LE CODE ELECTORAL MALMENE PAR LE PRESIDENT NKURUNZIZA
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 27/08/2009
Les élections burundaises réservent des surprises. Ceux qui prétendent contrôler la situation peuvent être étonnés. Ces élections inquiètent beaucoup le Président Nkurunziza. Que faire si il n'est pas réélu? Il doit résoudre beaucoup d'équations. La situation semble compliquée.
Le code électoral avait fait l'objet de beaucoup de commentaires quand il est passé au gouvernement. Il ne reprenait pas les conclusions des discussions entre les partis politiques. Ces derniers jours, des discussions avaient permis de changer le code électoral à présenter au Parlement. Il ne restait que la question de la caution exigée aux candidats pour se présenter aux élections qui était toujours litigieuse. Le 1 er vice- Président a envoyé à l'Assemblée Nationale le code électoral adapté au consensus des partis politiques.
La Présidence viole la constitution avec le concours du président de la commission juridique de l'Assemblée Nationale
Au moment où la commission juridique allait étudier le nouveau code électoral, le président de cette commission, Monsieur Mbunde a disparu. Il a passé deux jours à la Présidence de la République pour recevoir des instructions à suivre. A son retour, il a sorti un autre texte différent de celui envoyé par le 1 er vice- Président qui est le seul habilité à envoyer ce genre de texte à l'Assemblée Nationale. Ce député a commencé par montrer les amendements à faire avant même d'étudier les textes. Les députés étaient surpris par ce comportement et ceux de l'opposition sont sortis des séances de discussion, laissant les seuls députés du CNDD-FDD.
Par ailleurs, ce code électoral devait être étudié par la commission politique mais le Président Nkurunziza a préféré la commission juridique dirigée par un homme en qui il a confiance ou qu'il peut manipuler facilement.
Il serait illégal et anticonstitutionnel si le Parlement devait étudier un texte qui n'est pas accompagné d'une lettre du gouvernement, en l'occurrence du 1 er vice- Président de la République.
Contradictions entre le Président Nkurunziza et le CNDD-FDD
Le CNDD-FDD avait annoncé sur les ondes des radios burundaises sa position par rapport à ce code électoral. Elle était proche de celle des partis de l'opposition. Un texte de consensus avait été élaboré et devait être soumis au Parlement. Or, le Président Nkurunziza s'est permis d'envoyer directement un texte différent du celui déjà reçu à l'Assemblée Nationale pour le même motif. En réalité, il y a actuellement deux projets de code électoral à l'Assemblée Nationale, un envoyé officiellement par le 1 er vice- Président Sahinguvu et un autre envoyé par le Président Nkurunziza officieusement avec le député Mbunde. Très illégalement, le député Mbunde veut que les députés analysent le projet envoyé officieusement à l'Assemblée Nationale.
Scénarii possibles
* Le texte a été envoyé par le Président Nkurunziza avec l'aval du CNDD-FDD : En ce cas, le CNDD-FDD serait tenu responsable politiquement parce qu'il a déjà exprimé sa position. Le mensonge serait à la une et les radios ont encore les sons. Les complications politiques à l'Assemblée Nationale et surtout au Sénat ne seraient pas bénéfiques pour le CNDD-FDD. Changer d'avis après un texte écrit en commun serait synonyme de manque de dignité et de droiture.
* Le texte est envoyé par le Président Nkurunziza sans l'aval du CNDD-FDD : Il serait modifié au Parlement et le Président Nkurunziza serait en train de faire le dernier coup de force, une façon de mettre sur la table ses dernières cartes. Il jouerait perdant car il serait sur la voie d'une candidature indépendante.
* Le texte est envoyé par la Président dans le but de bloquer le Parlement jusqu'aux vacances des députés. Il ne resterait plus de temps pour analyser les textes et organiser les élections. Le Président Nkurunziza compte sur sa campagne aux frais du contribuable burundais et étranger. Le retard dans la production des textes ne serait pas profitable au Président Nkurunziza car la CENI sortirait des tiroirs le code électoral de 2005. Les élections ne pourraient pas avoir de retards. Au-delà des élections, le Président Nkurunziza n'aurait plus d'immunité provisoire. C'est un autre point qu'il vient d'ajouter dans le projet du code électoral officieux.
Rassemblements de prière, faux prix reçu sont une pure campagne électorale
Les Burundais viennent d'assister à une comédie de remise de prix au Kenya au Président Nkurunziza. Beaucoup n'ont pas compris qu'il s'agissait de prix lié à la religion accordé par le " Forum africain sur la religion et la gouvernance". Ce qui ne manque pas en Afrique, ce ne sont pas des associations liées à des religions souvent protestantes, que certains caractérisent de sectes. Il est facile de financer un forum ou une association et se faire attribuer le premier prix du monde. C'est se moquer du peuple burundais le fait d'attribuer à un corrompu, un Président qui couvre les assassinats, un tel prix. La bonne gouvernance signifie une corruption presque nulle, un respect des droits de l'homme, liberté de la presse etc.... Ce n'est pas le Burundi qui est le champion. Oui, champion de l'absence de bonne gouvernance. Quant à la religion, Dieu seul sait combien l'homme est loin de la morale religieuse. Les rassemblements de prière est une perte de temps pour les Burundais. Faut-il aller prier pour un homme qui est au pouvoir plus de 4 ans et qui n'a fait que mettre à genou le pays? Quel cynisme!