CNTB ET SERAPION

Burundi news, le 21/06/2013

Par Gratien Rukindikiza

La commission nationale des terres et autres biens est devenue une grande préoccupation des Burundais et aussi des médias. Cette commission existait déjà il y a plusieurs années. Depuis l’arrivée à la présidence de cette commission de Sérapion Bambonanire en remplacement de  Kana, la situation a beaucoup changé négativement. Avant, cette commission travaillait dans la grande sérénité avec des résultats.

Sérapion Bambonanire a tout changé. Il a véhiculé ses idées, idées orientées vers une sorte de vengeance contre ceux qu’il considère ne pas mériter d’être défendus dans sa mission. Ceux qu’il appelle les spolieurs.

Qui est Sérapion Bambonanire?

Toutes les critiques de la CNTB désigne un homme, de surcroît un homme de Dieu, Monseigneur Sérapion Bambonanire. Il a représenté le pape en Amérique latine. Il a travaillé en Sicile en tant que curé.

Sérapion Bambonanire a été ordonné prêtre au Rwanda du temps du Président Habyalimana. Lors de la rébellion du CNDD-FDD, Sérapion Bambonanire était revenu au Burundi à Musigati. Les renseignements militaires disaient qu’il conservait des armes pour la rébellion du CNDD-FDD basée dans la Kibira. C’est pour cette raison qu’il a été la cible de l’armée. Il a quitté sa paroisse pour une courte période et a séjourné dans la rébellion. Certains affirment qu’il assurait les services religieux de la rébellion. Il a failli être arrêté dans la Kibira à Nyenkange, non loin de Muramvya par les militaires.   Il est parti après au Congo et puis en Tanzanie pour rejoindre l’Italie.  

Aujourd’hui, Sérapion Bambonanire habite à Bujumbura à Kigobe, en dehors des paroisses et ne célèbre pas la messe. Certains curés contactés ne souhaitent même pas le voir dans leurs paroisses pour célébrer la messe. Ceci pour dire que son impopularité est au point qu’il est devenu lui-même un problème.

L’église catholique hésite pour entrer en affrontement avec Sérapion Bambonanire car elle craint sa réaction.

Les mauvaises langues disent que …

Sérapion Bambonanire aurait refusé au Président Nkurunziza d’arrêter sa ligne divisionniste de la CNTB. Il lui aurait dit que s'il  (Nkurunziza) décide d’arrêter son mandat à la CNTB, Sérapion  se présenterait  en 2015 et il ferait une campagne pro hutu et il le battrait.  Nkurunziza aurait compris cet enjeu et accepterait de prolonger son mandant au-delà de ce qui est prévu par la loi.

Sérapion Bambonanire considérerait que les hutu qui n’ont pas quitté le Burundi seraient des complices des pouvoirs dirigés par des tutsi. Ceci expliquerait les injustices que subissent au Sud beaucoup de hutu.

Au Sud, la corruption et les magouilles détruisent l'image déjà ternie de la CNTB

Les affaires les plus rentables au Burundi sont en train de se réaliser à Makamba avec la bénédiction de la CNTB. Il suffit de donner de l'argent à trois personnes qui vont jouer le rôle de témoins et de l'argent aussi aux membres de la CNTB pour acquérir et vendre dans la foulée des maisons et terrains appartenant à autrui. Un homme venu du Congo a trouvé des témoins complices et une CNTB corrompue et a acquis plusieurs terrains appartenant à plusieurs personnes et les a vendus. Ces terrains n'appartenaient pas à une seule personne en 1972. Certains paysans de Makamba avancent même un chiffre de 10 terrains acquis par une seule personne. Comme cette personne les a déjà vendus, il sera difficile de demander aux acquéreurs de bonne foi de les quitter d'autant plus qu'ils sont couverts par la CNTB.

Un handicapé a eu le malheur d'habiter sur un terrain acquis par ses parents qui ne sont plus en vie. Une première personne est venue et a réclamé sa propriété. Le handicapé s'est défendu et a gardé sa propriété. Une deuxième personne a prétendu être propriétaire de la propriété. Même chose, le handicapé a gagné devant la CNTB du temps de Kana. Une troisième personne s'est présentée et notre pauvre handicapé n'a ni la force, ni les moyens d'aller se défendre chaque fois. Il a accepté de partager sa propriété avec cette personne qui n'était pas propriétaire des lieux. Manque de chance, une quatrième personne est arrivée avec la CNTB actuelle et a prétexté être propriétaire des lieux. Cette quatrième personne a chassé le handicapé et la personne qui avait partagé la propriété avec lui. Le handicapé se retrouve sans propriété.

La réalité de Makamba est autre. Après les événements d'avril 1972, le pouvoir en place a voulu peupler la région dont une grande partie de sa population avait fui vers la Tanzanie. La génération actuelle est la deuxième. Plusieurs ne savent pas d'où ils sont venus. Récupérer leurs biens est un droit pour les personnes qui ont fui le pays mais les conséquences de ces actes ne sont pas sans conséquence. La question est plus ressentie au niveau ethnique. Erreur, au Sud, surtout à Makamba, ceux qui occupent ces terres sont des hutu, souvent venus des régions surpeuplées.

Dans son discours célèbre d'octobre 1993 de Mabanda, le Président Ndadaye avait dit ceci : "Celui qui s'est approprié beaucoup de terres en rend les unes à leurs anciens propriétaires mais une personne qui a pris une seule parcelle ne devra pas la restituer. Le rapatrié sera réinstallé ailleurs". La CNTB est dans une voie opposée.

Deux poids, deux mesures

La CNTB a envoyé la police matraquer la population venue protester contre une mesure injuste de la CNTB de l'expulsion de Kabetero. Les jeunes qui ont manifesté sont aujourd'hui en prison et considérés comme des rebelles. J'ose espérer que l'ancien rebelle Nkurunziza n'a pas fait la rébellion comme les jeunes de Ngagara. Aurait-il changé la conception de la rébellion?

A Kirundo, un homme a fait sortir par force un autre sous prétexte que la propriété lui appartient. Au procès à la CNTB, du temps de Kana, l'expulsé a gagné. Fier de sa carte du parti au pouvoir, celui qui a perdu le procès refuse depuis 2009 jusqu'aujourd'hui de quitter les lieux. Il affirme que même le Président Nkurunziza ne pourra pas le sortir de sa propriété.

Le problème de la CNTB est profond. Celui qui dirige un pays et qui n'a pas apprécié la mesure de ces injustices, des dangers futurs véhiculés par cette CNTB a un autre objectif ou s'il est de bonne foi, il n'est pas à la hauteur pour diriger le pays.