Burundi news, le 17/05/2010

Calculs stupides du Président-candidat NKURUNZIZA!

Par Bernard Nzibarega

« Haïssez le péché et aimez le pécheur », aimait à dire le célèbre Mohandas Karamchand GANDHI, apôtre de la non-violence. C'est en méditant sur ce précepte et sur le climat délétère actuel au Burundi que je prends la plume, une fois encore, pour user de ma liberté d'expression.

 

Le Président-candidat NKURUNZIZA  s'enferme dans sa confortable tour d'ivoire, loin de la foule en colère dont , apparemment, il a peur (n'a-t-il pas paniqué lorsque des militants du MSD ont marché jusqu'à son palais, après l'ignoble assassinat de l'un des leurs par ses sbires?). Cette  colère était, pourtant, justifiée par les agissements présidentiels, ou plutôt sa complicité coupable avec l'appareil répressif du peu recommandable Général Adolphe NSHIMIRIMANA, surnommé le « Boucher »! 

 

En tant que Chef de l'Etat, il aurait tort de s'imaginer se tirer de l'impasse dans laquelle il s'est mis,  en faisant  l'économie d'au moins 5 séries de questions terre-à-terre, certes, mais brûlantes en ce moment historique, au risque de faire de stupides calculs. Surtout que, comme il est supposé ne pas l'ignorer, gouverner c'est prévoir!

 

1ère série de questions:

Quelle va être son attitude au lendemain de la proclamation des résultats des élections communales que, de toute évidence, le CNDD-FDD a déjà perdues, si on présume qu'elles sont organisées dans la transparence totale et irréfutable ? Gardera-t-il la même superbe que maintenant ? Aura-t-il l'humilité de reconnaître la défaite, non seulement de sa famille politique, mais aussi et surtout, celle de sa stratégie insensée et suicidaire ? Aura-t-il encore le pouvoir de se faire obéir par ses sbires comme avant et pendant le déroulement du premier scrutin? Ne va-t-il pas découvrir, trop tard, qu'il a été trompé  par son service de renseignements en qui il a placé une confiance aveugle ? Aura-t-il au moins la décence de demander à rencontrer les familles endeuillées par ses tueurs à gages pour leur proposer un  dédommagement et le réconfort de la nation? Je suis conscient d'embarquer mes lecteurs dans la science-fiction dont, pourtant, NKURUNZIZA serait bien inspiré de transformer en réalité pour tenter de se racheter. Sans garantie de résultat cependant! Il est allé trop loin dans le péché, mais, …..« Haïssez le péché et aimez le pécheur ».  Comment envisage-t-il d'organiser sa défense lors des prochains procès que Monsieur SINDUHIJE Alexis, et d'autres certainement, intenteront contre lui et contre son gouvernement, même s'il a l'air de prendre la menace de très haut? Il a tort, bien entendu, car la roue de l'histoire tourne......

 

2éme série de questions:

Comment compte-t-il gérer la période de transition entre l'après-proclamation des résultats des élections communales et le jour de prestation de serment du nouveau  Chef de l'Etat élu au suffrage universel direct ? Ce sera un exercice difficile. D'une part, lui, NKURUNZIZA, n'a pas été élu dans les mêmes conditions, d'autre part il aura été battu par un(e) adversaire qu'il avait sous-estimé(e). Il ressemblera, un peu, au putschiste BUYOYA battu par NDADAYE en 1993. Comment vivra-t-il son désaveu par le peuple qu'il avait tant affamé, assassiné, appauvri, terrorisé, humilié ? Aura-t-il encore assez de courage pour mener sa campagne présidentielle à terme avec un parti défait, ou va-t-il faire appel à Gervais RUFYIKIRI qu'il a grassement  acheté pour l'écarter de la compétition dans les conditions connues de tous ? Va-t-il continuer son double langage déjà contredit par les nombreux assassinats politiques qu'il a commandités  et qu'il continue à commanditer en personne ? Comment fera-t-il pour tenter de sauver la face vis-à-vis de l'opposition ragaillardi par ses succès électoraux, et surtout face au peuple ? Quel rôle compte-t-il  jouer dans l'opposition, avec qui ?

 

3ème série de questions:

Comment a-t-il prévu  récompenser ou gérer les exécutants de ses ordres criminels qui auront endeuillé la nation? Croit-il qu'ils vont continuer à se contenter des miettes qu'il leur donnait habituellement, ou vont-ils exiger davantage ? Envisagera-t-il de les caser dans les rares postes politiques au détriment d'honnêtes militants de son parti déjà en lambeaux ? A-t-il envisagé, une seule seconde, comment calmer  ses troupes qui, seront à coup sûr, remontées contre lui dès la proclamation des résultats du 21/05/2010 ? A-t-il mesuré la gravité et le caractère contre-productif de ses décisions insensées d'attenter à la vie de ses propres gouvernés ? A-t-il prévu quoi faire après la cuisante défaite électorale du CNDD-FDD ? Gouverner c'est prévoir!

 

4ème série de questions:

Quel profil adoptera-t-il devant son tombeur ou sa tombeuse au soir du 28 juin 2010 ? Espère-t-il négocier l'amnistie pour ses crimes commis sous son gouvernement avec sa bénédiction? Serait-il naïf au point de s'imaginer son peuple lui pardonner avant de le faire juger équitablement devant un tribunal compétent pour tous ses crimes, ainsi que ceux de ses protégés ? Il n'y aura pas pire humiliation, pour Pierre NKURUNZIZA,  que celle de devoir implorer l'indulgence de celui ou de celle qui aura gagné les élections présidentielles, en dépit des obstacles qu'il croyait fatals à l'opposition ? Aura-t-il l'élégance de demander humblement pardon au peuple ?

 

5ème série de questions:

A quoi lui serviront les nombreux biens mal acquis ou détournés (par lui-même et plusieurs de ses collaborateurs) que le prochain pouvoir issu des urnes s'empressera de récupérer pour en faire profiter tous les citoyens ? « L'argent ne satisfait pas plus l'avidité que l'eau salée ne désaltère la soif » (Ksemendra, un poète du Cachemire)! Au lieu de s'occuper de ses concitoyens, le Président-candidat NKURUNZIZA a passé le gros de son temps à déserter son poste. Mal lui en a pris  de considérer la mission que nous lui avions confiée comme une sinécure, dans l'espoir de rattraper le temps perdu grâce aux assassinats ciblés de ses opposants. Il croyait que  « par la volonté divine », le reste allait se faire tout seul! C'était un piètre stratège!

 

Les 5 séries de questions résument ce sur quoi tout Burundais est en droit de s'interroger pour savoir si le Président-candidat NKURUNZIZA réfléchit vraiment avant d'agir ou si, au contraire, il improvise des actes irréfléchis, ce qui, en l'occurrence, lui aura été fatal. Très honnêtement, il n'y aura pas grand monde pour pleurer son départ du pouvoir. Mais on ne tire pas sur une ambulance!

 

Depuis le début de son pouvoir, des dizaines et des dizaines de ses concitoyens ont été assassinés par ses sbires. Et les assassinats politiques se sont intensifiés depuis la campagne électorale. La seule réponse du Président-candidat NKURUNZIZA  a toujours consisté en la même rengaine trop souvent répétée pour être sincère.

 

De deux choses l'une: soit il est bel et bien le commanditaire principal de tous les assassinats d'opposants qui s'intensifient au jour le jour (auquel cas nous avons affaire à un psychopathe qui devrait se faire soigner), soit il est incapable de  contrôler  ses sbires qui en profitent pour se placer délibérément au-dessus de la loi (parce qu'ils se savent couverts). Dans les deux cas, NKURUNZIZA et son parti CNDD-FDD ont déjà perdu toute crédibilité pour mériter, ne serait-ce qu'un centième  d'un  second mandat. Il en va de la santé de tels gouvernants et de la vie des gouvernés!

 

Fort heureusement, une lueur d'espoir se fait de plus en plus sentir, j'en suis désormais persuadé: l'opposition politique est dirigée par des personnalités  beaucoup plus crédibles et plus responsables qui ont le soutien du peuple (dans son ensemble) et, accessoirement, de la communauté inter-régionale et internationale. Je lui fais confiance pour démontrer, pacifiquement mais fermement,  au CNDD-FDD que la fin de ce dernier au pouvoir n'est plus qu'une question de jours, en dépit de sa sauvagerie cautionnée par NKURUNZIZA en personne!

 

Les cinq séries de questions ne visent qu'un but : celui de faire prendre conscience à  NKURUNZIZA et à son camp l'impasse dans laquelle il est en train de mener son armée CNDD-FDD, déjà en débandade! Deux options possibles s'offrent à lui. Soit il prend le taureau par les cornes en donnant publiquement l'ordre à ses sicaires d'arrêter immédiatement les opérations criminelles pour que, enfin, les citoyens se sentent totalement en sécurité pour voter en toute liberté,  soit il s'expose, d'ores et déjà,  à comparaître devant la Cour Internationale de Justice de La Haye pour répondre de tous les crimes contre l'humanité perpétrés sous son régime. Dieu seul sait combien ils sont légion!

Qu'il prenne bien conscience  qu'aucune minorité politique ne peut imposer longtemps sa loi à une majorité politique, même par la terreur. Le gouvernement NKURUNZIZA  a beau nier la poursuite de sa folie meurtrière contre  des opposants à huis clos (c'est raté!), le dernier rapport accablant de « Human Rights Watch » vient de prouver le contraire ! L'objectif secret du CNDD-FDD est simpliste: il consiste à créer artificiellement (par la poursuite des assassinats d'opposants bien ciblés) un climat d'insécurité pour tenter désespérément d'empêcher le déroulement normal des élections, et ainsi s'arroger le droit de rester au pouvoir sans élections dont il redoute l'issue défavorable à NKURUNZIZA!  Nous prenons la communauté internationale à témoin, puisque le Président-candidat NKURUNZIZA n'arrête pas de faire assassiner ses opposants, tout en tenant un double langage: il fait de stupides calculs dont le peuple continue de payer un lourd tribut! A-t-il vraiment réfléchi? Vivement la date du  28/08/2010!

 

NZIBAREGA Bernard