SITUATION IMPREVISIBLE DE NOS MILITAIRES EN SOMALIE

Burundi news, le 26/02/2011

Par Gratien Rukindikiza

L'intervention des militaires burundais en Somalie est une bonne chose en soi. La Somalie a besoin d'une force internationale pour l'aider. Le Rwanda a senti le danger et a refusé d'y aller. Le Nigeria a promis mais traine les pieds pour envoyer ses militaires. Des discussions politiciennes au Burundi ont eu lieu à propos de l'envoi de cette force militaire. Si l'action était une bonne chose, le volet technique militaire pose un problème. Financièrement, les militaires burundais sont prêts à payer pour aller en Somalie.

Après moi le déluge, Siad Barre a laissé le déluge en Somalie

Après la chute de Siad Barre, la Somalie n'arrive pas à stabiliser son pouvoir. Deux Somalies ont été créées sans servir le peuple somalien. La Somalie a été pire que l'Irak pour les Américains. Des cadavres des Américains étaient tirés dans des rues de Mogadiscio. Les Américains ont quitté ce pays sans gloire.

La réunification de la Somalie n'a pas apporté grand chose au niveau de la sécurité. Le pouvoir actuel ne contrôle que quelques quartiers de Mogadiscio. Il doit ce contrôle aux forces de l'AMISOM.

L'enfer de Mogadiscio où nos forces cohabitent avec des rebelles d'El Shabab

Il y a des situations impensables dans l'art militaire qui se retrouvent dans cet enfer de Mogadiscio. Les rebelles d'El Shabab occupaient jusque cette semaine le ministère de la défense nationale, tenez-vous bien à 500 mètres des positions des militaires burundais. Des bombardements fréquents mettaient en alerte chaque fois les militaires burundais. Ces rebelles avaient pu se glisser entre deux positions militaires burundais. Le ravitaillement d'une position était un exercice périlleux; d'où une force importante pour le ravitaillement. C'est cette force dont nous ne pouvons pas préciser l'effectif qui a subi l'attaque meurtrière d'El Shabab. Une embuscade dans un  véritable killing ground, comme le disent les militaires. Un véritable carnage où les morts se comptent par dizaine. Nous nous garderons de publier le nombre de morts en laissant au  ministère de la défense de déterminer la manière de communiquer ce chiffre de morts.

Que faire, se retirer ou rester?

Le retrait est un aveu d'échec. Or, cette force a beaucoup contribué à stabiliser le pouvoir de Mogadiscio. Personne ne peut souhaiter le retrait dans les circonstances actuelles. Ce ne sont pas les pertes militaires qui peuvent influencer la décision de retrait. Politiquement, ce n'est pas une décision à prendre. Militairement, ça serait une décision suicidaire, à moins que les Ougandais acceptent de couvrir le repli par avion des militaires burundais. Les Ougandais ne pourront jamais l'accepter et ils se mettraient dans une situation difficile en l'absence des Burundais.

Rester en Somalie pose aussi un problème d'équipement. L'appui aérien est indispensable dans tous les déplacements dans Mogadiscio. Les fantassins, style classique burundais, ne sont pas adaptés à cet enfer somalien. Le combat en ville est très compliqué pour les armées régulières et aisé pour les rebelles. C'est d'ailleurs le style de combat qui est rarement enseigné dans les armées classiques qui s'attendent à des guerres frontales.

Les militaires tués en Somalie sont morts sur le champ de bataille. Ils méritent un honneur national. Un jour de congé en mémoire de ces militaires est nécessaire. La présence du chef de l'Etat lors de l'enterrement est un devoir patriotique. L'absence du Président à l'enterrement des militaires morts en Somalie lors de l'attaque du contingent burundais a été perçue par les militaires comme un manque d'intérêt du Président Nkurunziza à l'égard de l'armée.