Burundi news, le 02/04/2008

La classe politique burundaise…

Par The Leadership Institute

En pleine crise politique à l’Assemblée Nationale, et à la veille des élections de 2010, il nous appartient de passer en revue la classe politique burundaise que nous allons essayer de subdiviser en plusieurs catégories, dans les lignes qui suivent :

1.     Les Technocrates : dans cette catégorie, nous classons tous les politiciens dont la carrière politique dépend de la durée du poste qu’ils occupent. Ce sont normalement toutes les personnes nommées pour occuper des postes politiques importants non pas pour leur « poids » politique mais comme des technocrates ou pour leurs affinités avec certains dirigeants. Ils n’ont généralement jamais été des élus du peuple à quelque niveau que ce soit. Souvent absents de la lutte politicienne proprement dite, ils disposent d’un certain pouvoir de par leurs fonctions et sont communément considérés comme des politiciens. Ils n’accordent une importance au Parti que pour ce qu’ils peuvent en retirer et sont caractérisés par la contumace politique. On les a vus tantôt pro-Buyoya, tantôt pro-Frodebu et aujourd’hui des membres virulents du CNDD FDD. La fragilité de leur engagement politique les transforme en de véritables adeptes de l’enrichissement facile et rapide. Ils jouent sur leurs positions pour se faire un nom du point de vue de leur expérience dans la gestion, qu’on dirait plutôt leur expérience à se maintenir dans des postes juteux.  Considérés comme des cadres du Parti à part entière, ils n’hésitent pas quand leurs intérêts sont en jeu à abandonner l’idéologie et le mot d’ordre de leur Parti pour pencher vers la position pour laquelle leurs intérêts personnels seront sauvegardés, au détriment de ceux de leur formation politique. Ce qui constitue une vision à court terme qui compromet l’avenir et la consolidation des partis politiques burundais. C’est aussi sur eux que compte le CNDD FDD pour résoudre la crise au Parlement, au détriment de la cohésion de ces partis.

 

2.     Les Politiciens fondateurs des partis politiques : l’instauration du multipartisme politique au Burundi a permis l’éclosion de plusieurs partis politiques à connotation ethnique qui ont constitué les fameux G7 et G10 lors des négociations d’Arusha. Souvent sans une véritable assise populaire, ces partis ont vécu une déconfiture totale depuis les élections de 2005 comme si les idées qu’ils défendaient ne tenaient qu’à leur participation au gouvernement ou dans les instances de gestion du pays. Les leaders de ces partis brillent aujourd’hui par leur absence totale de la scène politique. Réalisme politique ou politique d’intérêt ? D’autres qui ont pu se faire même une petite part dans les élections de 2005 ont été embarqués par le Parti au pouvoir afin de bénéficier de quelques postes et n’hésitent pas aujourd’hui à gober tout ce que le CNDD FDD propose, légal, illégal, moral ou immoral (le MRC). Ces partis savent ne jamais pouvoir compter sur leurs propres forces et jouent les « opportunistes » à merveille. Malheureusement, ils risquent de saper leur crédibilité politique en endossant toutes les erreurs du CNDD FDD en décadence.

 

3.     Les Hommes du Peuple : ce sont les politiciens qui tiennent leur autorité du peuple. Ce sont ceux qui tirent leur parti politique, c’est-à-dire sur qui leur parti compte pour avoir des électeurs dans telle ou telle région ou même sur le plan national. Ces hommes, à eux-mêmes, constituent un fonds de commerce pour leurs formations politiques. Ils ont pu établir une certaine relation avec une frange de la population burundaise qui identifie son idéologie à leur leadership personnel. Ainsi, on peut citer Bagaza avec une certaine partie de la population tutsi de Bujumbura, Nyangoma au sein du CNDD et plus particulièrement avec la population de la province de Bururi, Buyoya dans une certaine mesure dispose aussi d’une certaine popularité. C’est aussi et surtout Hussein Radjabu dont la force politique et sa popularité personnelles lui valent aujourd’hui de rester en prison depuis près d’une année. Ce genre de politiciens sont généralement des hommes charismatiques qui sont susceptibles de renforcer ou de réduire la cohésion politique de leurs formations politiques. Ce sont aussi des hommes de valeur et constants dans leurs convictions politiques. Ils ne sont généralement pas demandeurs de postes politiques et cela se traduit par leur constance et cohérence politiques. On imagine ce que deviendrait le CNDD sans Nyangoma, ce que deviendrait le PARENA sans Bagaza et on voit ce qu’est devenu le CNDD FDD depuis la destitution de Hussein Radjabu.

 

4.     Les Hommes de conviction : c’est une autre catégorie d’hommes politiques présents dans presque tous les partis politiques et fidèles à leurs principes politiques. Ils sont peu manipulables et n’hésitent pas à changer de partis dès qu’ils estiment qu’il y a trahison des principes pour lesquels ils avaient adhéré. C’est une espèce rare mais qu’il vaut mieux avoir avec soi que contre soi, car ils représentent parfois la face morale de la formation politique. Malheureusement, ils sont souvent minorisés et n’arrivent pas à prendre le contrôle de leurs formations politiques. Nous citerons certains noms comme Jean Marie NGENDAHAYO, Charles MUKASI, Gabriel SINARINZI, etc.

 

Nous vous laissons le soin de classer les uns et les autres dans ces catégories. Mais une question subsiste : comment classer ces généraux qui passent aujourd’hui pour les cerveaux politiques du parti CNDD FDD ?

 

Comment classer un Jérémie NGENDAKUMANA qui fut Chef du Protocole, Ambassadeur puis Président du Parti CNDD FDD ? Est-il vraiment à sa place à la tête de ce qui fut le plus grand parti du Burundi ? Quelle serait sa valeur politique personnelle s’il venait à perdre son poste ? Même question pour Adolphe NSHIMIRIMANA, Evariste NDAYISHIMIYE, Pie NTAVYOHANYUMA, Alain Guillaume BUNYONI, NSESEMA, Denise SINDOKOTSE etc…C’est ce baromètre que nous vous invitons à prendre pour tester de la force politique des dirigeants actuels du CNDD FDD en vue des élections de 2010 au cours desquelles il apparaît de plus en plus certain que le CNDD FDD ne va pas présenter le Président NKURUNZIZA comme candidat. Il ne restera à ce dernier que la voie de tester sa propre popularité en étant candidat libre comme cela semble se préparer.