LE CIEL EST TOMBE SUR LE PRESIDENT NKURUNZIZA

Burundi news, le 24/03/2014

Par Gratien Rukindikiza

Il y a des jours que le Président Nkurunziza doit se demander comment il va gérer son avenir politique. La force policière et des milices ne suffit pas. La politique est avant tout l'art de comprendre les autres plutôt que de les intimider. Tout pouvoir qui a régné par la terreur est tombé par la même terreur.

La hantise du 3 è mandat

Le fameux troisième mandat hante le Président Nkurunziza. Tout chemin mène à Rome, pourvu qu'il puisse se présenter en 2015 pour un 3 è mandat. Les accords d'Arusha et la constitution lui interdisent de se présenter pour un 3 è mandat. Ces mêmes accords d'Arusha sont dans le collimateur de l'aile extrémiste hutu du CNDD-FDD sur le partage du pouvoir avec les tutsi. Ainsi, les deux ennemis sont à abattre. Deux voies étaient possibles : Le référendum et  le vote au Parlement toutes les chambres réunies au 4/5. Le référendum est très risqué et il y a un problème financier et organisationnel.

Au nom de ce 3 è mandat, l'opposition tolérée sera celle façonnée par le même CNDD-FDD, à travers les partis nyakuri, une sorte de duplicatas.

L'arroseur arrosé au Parlement

Le projet de  constitution proposé a été présenté le vendredi 21 mars 2014 au Parlement après plusieurs semaines de négociations. Le pouvoir avait besoin de 85 voix pour afin de faire passer la nouvelle constitution au 4/5. Le CNDD-FDD a en tout 81 députés et sénateurs. Les Twa ont 3 sièges. Les élus du Frodebu Nyakuri ont dit non aux différentes sollicitations du pouvoir car ils refusent le 3 è mandat du Président Nkurunziza. Les Upronistes sont dans une situation d'amour haine. Le pouvoir était à la recherche d'un traître de son camp. Un député a souvent joué le cavalier solitaire, c'est Bonaventure Niyoyankana. De l'Afrique du Sud en mission, il a été rappelé pour voter cette constitution. La tâche n'a pas été facile. Encore une fois, ce député inclassable de l'Uprona a joué le trouble fête. Au moment du vote, il a choisi la sieste, tous téléphones éteints. C'est la seule voix qui a manqué au CNDD-FDD pour faire passer la constitution.

Quant aux Twa, ils ont négocié dur un poste ministériel. Nkurunziza ne peut pas reculer devant toute personne qui peut l'aider à rester au pouvoir. Les Twa ont alors voté le projet de constitution.

Le projet de constitution a été rejeté par le Parlement, les autres voies de sortie ne sont pas nombreuses. Le ministre de l'intérieur a évoqué à la sortie de l'Assemblée Nationale d'organiser un référendum. En tant que juriste, il a mal interprété la constitution burundaise. Un seul projet de constitution ne peut être révisé par l'article 300 qui prévoit la voie du Parlement et l'article 298 qui prévoit un référendum. C'est l'un ou l'autre. Les élus ont rejeté le projet de constitution et on ne peut pas demander à ceux qui les ont choisis de dire le contraire. C'est comme si le peuple par voie du  référendum rejetait le projet de constitution et que le Président le remettait au Parlement.

Le projet de constitution est mort enterré juridiquement. Le CNDD-FDD a eu le loisir de faire connaissance et l'amitié avec le fossoyeur de la constitution en la personne de Bonaventure Niyoyankana.

La sortie

Même si le Président voulait violer la constitution, il aurait un problème de financement de ce référendum. Aucun pays ne pourrait le financer et le Burundi n'a pas les moyens financiers pour le faire.

Comme il a déjà envoyé le projet de constitution au Parlement, il ne pourra pas le représenter avant mars 2015. Soit il devra patienter; soit il devra négocier avec l'opposition pour harmoniser la lecture de la constitution. En d'autres termes, le Président Nkurunziza devra comprendre que son jeu a échoué et le profil bas serait son meilleur allié.