LE CAUCHEMAR DES MANGEURS

 Burundi news, le 01/06/2016

Gratien Rukindikiza

L'homme de la préhistoire n'avait pas ni l'intention ni la nécessité d'entasser les biens matériels car il pouvait vivre de la cueillette et de la chasse. Il trouvait son bonheur dans la simplicité. Progressivement la possession a conquis les hommes. Il fallait posséder plus pour lever les troupes, pour conquérir d'autres territoires ou pour asservir d'autres gens.

Dans notre société moderne, on amasse des richesses dont on est incapable de consommer. Amasser juste pour montrer aux autres les signes de richesse. Amasser plus que les autres pour protéger de la pauvreté sa progéniture ou la rendre fainéante.

Le pouvoir attire non pas ceux qui ont la capacité et la volonté de servir la nation mais ceux qui n'ont pas la capacité et qui n'ont pas la volonté de servir la nation. Ceux qui ont la capacité et la volonté de servir la nation et qui sont au pouvoir  sont souvent à une étape cruciale où ils ne peuvent pas se dérober. Pour ceux qui veulent se servir au lieu de servir la nation, ils trouvent des courtisans prêts à applaudir et à se servir. Ces courtisans sont tellement pressés à tel point qu'ils peuvent partir de chez eux en laissant la maison brûler dans le but de montrer au chef qu'ils sont prêts à des sacrifices pour le servir.

Le cauchemar des mangeurs devant des cadavres

Au Burundi, Nkurunziza pousse le bouchon trop loin en ridiculisant quelques mangeurs.  Il suffit de voir comment les tutsi de Mutakura, Nyakabiga et Musaga sont soit tués; soit arrêtés; soit maltraités et de se dire qu'ils ont des oncles, cousins, tantes etc... dans le cabinet de Nkurunziza. Ces tutsi ont des frères au sommet de l'hiérarchie militaire. Et pourtant la machine à les broyer n'arrête pas.

Ces tutsi du pouvoir n'hésitent pas à condamner ces "rebelles de Musaga ou Nyakabiga", à se moquer d'eux du genre " qu'ils crèvent, ils cachent les combattants". Ces propos servent à convaincre le chef qu'ils sont toujours avec lui même s'il tue ses frères. Le matériel prime sur la famille.

Ces mangeurs ont souvent un cauchemar. Ce n'est pas le cauchemar des tutsi assassinés de Nyakabiga mais leurs limogeages de leurs postes et de se retrouver avec ceux qu'ils avaient abandonnés en suivant le sanguinaire.

Ils sont les chefs de l'armée et de la police et leurs familles en danger

Les deux chefs de sécurité les plus importants de l'ethnie tutsi sont :

* Le général de brigade Ndayishimiye, alias paysan est le chef d'Etat major adjoint de l'armée burundaise

* Le commissaire Ndayambaje est le directeur général de la police burundaise.

Ces deux officiers généraux ont en commun leur origine dans deux communes limitrophes et qui connaissent des violences de la police et de l'armée sans précédent.

Le général de brigade Ndayishimiye est originaire de la commune de Mugamba qui a manifesté contre le 3 è mandat et qui connaît beaucoup d'arrestations, disparitions et tueries faites par l'armée commandée par le même Ndayishimiye plus qu'il est le chef d'Etat major adjoint. Ses cousins, oncles, neveux, tantes se cachent dans les forêts pour se protéger des militaires dont un des chefs est leur fils, cousin ou oncle. Le général Ndayishimiye contemple impuissant le malheur infligé à sa famille élargie  et aux voisins.

Le commissaire de police Ndayambaje est originaire de la commune de Burambi. Cette commune est devenue un cimetière à ciel ouvert. Le sanguinaire Uwamahoro tue et pille comme il veut. Son chef n'est autre que le commissaire de police Ndayambaje dont ses oncles, tantes, neveux sont tués, d'autres maltraités par ce sanguinaire Uwamahoro sensé être aux ordres de Ndayambaje. Ndayambaje n'hésite pas à justifier la violence actuelle notamment quand il a été à Bangui. Le terme Kumusa, laver, est d'une application normale selon Ndayambaje. Oui, kumesa est tuer pour les imbonerakure. Que pouvait dire le mangeur Ndayambaje devant le ministre Bunyoni qu'il accompagnait!

Pour ceux qui aiment la tragicomédie, on dirait qu'on est dans une salle de théâtre. Incroyable tragédie qui va déboucher sur un génocide sous le commandement de ceux qui assistent impuissants aux massacres de leurs parents et amis en premier lieu sur leurs collines de naissance.

Tous les régimes ont eu des mangeurs. Les mangeurs qui ferment les yeux quand on tue les leurs. Les mangeurs qui ne s'excusent pas auprès des leurs quand la tempête est finie. Est-ce la tête qui trahit ou le ventre?

Les petits mangeurs sont aussi ces militaires burundais qui attendent leur tour pour aller en Somalie ou Centrafrique et qui n'osent pas sauver les leurs en les sacrifiant sur l'autel de l'argent des missions. 

A la Poli