Centre Indépendant de Recherches et d'Initiatives pour le Dialogue

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Réf. : 10/CIRID/06

Genève / Bujumbura, le 22 août 2006

 

A son Excellence M. Pierre Nkurunziza

Président de la République du Burundi

A Bujumbura

 

Concerne :            Proposition d’alternatives à la crise politique actuelle

Excellence,

Face au climat politique difficile que vit notre pays en ce moment, le Cirid, association indépendante spécialisée dans la création d’espaces de communication pacifique, vient vous suggérer d’adopter un processus de dialogue national, général et global, qui viendrait aider à décrisper les esprits inquiets devant la multiplication – réelle depuis plusieurs mois - des facteurs d’instabilité.

Nous avons en effet le sentiment que l’environnement créé par  la tentative présumée de coup d’Etat et les réactions qu’elle a suscitées mérite une réponse complémentaire à votre discours des derniers jours. D’une part, nous avons le sentiment que les Barundi font de moins en moins confiance à leurs dirigeants. D’autre part,  alors que la pauvreté dans nos collines atteint des dimensions phénoménales, notre pays perd de plus en plus d’amis au moment où nous en avions besoin pour réaliser la reconstruction et pour penser les blessures.

Au Cirid, nous sommes même convaincus que des stratèges du chaos pourraient chercher à profiter de cette crise pour chercher à occulter l’importance de dossiers encore non élucidés et dont la gestion conditionne notre avenir commun. Il en est ainsi de ceux liés aux crimes de sang impunis et aux milliers de cas de détournements vieux de plus de dix ans et qui n’ont jamais reçu de suites judiciaires.

Alors même que l’opposition politique divisée et dispersée peine à proposer des pistes alternatives, il nous semble aussi que certains dans votre entourage voient nombre de critiques, par exemple, celles qui rappellent le respect des droits humains, une sorte de règlement de compte qui viserait le parti présidentiel en tant que tel. D’autres tendent à minimiser l’impact que réalisent certaines situations comme celles liées aux pratiques de mauvaise gouvernance au lieu d’y prêter bonne oreille. D’autres encore semblent se persuader que « le tout répressif » va régler toutes les urgences dans ce pays où les esprits ont été « minés » par cette longue période d’instabilité, dans l’une des régions les plus sensibles d’Afrique.

Notre organisation estime, pour sa part, que bien des voix contestataires crient un certain désespoir devant ce tournant délicat d’inconnues. Nous constatons fort heureusement qu’il existe des opportunités pour y faire face.

Fort de son expérience et de son expertise, notre Centre est en effet convaincu qu’une  concertation qui serait initiée à l’échelle nationale, accordant la place à tous les pans de la société, pourrait contribuer à détendre l’atmosphère.

C’est au cours de ce dialogue que seraient examinés les moyens de renforcer les acquis politiques, par exemple, le respect de la volonté populaire en tant que gage de légitimité pour les institutions ou de mettre fin définitivement à la guerre. C’est aussi au cours de cet échange que des urgences telle que la mise en place de la Commission Nationale Vérité et Réconciliation, la plus attendue de toutes les instances à venir, pourrait faire l’objet d’un examen plus représentatif et plus approfondi.

Cette initiative de dialogue national, elle revient évidemment à Vous, Monsieur le Président de la République, Vous en tant Chef élu au terme d’un scrutin que personne n’a contesté. Le Cirid enseigne que notre peuple a le devoir civique de vous manifester un respect non négociable, étant entendu qu’en contrepartie, chaque citoyen doit se sentir protégé dans ses droits par votre pouvoir de Magistrat suprême.

Quant au parti dont vous êtes issu, il pourrait, dans l’intérêt général bien compris de notre Nation, se mettre à fédérer les autres forces sociales et politiques, sans en exclure aucune, autour de cet idéal de dialogue national. Ses leaders ne pourraient qu’en récolter des fruits et la Nation leur en serait longtemps reconnaissante surtout en ce moment.

C’est sous cet angle qu’une réconciliation avec les dirigeants des autres forces politiques, les professionnels des médias et les activistes du mouvement associatif ainsi que toutes les sans voix burundaises intéressées est perçu non point seulement comme une nécessité… Mais une urgence.

Au Cirid, nous proclamons ici solennellement – sans aucun agenda secret, avec toute l’indépendance et l’objectivité qui nous caractérisent - notre disponibilité pour collaborer à relever ce défi. Car nous sommes pertinemment convaincus que les Barundi veulent de ce dialogue.

Nous sommes sûrs que cet appel pourrait être entendu s’il est lancé et que des moyens pour y parvenir ne manqueraient pas. Nous avons développé nos motivations au travers de notre analyse à ce sujet dans un mémorandum ci-joint (voir www.cirid.ch, qui apporte aussi la lumière sur nos capacités).

Si vous le jugez utile, nous sommes évidemment à votre disposition pour apporter des détails pratiques sur nos propositions en faveur de ce dialogue.

Nous vous en supplions, Monsieur le Président, faites quelque chose, le temps presse.

Avec tous nos respects.

 

Déo Hakizimana

Président du Cirid

 

CC à :

-          Honorable Immaculée Nahayo, Présidente de l’Assemblée Nationale

-          Honorable Gervais Rufyikiri, Président du Sénat

-          Son Excellence M. Martin Nduwimana, Premier Vice Président de la République

-          Son Excellence Mme Alice Nzomukunda, Deuxième Vice Présidente de la République

-          Messieurs les Présidents des Partis ayant des Députés à l’Assemblée Nationale

A BUJUMBURA