Burundi news, le 16/06/2011

Par Gratien Rukindikiza

Recrutement au CELON : Lorsque l’ethnie prend le dessous sur la compétence

Interrogations sur l’intégrité du Chef de la délégation de l’Union Européenne

La saga du recrutement au CELON se poursuit avec ses blocages et ses magouilles. On le sait déjà, le recrutement est entaché d’irrégularités  et de pressions tous azimuts pour que ce soit essentiellement des hutus du parti CNDD-FDD au pouvoir, qui soient retenus. Pour le poste de Directeur, le Deuxième Vice Président a poussé l’audace jusqu’à demander à l’Union Européenne de laisser le pouvoir procéder à ces nominations. La Délégation de l’Union Européenne avait à l’époque opposé une fin de non recevoir en indiquant que tout doit être fait dans la transparence afin que les meilleurs gagnent. C’est d’ailleurs le pays qui gagne à promouvoir  la qualité au lieu de la médiocrité, le mérite au lieu du militantisme stérilisant.

Malheureusement,  même à l’Union Européenne tout n’est pas rose. Il a suffi d’un changement du Chef de Délégation, Alain Darthénucq,  parti en retraite et remplacé par Stéphane de Loecker, pour que le pouvoir trouve enfin une voie pour faire aboutir son plan, dans ce qu’on peut appeler sans l’ombre d’un doute, la pratique de l’exclusion politico-ethnique.  Comme le siège avait déjà pris position sur la procédure à utiliser, Stéphane de Loecker, a fait semblant de maintenir le cap mais des faits et gestes déjà posés montre qu’il utilise son influence sur le Bureau de recrutement, pour faire aboutir les desseins  pouvoir en place, dont il est désormais complice :

       Après le concours organisé par le bureau d’experts indépendants pour les chefs de services, De Loecker a accepté que les seconds, voire les troisième de la liste soient désignés. A quoi sert un  concours lorsque ce n’est pas le premier qui est retenu. Or de Loecker devrait savoir que dans les procédures de l’Union Européenne, les consultants ou bureaux retenus sont celles qui totalisent la meilleure note. Madame Francine Ngendahayo a été retenue en lieu et place de Charles KARERWA sorti premier pour le poste du Chef de Service Contrat Finance ; Pierre BAKEVYA, qui heureusement vient de se désister après avoir été retenu en lieu et place de Bonaventure Gakukwe , classé sorti premier.

       Le concours pour le recrutement du directeur, difficilement accepté par le pouvoir qui voulait nommer, est en cours. Mais à ce niveau déjà, certains éléments montrent que la main du pouvoir est en action par l’intermédiaire de Monsieur de Loecker. Tenez, le candidat SENTORE (ex premier Vice Gouverneur de la BRB) qui n’a pas les 7 ans d’expérience exigés par les termes de références, a été pourtant présélectionné pour concourir.    Il convient de rappeler que c’est le nom de SENTORE qui avait été proposé en nomination à la Délégation. De même les Termes de référence précisent que les candidats doivent avoir un diplôme universitaire en sciences politiques, droit, économie, gestion ou administration ; mais un certain Joseph GAHUNGU, ingénieur Agronome, a été autorisé à passer le concours.

       Le Burundi a signé des accords avec le Fonds Monétaire des accords qui demandent que toutes les personnes âgées de plus de soixante ans ne soient plus maintenues dans leurs postes. En acceptant des retraités de l’âge de Joseph  Ntanyotora et Fulgence Dwima Bakana Fulgence comme candidats, ces accords sont purement et simplement foulés aux pieds. Il est vrai que le Burundi est devenu la du non respect de la loi, mais dans ce secteur, ce n’était pas très habituel.

Selon des informations dignes de foi, la Ministre des Finances aurait demandé à son cabinet et aux experts de lui donner des gens capables sans prendre en compte des considérations qui divisent au lieu d’unir les Burundais. Toutefois les gens de sa classe politique ne l’entendent pas de cette oreille et ils auraient pu bénéficier de la bonne coopération de Monsieur De Loecker.

En fait, la différence entre la Ministre des Finances et ceux qui tirent les ficelles à l’ombre est que, elle sait qu’elle est redevable de résultats : elle doit réussir à mobiliser les ressources qui deviennent rares et que les bailleurs conditionnent de plus en plus au respect des règles démocratiques et de bonne gestion. Or, le dossier CELON, qui commence certainement à la fatiguer, est une autre épine qui témoigne de  dysfonctionnements de son Gouvernement.  Une autre question concerne l’indépendance  des experts de TRANSTEC.  Auraient-ils subi un trafic d’influence dans les dossiers SENTORE et GAHUNGU, y a-t-il eu des erreurs d’analyse, ou comme cela est vraisemblable, auraient-ils reçu des instructions, émanant de Monsieur de Loecker ?

Dans tous les cas, contrairement aux affirmations pompeuses du parti au pouvoir et du Gouvernement, selon lesquelles ils ont désamorcé la question ethnique, ce dossier, parmi d’autres, aura montré que l’esprit d’exclusion et la haine ethnique est encore une réalité au Burundi, en particulier dans les instances dirigeantes du pays. Ce qui est désolant, c’est  qu’un Ambassadeur représentant l’honorable « Union  Européenne », accepte d’entrer dans ce  jeu sectaire.