LE POUVOIR CHERCHE DES JUGES POUR JUGER LES FAUX PUTSCHISTES
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 03 octobre 2006
Quand la justice éternue, c’est la société qui s’enrhume. Au Burundi, la justice n’existe plus. Elle a été absorbée par le pouvoir de Radjabu. Dans son putsch imaginaire, Radjabu tient à faire incriminer des innocents. Les 6 faux putschistes n’en sont pas à leur fin. Des anciens dignitaires traînés à longueur des journées devant le palais de la justice, pardon de l’injustice, sans être jugés, n’honore pas le Burundi.
Dans un récent article, j’ai fait état de l’existence des fausses preuves fabriquées pour faire condamner Kadege, Ndayizeye, Ndarisigaranye, Rufyikiri, Mugabarabona et Déo Niyonzima. Les juges manquent à l’appel pour participer à une parodie de justice. La décision de maintien en prison avant le jugement a été contestée par les prévenus et ont fait appel. Jamais dans l’histoire de la justice, on a vu les mêmes juges en premier jugement et en appel. Sur trois magistrats, deux ont déjà siégé dans le même jugement. Ancille Ntakaburimvo et Domina Banyakimbona ont été récusées par les prévenus avec raison. Ce sont les mêmes juges qui vont se juger pour dire s’ils vont siéger en appel.
Ce n’est pas par mégarde que la justice fait juger la même affaire en premier ressort et en appel. Il ne s’agit pas du jugement du fond de l’affaire mais du maintien ou pas en prison dans le cadre de la détention provisoire. Le ministère de la justice a des problèmes pour trouver des juges à la solde de Radjabu. Il ne s’agit pas d’une mince affaire pour le pouvoir. Si les prévenus sont libérés faute de preuves, les têtes doivent tomber à la Documentation et au parti. Ceux qui auront induit en erreur un Président de la République peu regardant, devront être punis.
Les juges seront au four et au moulin. Le pouvoir leur demande de fournir les preuves de ce faux putsch. Chaque fois que des preuves sont demandées, la réponse est claire : « C’est la justice qui les fournira ». Je défie quiconque, citoyen ordinaire, de se présenter devant la justice en disant que son voisin voulait le tuer et demander à la justice de fournir les preuves, de me dire qu’il ne risque pas la prison. Or, c’est le cas inverse. Le pouvoir emprisonne sans preuves et demande à la justice de se débrouiller. Il est alors difficile de trouver des magistrats magiciens. Je crois que les deux métiers ne sont pas proches.
Aujourd’hui, le pouvoir emprisonne Ndayizeye, Kadege et autres. Demain, Radjabu jettera en prison ceux qui sont à son service. Certains cadres du CNDD-FDD refusent de voir la réalité en face, préférant la myopie. Des innocents croupissent en prison, demain, ils auront leur tour, emprisonnés par le même pouvoir de Radjabu. Sans aucun doute, ils solliciteront de l’aide à ceux qu’ils ont ignorés. Gahanga wishwe n’iki n’aura pas peur de se défaire de ses anciens amis ambitieux et gênants. Le pays fonce tout droit contre le mur. Les Burundais doivent se réveiller. Le patriotisme n’est pas de subir sans broncher. La peur n’a sauvé personne. Elle emprisonne et rend esclave. Le pays appartient aux Burundais et personne ne l’a acheté.
Il y a un proverbe qui dit que quand la barbe de ton voisin prend feu, il faut penser à mouiller la tienne.