LE CNDD-FDD VEUT CORRIGER LES ERREURS DU DEBUT

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 01 janvier 2006

Nous venons de publier un communiqué du CNDD-FDD qui a attiré notre attention. Le communiqué confirme ce que nous avions déjà écrit. Tout régime a ses débuts que nous pouvons appeler « la maladie infantile du pouvoir ». Les premiers mois sont révélateurs. Ce sont souvent les militants les plus zélés qui arrivent à se faire caser. Leur incompétence et leur manque d' intégrité se révèlent après quelques mois d’exercice du pouvoir. Le Président Ndadaye avait constaté en octobre 1993 que certains de ses ministres méritaient d’être remerciés. Les erreurs étaient nombreuses. Un remaniement ministériel était prévu pour que les compétences soient affectées à de bonnes places. Le communiqué signé par le président du CNDD-FDD rappelle en d’autres termes que la récréation est terminée.

Après 4 mois de pouvoir, un remaniement ministériel est devenu un secret de polichinelle. Certains  partants sont déjà connus dans les salons de Bujumbura. Certains traînent des dossiers de corruption que nous avons dénoncés. Etant majoritaire et au pouvoir, le CNDD-FDD n’ a pas été tendre. Les termes sont clairs. Je ne reprendrai que ces deux points :

  1. Les dirigeants du nouveau gouvernement sont priés de ne pas se comporter comme certains des anciens régimes qui n’ont pas veillé sur la chose publique, comme par exemple, la mauvaise gestion de l’affaire Lubelsky, pour ne citer que cela ;
  2. Les responsables administratifs à tous les niveaux doivent savoir que la période de Transition - où les différentes nominations aux postes de responsabilité étaient basées sur l’appartenance politique - est révolue. L’expérience, le courage et la détermination doivent être privilégiés pour la mise en application du Programme politique que le Gouvernement vient de présenter à la Nation.

Le ton est lancé, les corrompus doivent quitter le gouvernement. Les incompétents doivent laisser la place aux compétents. Certains ministres ont démontré un problème de maîtrise de leurs dossiers surtout au moment où le Burundi avait besoin des hommes et femmes convaincants pour que les bailleurs de fonds aient confiance aux burundais.

Si le président du CNDD-FDD demande aux dirigeants du nouveau  gouvernement de ne pas se comporter comme certains des anciens régimes, le problème de corruption de certains membres du gouvernement est déjà connu. Il est décidé à l’éradiquer pour donner un bon signal de départ.

Ce communiqué est un signe avant précurseur d’un changement de gouvernement. Le peuple ne peut que pousser un cri de soulagement car certains comportements commençaient à lasser les burundais. Le changement est attendu et Radjabu a bien compris l’attente des burundais.

Comme tout pays, le Burundi a un avion présidentiel. L’avion du Président burundais est dans un état lamentable malgré la révision technique faite en Suisse vers les derniers mois du Président Ndayizeye. Certains se demandent s’il a été révisé ou s’il n’a fait que transporter les conseillers du Président Ndayizeye chargés de  déposer l’argent de révision sur un compte en Suisse. Pour des raisons évidentes de sécurité, le Président ne peut plus voyager dans son avion. La fierté d’un peuple et les multiples déplacements indispensables nécessitent un avion disponible pour un Président de la République. Est-il un luxe ? Tout dépend de son utilisation. Il est devenu un outil indispensable pour un pays. Sans avion, le Président est appelé à faire de l’auto stop ou à recourir à des avions de transport avec les nombreuses escales incompatibles avec la sécurité d’un Président.

Je n’ai pas l’intention de défendre l’acquisition d’un luxe pour un Président. Tant qu’il est Président du Burundi, il représente notre pays. S’il n’est pas respecté à l’étranger, c’est notre pays qui ne l’est pas. C’est pour cela aussi que la diaspora souhaite que les autorités burundaises se donnent la place qu’elles méritent. Il est difficile de supporter un cas comme ce hollandais qui entre en salle où le Président rencontre les burundais pour dire au chef du protocole que le Président doit libérer  la salle avant la fin des questions. Le pays ne manque pas d’argent pour payer une salle pour 3 ou 5 heures. Si le pays n’en est pas capable, les burundais de la diaspora pouvaient cotiser pour l’honneur du Burundi.

Espérons que les changements attendus correspondent aux attentes du peuple, seul détenteur du pouvoir. Les dirigeants ne sont que des serviteurs du peuple.