LE COMBAT POUR OU CONTRE UNE ETHNIE NE M'INTERESSE PAS
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 05/01/2008
Le Burundi a fait un grand pas en avant dans la lutte contre les divisions ethniques ces dernières années. Certains tabous sont tombés et la conscience ethnique avait baissé d'intensité à tel point que ce problème était passé derrière la bonne gouvernance du pays. Force est de reconnaître que le parti CNDD-FDD avait rassuré les Burundais de toutes les ethnies et sa victoire n'avait inquiété aucune ethnie. Personnellement, ce parti avait eu mon estime au moment où il s'engageait dans le rapprochement ethnique en abandonnant les périodes où leurs combattants faisaient descendre des voyageurs en fonction de leurs ethnies, tuant de temps en temps des gens d'une ethnie.
Aujourd'hui, il est regrettable que la ligne ethniste, la conscience ethnique refassent surface chez certains jusqu'à ce qu'un représentant du CNDD-FDD dans un pays européen se lance dans un débat qui le déshonore et qui est contraire à la ligne du parti CNDD-FDD.
Combattre une ethnie ou pour une ethnie est combattre le peuple
Ceux qui se lancent dans des approches ethnistes pour protéger ou défendre un Président ou un politicien quelconque du fait qu'il est de leur ethnie ont une vision courte du peuple burundais. Certains sont tellement déconnectés du pays que leurs propos n'ont pas évolué depuis trois décennies. Or, au Burundi, le peuple a beaucoup évolué. Il y a un discours qu'on ne trouve plus au Burundi. Les Burundais ont compris qu'ils sont sur un même bateau. S'il coule, toutes les ethnies seront noyées. S'il est sauvé, toutes les ethnies seront sauvées. En réalité, il s'agit du peuple burundais. Il n' y a pas d'intérêts des hutu, ni des intérêts des tutsi. Les buildings érigés à Kigobe avec l'argent du peuple n'appartiennent ni aux hutu, ni aux tutsi, mais à ceux qui ont volé l'argent qui allait développer le pays.
Celui qui se bat contre une ethnie ou pour une ethnie est le pire ennemi du peuple burundais. C'est comme la sécurité, elle est nécessaire pour toutes les ethnies. Si les hutu sont dans l'insécurité, les tutsi le seront aussi. De même, si les tutsi sont dans l'insécurité, les hutu le seront ainsi, comme les twa. Certains font une confusion qu'ils entretiennent sciemment. Critiquer un Président hutu serait un crime de lèse majesté, surtout quand on est tutsi. Dans le passé, critiquer un Président tutsi était aussi un crime de lèse majesté quand on était hutu. Pour certains, un Président hutu aurait le loisir de voler, de maintenir l'insécurité parce qu'un Président tutsi avait volé ou tué. Un Président tutsi ou hutu vole l'argent du peuple et non des hutu ou des tutsi. Ce ne sont ni seuls les hutu, ni seuls les tutsi, ni seuls les twa qui sont perdants, mais le peuple burundais.
Mon combat continue
Ceux qui, par des voies détournées, veulent me pousser à ne pas parler au nom de ce peuple à qui on ne laisse que la misère se trompent. Je n'ai jamais parlé au nom d'une ethnie ou contre une ethnie. Ce qui m'intéresse est le peuple burundais. Il est un et indivisible. Les problèmes des paysans de Cendajuru ou de Nyabihanga ne sont pas communs. Mais les hutu et tutsi de Cendajuru ont les mêmes problèmes. Un hutu de Nyabihanga a les mêmes problèmes que son voisin tutsi. La pauvreté, le manque de soins de santé, l'insécurité frappent tout le monde. Au nom de quel droit peut-on m'empêcher de critiquer un Président qui a été mandaté pour améliorer le bien être populaire et qui fait le contraire? N'est-il pas au service du peuple? Son ethnie m'importe peu. Ce qui m'importe est son apport à la nation burundaise. Le peuple burundais mérite autre chose que de ramasser des miettes alors que le pays a beaucoup de ressources et des forces humaines pour développer le pays.
Aucune ethnie n'a dirigé le Burundi
Aucune ethnie n'a jamais dirigé le Burundi. Ce sont des individus agissant au nom de leurs intérêts qui ont dirigé le pays. Certains ont mis l'accent sur le développement alors que d'autres ont préféré s'enrichir. Quand Buyoya était au pouvoir, le tutsi de Kayokwe n'a rien gagné, comme le tutsi de Matana ou Vyanda. Quand Ntibantunganya était au pouvoir, le hutu de Bukirasazi ou de Mbuye n'a rien gagné.
De même, aucune ethnie n'a tué. Ce sont des individus qui ont tué et qui sont responsables de leurs actes. Aucune ethnie n'est méchante. Ceux qui pensent en ethnie chaque fois, véhiculent en eux- mêmes une certaine haine de l'autre, qui est en réalité une haine contre son peuple. Le peuple burundais a besoin de la paix et de la bonne gouvernance. Les histoires des ethnies ne sont que l'opium pour l'empêcher de lutter pour ses droits.