CAUSERIE MORALE DES COMMANDANTS DE L'ARMEE, UNE GRANDE INQUIETUDE
Burundi news, le 02/04/2015
Par Gratien Rukindikiza
A 12 hrs 20 à Bujumbura, les images des mamans lançant les tomates en l'air au centre ville, les cartons rouges brandies contre le troisième mandat de Nkurunziza, les universitaires alignés avec des cartes rouges, les automobilistes klaxonnant devant les policiers perdus, montrent à quel point le raz le bol est grand. Un seul homme suscite l'inquiétude même parmi ses soutiens.
La grogne est aussi grande là on ne s'y attend pas. La grande muette a eu l'occasion de s'exprimer.
Une causerie morale qui manquait à l'armée depuis 5 ans, un moment d'expression libre
Les officiers étaient en colère contre le ministre de la défense nationale à qui ils reprochaient la complicité avec le pouvoir CNDD-FDD. Son silence était l'objet des discussions en petits groupes au ministère de la défense et aussi à l'Etat major de l'armée.
Les officiers savent que les causeries morales sont les seuls moments où on peut s'exprimer sur tout sans se faire gronder ou être poursuivi pour les questions posées. Les officiers commandant les unités et des services avaient beaucoup de choses à dire. Une haine contre qui? Qui pouvait en prendre pour son grade? Des ex Fab ou ex FDD remontés? La peur des uns de s'exprimer et la charge des autres qui ont la culture des causeries morales.
Salves de tirs sur le Président Nkurunziza
Les questions étaient intéressantes plus que les réponses à cette causerie morale du 01 avril 2015 à Bujumbura. Un officier a ouvert le bal par une remarque. Tous les problèmes de sécurité viennent de ces imbonerakure qu'ils sont en train d'armer. L'officier a continué en ciblant bien le Président Nkurunziza qui divise l'armée. Un exemple est la rencontre à Ngozi des officiers et qui est parti après à Mbuye rencontrer les seuls officiers ex FDD. Le ministre de la défense a pratiqué la politique de l'Autruche en esquivant la question.
Un autre officier a continué à parler de l'inquiétude face à ces imbonerakure qui s'arment et qui portent des tenues de combat devant tout le monde.
Un officier ex FDD a signalé un manque de communication et a dit que ce problème de troisième mandat inquiète et qu'il manque de communication sur ce fameux troisième mandat.
Un autre officier a demandé où sont passées les armes d'Adolphe Nshimirimana trouvées à Buterere. Le ministre a répondu qu'elles sont probablement à la Documentation, sans être convaincu lui même.
Un officier a demandé au ministre de collaborer davantage avec les médias.
Tirs de barrage sur le général Prime Niyongabo, chef d'Etat major de l'armée
Ces derniers jours, le chef d'Etat major Prime Niyongabo, un homme considéré par plusieurs officiers qu'il n'est pas à sa place, a eu un moment difficile. A entendre les officiers de l'Etat major, on se demande ce qu'il fait à l'Etat major de l'armée. Ni les compétences, ni l'incarnation du poste, ni le consensus, rien ne plaide en sa faveur. Sauf s'il faut convoquer à l'Etat major la dame gouverneur de Muramvya pour l'intimider pendant trois heures pour qu'elle accepte de soutenir le 3 è mandat de Nkurunziza.
Revenons à la causerie morale. Un officier s'est adressé au chef d'Etat major en ces termes : Mon général, chef d'Etat major, si ce qui est écrit sur internet est vrai, il faut arrêter rapidement, vous occupez un poste que vous n'allez pas occuper demain. Si ce qui est écrit est faux, faites alors un démenti. Il va de soi que le chef d'Etat major ne fera pas de démenti car il sait que des officiers ont vu entrer ces dames et que Burundinews dispose des preuves.
Le constat de cette causerie morale est que les officiers avaient envie de s'exprimer. C'est pour cela qu'ils ont insisté pour qu'elles soient régulières.
Le chef d'Etat major a adopté un profil bas car Adolphe et Bunyoni, ses mentors n'étaient pas là pour le défendre.
Il va de soi que le troisième mandat inquiète les officiers. Il paraît que c'est pire chez les sous officiers et hommes de troupe. Nkurunziza devra réfléchir avant de se prononcer. A moins qu'il soit .... Soit, nous respectons le délai que nous lui avons donné avant de publier son état de santé qui risque de précipiter le Burundi dans des massacres, voire un génocide.