leurs comptes personnels. Tant pis pour les militaires qui se feront tuer faute de munitions.
L'autre atout du ministre des finances est la planche à billets. L'Etat burundais émettra des bons de trésor et obligera les sociétés para- étatiques, voire privées à acheter ces bons de trésor sans garantie de remboursement à terme. Le gouvernement envisage de rassembler les devises des privés et de dévaluer la monnaie burundaise en empochant la différence de change d'après la dévaluation. La planche à billets ou la dévaluation a des limites. Dans tous les cas, cela aggravera l'inflation et la pauvreté des Burundais.
Des pays financeurs?
Nkurunziza s'attendait à un financement des Chinois en contrepartie du nickel. Or, le nickel a été vendu aux Sud-Africains. Un imbroglio car le nickel complique les relations avec l'Afrique du Sud. La Chine, compte tenu des promesses de Nkurunziza non tenues, ne financera pas.
Le Congo Braza ne donnera pas un rond. Il en a besoin pour financer son référendum d'une nouvelle constitution.
Nkurunziza risque de ......
Les stratèges du CNDD-FDD n'ont pas tout analysé. La fatigue, la peur de Nkurunziza peuvent écourter sa vie. Quelle vie pour un homme qui vit comme un rat dans un trou. Le manque d'argent va compliquer aussi le fonctionnement des imbonerakure. Si les militaires et les policiers ne sont pas payés, la violence pourra provenir en premier du camp de Nkurunziza contre Nkurunziza. L'argent en défaut peut précipiter le règlement de la question burundaise.