LE CHOMAGE SERA LE NOUVEAU FLEAU BURUNDAIS

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 08 mai 2005

Le travail ennoblit l’homme. Les burundais ne sont pas habitués à ne pas travailler. Le travail était presque  un droit  avant 1994 . Les finalistes étaient embauchés dans la fonction publique ou  dans le secteur privé. La politique d’ajustement structurel prônée par le FMI et la banque mondiale, une vrai politique néocolonialiste, avait poussé le gouvernement à arrêter les embauches dans certains secteurs publics.

Le burundais qui n’avait pas fait les études pouvait choisir entre plusieurs métiers si on y inclut celui de l’agriculture. Aujourd’hui, la terre devient de plus en plus rare dans certaines régions. L’exode rural a vidé certaines localités au profit de la ville de Bujumbura. Ces nouveaux venus dans la capitale sont condamnés au chômage  ou aux petits boulots alors que la terre manque de bras dans certaines provinces.

Les finalistes des écoles techniques et universitaires ne trouvent plus de travail car la machine à fabriquer les fonctionnaires ne s’est pas adaptée au changement. L’université continue à former de futurs fonctionnaires ou cadres dirigeants des sociétés paraétatiques. Elle forme de futurs chômeurs et n’a aucun système d’accompagnement.

Le pouvoir va se retrouver devant un sérieux problème. Le chômage sera à la base de plusieurs maux  en occident. Il est difficile de combattre le chômage quand il est déjà une réalité. Par ailleurs, le Burundi n’est pas encore au point critique. Des mesures peuvent être prises pour créer un environnement propice à la création d’emplois. Le chômage est aussi un manque à gagner de l’Etat car les chômeurs ne paient pas d’impôts, consomment moins, donc moins de TVA pour l’Etat etc…

Il est grand temps que les dirigeants arrêtent ce regard méfiant à l’égard de jeunes entrepreneurs qui ne sont pas à leur solde. La lutte contre le chômage passe par la création d’emplois dans le secteur privé. Tout le monde sait que l’Etat est un mauvais gestionnaire. Personne n’a mis l’argent dans les fonds propres et une société sans associés est souvent mal gérée. L’Etat pourrait encourager les banques à prêter de l’argent aux porteurs de projets viables  sans ressources tout en mettant en place un mécanisme de garanties et de suivi des projets pendant les deux premières années.

En luttant contre la corruption et en adoptant un train de vie relativement moyen, l’Etat pourrait récupérer de l’argent pour financer certains grands travaux qui créeront beaucoup d’emplois. Il peut aussi embaucher des fonctionnaires avec des missions bien précises notamment la relance de la production économique et la formation aux métiers. Le pays manque énormément d’infirmiers et de secouristes. Le secteur médical pourrait embaucher par l’ouverture des dispensaires proches des citoyens financés par l’argent qui servait à acheter les armes et à payer les primes aux militaires.

Améliorer les techniques agricoles permettrait aussi à créer des emplois car certains chômeurs non qualifiés de la capitale seraient attirés par les revenus à tirer de l’augmentation de la production agricole. Les paysans auraient un revenu conséquent et pourraient améliorer leurs logements et augmenter la consommation des biens et services. Le pays aurait alors besoin des micro projets pour répondre aux besoins inassouvis. Certains projets devaient même anticiper la demande selon le principe de l’ offre qui crée la demande.

La lutte contre le chômage est une vraie politique nationale qui doit faire appel non seulement au pouvoir public, mais aussi au secteur privé et à la société civile. L’école devrait- être aussi sollicitée pour former des futurs porteurs de projets, capables de créer une activité ou même les emplois dans les sociétés. Ainsi, au lieu de demander du travail, ils proposeraient des projets qui permettraient de générer une valeur ajoutée à la société.

La paix permettra sans aucun doute un investissement important de la part de l’Etat et des privés. La balle sera dans le camp du pouvoir qui devra harmoniser les actions créatrices d’emplois et orienter les entrepreneurs vers les secteurs non explorés comme les services dans le monde rural.