LE CHEF D'ETAT MAJOR DE L'ARMEE  AU SERVICE DE LA DOCUMENTATION

 Burundi news, le 12/04/2015

Par Gratien Rukindikiza

Le chef d'Etat major de l'Armée le général Prime Niyongabo est décidément à la une. La mission qui lui a été assignée lors de sa trahison du groupe des généraux frondeurs  est très compliquée. Serait-il prisonnier de cette mission reçue d'Adolphe Nshimirimana? Il a beau juré de ne pas s'impliquer en politique, la réalité est autre.

Un capitaine muté mais .....

Le capitaine Evariste Nkuyehasi était responsable de la sécurité de l'ancien chef d'Etat Major Niyombare. Il a été muté au bataillon des PM. Jusque là, tout allait bien, pour ce capitaine. Tout  change quand son ancien chef le général Niyombare a été limogé de la Documentation. Ayant travaillé avec ce général pendant plus de 6 ans, le capitaine était un habitué de la famille. C'est ce qui lui a valu une mutation à Mutukura. Je rappelle qu'une mutation à Mutukura dans ces circonstances est une punition déguisée. Cela date depuis l'installation d'un camp militaire à Mutukura à l'Est du Burundi. Les militaires à éloigner étaient mutés à Mutukura.

Contrairement à ce qu'a dit le porte- parole de l'armée, les mutations ne s'exécutent pas le jour même ou le lendemain. Quand une mutation sort comme on le dit dans la jargon militaire, il reste plusieurs procédures  avant de rejoindre son camp d'affectation. Son commandant de bataillon doit lui donner une feuille de route pour cette mutation. C'est ce qui n'était pas encore fait par son commandant de bataillon. Ainsi, le capitaine Nkuyehasi ne pouvait pas exécuter sa mutation. En plus, le bataillon de Mutukura devait envoyer ou l'Etat major, un camion pour son déménagement. Aucun militaire ne peut exécuter une mutation en prenant les transports en commun.

Le capitaine Nkuyehasi ne pouvait pas être arrêté du fait de la non exécution de la mutation. Les propos du porte- parole de l'armée ont fait sourire les officiers.

Il est bien clair que le capitaine n'a pas été arrêté pour cette histoire de mutation. Mais qu'est-ce qui peut se cacher derrière cette arrestation? Ah, le troisième mandat!

Le capitaine Nkuyehasi arrêté et livré à la Documentation sur ordre du chef d'Etat major Niyongabo

Le chef d'Etat major, le général Prime Niyongabo en coordination avec le patron de la Documentation, a ordonné l'arrestation en ville du capitaine Nkuyehasi. Il a été arrêté par des militaires en tenues; ce qui est rare comme mode d'arrestation d'un officier. Un capitaine arrêté par des militaires et sous mandat du procureur de la mairie de Bujumbura et livré à la Documentation, décidément le général Prime Niyongabo ne connaît pas le règlement intérieur de l'Armée.

Le chef d'Etat major a commis plusieurs fautes. D'abord, il a organisé l'arrestation d'un officier sans informer son ministre de la Défense. Une erreur monumentale. Ensuite, il a fait arrêter un officier en pleine ville, ridiculisant son corps d'armée au lieu de le convoquer à l'Etat major et lui signifier son arrestation. Il a livré le capitaine à la Documentation tout en sachant que la Documentation n'a aucune compétence judiciaire pour juger ou interroger un capitaine sur des infractions de droits communs. En plus, l'infraction commise par ce capitaine est devenu secret, voir inconnue.

Le vrai mobile de cette arrestation

Au moment de l'arrestation, le capitaine Nkuyehasi avait la voiture du général Niyombare. Les militaires envoyés croyaient qu'il était avec Niyombare. A son arrestation, le procureur en mairie de Bujumbura a apporté tout de suite le mandat d'arrêt, une histoire de couvrir la bêtise du chef d'Etat major de l'Armée.

Le chef d'Etat major est toujours en mission commandée. Il était en coordination avec le chef de la Documentation et Adolphe pour fragiliser Niyombare ou éventuellement son élimination.

Du temps du général Niyoyankana, il avait interdit qu'un militaire soit interrogé à la Documentation. Aujourd'hui, tout a changé. Une loi sortie en 2011 autorise la juridiction civile d'arrêter et d'interroger un officier. La décadence de l'armée et aussi une façon de mettre l'Armée à la merci de l'arbitraire judiciaire en vogue au Burundi. Par ailleurs, rien n'autorise l'Armée à livrer un officier à la Documentation sachant qu'il va être torturé. Eh l'honneur des officiers mon général!

Le jour où le général Prime Niyongabo comprendra sa vraie mission, la grandeur du corps qu'il est sensé diriger, les militaires seraient fiers. Pour le moment, Prime Niyongabo est à l'écart de l'Armée et l'Armée le considère comme n'étant pas le leur. Probablement qu'il voudrait prendre la place de Steve à la Documentation et son excès de zèle serait la conséquence.