Plusieurs accusés ont été illégalement maintenus en détention provisoire
pendant près de trois ans. Le tribunal n’a pas procédé au renouvellement
de leur détention provisoire tous les 30 jours ainsi que l'exige
l’article 75 du Code burundais de procédure pénale, et n’a pas non plus
notifié les suspects des charges retenues contre eux lorsqu’ils ont été
arrêtés.
La décision du tribunal a laissé la société civile frustrée et déçue. Le
meurtre d’Ernest Manirumva a eu un profond impact sur les militants et
les a incités à lancer la campagne Justice pour Ernest Manirumva en
2009. « Les militants continuent à faire l’objet de pressions
constantes, et plusieurs ont été visés par des actes d’intimidation en
raison de leur travail sur le cas Manirumva », a déclaré Souhayr
Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des
droits de l’homme.
Certains membres d’organisations de la société civile et journalistes
ayant publiquement condamné le meurtre d’Ernest Manirumva et les
défaillances des enquêtes judiciaires sur cette affaire ont reçu des
menaces.
Pierre Claver Mbonimpa, président de l'Association pour la protection
des droits humains et des personnes détenues (APRODH), et Gabriel
Rufyiri, président de l'OLUCOME, ont été informés en mars 2010 que des
agents de l'État prévoyaient de tuer l'un d'eux en maquillant
l'assassinat en accident de voiture. En novembre 2009, Pacifique
Nininahazwe, délégué général du FORSC, a été averti qu’un complot
d’assassinat se tramait contre lui.
Quand les organisations de la société civile ont tenté de défiler sans
autorisation à l'occasion du deuxième anniversaire de la mort d’Ernest
Manirumva en avril 2011, deux manifestants, Gabriel Rufyiri et Claver
Irambona, de l’OLUCOME, ont été appréhendés par David Nikiza,
commissaire de la police de la région Ouest, qui fait partie des
responsables des forces de sécurité cités dans le rapport du FBI. Ils
ont été libérés quelques heures plus tard.
Claver Irambona et Prudence Bararunyeretse, autre membre du personnel de
l’OLUCOME, ont tous deux déclaré à des organisations de défense des
droits humains avoir été victimes d’atteintes à leur sécurité en juillet
2011.
Pierre Claver Mbonimpa et Gabriel Rufyiri ont été régulièrement
convoqués par la justice en 2011, et souvent questionnés au sujet du
dossier d’Ernest Manirumva.
Des défenseurs des droits humains et journalistes du Burundi sont
fréquemment convoqués par les autorités judiciaires en relation avec
leur travail. Des personnes travaillant sur des questions sensibles ont
par ailleurs signalé avoir reçu des SMS et des appels téléphoniques
anonymes les menaçant.
« Les autorités doivent faire preuve de soutien envers les
défenseurs burundais des droits humains et s’engager en faveur de
leur protection en rendant justice à la famille d’Ernest Manirumva
et à l’OLUCOME », a conclu Gerald Staberock, secrétaire général de
l’Organisation mondiale contre la torture.
Les organisations qui ont émis la déclaration sont:
Organisations burundaises:
Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT)
Association pour la Protection des Droits Humains et des Personnes
Détenues (APRODH)
Collectif des Associations et ONGs Féminines du Burundi (CAFOB)
Collectif pour la Promotion des Associations des Jeunes (CPAJ)
Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU)
Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE)
Forum pour le Renforcement de la Société Civile (FORSC)
Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG)
Observatoire de Lutte Contre la Corruption et les Malversations
Economiques (OLUCOME)
Organisation pour la Transparence et la Gouvernance (OTRAG)
Ligue Burundaise des Droits de l’Homme ITEKA (Ligue Iteka)
Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des
Mentalités (PARCEM)
Union Burundaise des Journalistes (UBJ)
Organisations internationales:
Amnesty International (AI)
Front Line Defenders
Human Rights Watch (HRW)
Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
Projet des Défenseurs des Droits Humains de l'Est et de la Corne de
l'Afrique (EHAHRDP)
Protection International (PI)
Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
Pour tout renseignement complémentaire, veuillez contacter:
À Bujumbura, pour l’Observatoire de lutte contre la corruption et
les malversations économiques (OLUCOME), Gabriel Rufyiri (français,
kirundi): + 257-77-741-700
À Londres, pour Human Rights Watch, Carina Tertsakian (anglais,
français): +44-207-713-2764 ; ou +44-7903-503297 (portable)
À Londres, pour Amnesty International, Sarah Jackson (anglais,
français): +44-7891-717548
À Kampala, pour le Projet des Défenseurs des Droits Humains de l'Est
et de la Corne de l'Afrique (EHAHRDP), Rachel Nicholson (anglais,
français): +256-778-921-274
Tom Gibson
Campaigner - Central and East Africa
International Secretariat, Amnesty International
1 Easton Street, London WC1X 0DW
Tel: +44 207 413 5615
E-mail: tgibson@amnesty.org