Le CNDD-FDD, la justice Internationale est déjà à ta porte

Burundi news, le 16/04/2014

Par MUSHENZA ANGERO

Faisant la politique devant les fourches caudines de la justice internationale, le régime CNDD-FDD s’est enfermé dans son arrogance et sa tour d’ivoire. Croyant que tout lui était permis, jouant à l’enfant gâté de la communauté internationale parce que l’envoi des troupes burundaises et leur parfait comportement lui donnait un blanc seing pour commettre toutes les turpitudes. De ce fait, le pouvoir dans son immense naïveté pensait que les autres allaient fermer les yeux.

Nenni. Le CNDD-FDD a conquis le pouvoir et n’a pas su l’exercer sauf créer des lois liberticides et faire taire toutes les voix discordantes. Quand des critiques s’élèvent à l’intérieur pour les redresser, le régime crie à la chasse aux sorcières. La société civile burundaise et les medias indépendants sont indexés de faire un fonds de commerce du grossissement et de l’exagération des bavures des forces de l’ordre, dans le but d’obtenir des financements des bailleurs de fonds. Au lieu de nettoyer ses écuries d’Augias, le Gouvernement va chercher la paille dans les yeux des activistes des droits de l’homme au lieu de  chercher la poutre de la mauvaise gouvernance et de graves violations des droits de l’homme, de la corruption dans les siens. Entretemps, l’envoyé spécial du Président Obama dans les Grands-Lacs, la chef de la diplomatie de l’Union Africaine Européenne, le Vice-Premier Ministre  belge, la Haut Commissaire des Nations Unies et l’Ambassadeur Samantha Power Représentante Permanente des Etats Unis auprès des Nations-Unies et d’autres voix s’élèvent pour tirer la sonnette d’alarme. Le Burundi est au bord d’une crise grave rappelle le diplomate américain et les autres officiels d’indiquer les clignotants rouges de cette descente aux enfers.

Le premier, le verrouillage de l’espace démocratique avec un Parlement qui vote des lois liberticides et un pouvoir qui interdit la jouissance et l’exercice des libertés politiques, dont celles d’expression, de réunion et de manifestation. Pour toute réponse, le régime fonctionne comme un disque rayé et répète la même chose que tout va dans le meilleur des mondes, il ne s’agit que d’une exagération de simples faits.

Le second et non des moindres, la création des milices qui sèment la terreur, tellement qu’on se croirait dans le décor macabre du Rwanda de l’avant-génocide.

Tant qu’ils contrôlaient et contrôlent la police, la justice et l’armée, ils ont pensé qu’ils avaient droit de vie et de mort sur leurs citoyens. Cependant gérer un Etat moderne exigent d’autres compétences que presser seulement sur la gâchette. Exercice bien mené le 8 Mars 2014 à la permanence du MSD quand la police a tiré à balles réelles sur des jeunes militants de l’opposition très pacifiques. Le lendemain du porte-parole du Gouvernement en passant par les acolytes du pouvoir dont Jacques Bigirimana et Concilie Nibigira jusqu’au Conseil National de la sécurité dirigé par le propre président de la République, tous ont chanté en chœur les hauts faits d’armes de la police. Cette dernière était félicitée pour avoir accompli un excellent travail.

Néanmoins, tous ces sycophantes ont crié trop tôt victoire. Aujourd’hui, l’étau se resserre autour d’eux, l’arrogance commence à baisser de ton et la peur change de camp.

Contrairement au Rwanda en 1994, 20 ans après la Communauté internationale à tirer les leçons du passé et l’ONU vigilante lance des avertissements clairs aux décideurs burundais. S’ils ne s’arrêtent pas, cette spirale de violence et ce déni des droits fondamentaux et des libertés publiques, ils vont être traînés devant la justice internationale.

Pourtant, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le chaos et le désordre sont commandités et orchestrés par un cercle restreint de « parrains » dans le jargon maffioso, qui prend en otage le parti CNDD-FDD.

Une formation abonnée absente à la dernière rencontre de Samantha Power avec les partis politiques. Jacques Bigirimana et Concilie Nibigira en bon auxiliaire ont suivi la voix de leur maître. Une telle démarche reste suicidaire parce que le Burundi n’est pas une île. Il se trouve animé à la Sous-région en particulier et au monde en général. Et ce n’est pas pour rien qu’Adama Dieng le Conseiller Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies pour la prévention du génocide a été dépêché au Burundi et a rencontré par la suite les dirigeants de la sous-région.

Le pouvoir de Bujumbura a raison de faire profil bas comme l’a montré les Ministres de la Sécurité Publique, de la Justice et de la Défense dans la conférence de presse co-animée ce 11 Avril 2014. Pour cause, l’histoire a montré que la recherche de protection d’un système qui ne respecte pas la loi produit l’effet inverse. Ce système tombe plutôt que prévu et emporte ceux-là même qui cherchent à le maintenir. Et les exemples abondent : Juvénal Habyarimana, Mobutu Sese Seko, Laurent Gbagbo et Dadis Camara.

Il n’est jamais tard pour bien faire. Urgemment les décideurs peuvent et doivent se désolidariser avec les ultras de leurs camps. De cette manière, ils vont sauver leur peau, l’avenir de leur formation politique et celui du pays. Aussi, leur sera-t-il donné une possibilité  de revenir plus tard jouer encore dans la cour des grands !

Aujourd’hui, l’heure a sonné. Les militants du CNDD-FDD de concert avec les hauts cadres du parti non complices de ce bordel criminel sont appelés à reprendre la main et renverser la vapeur. Par là, se lever comme un seul homme et refuser d’être pris en otage par un petit groupe dont le destin fatal est déjà scellé dans les geôles de la Haye. C’est à eux et à eux seuls de choisir. Avant que le navire ne sombre avec eux dans les eaux abyssales du crime politique organisé.