EXCLUSIF: LES COMMANDITAIRES ET ASSASSINS D'ERNEST MANIRUMVA

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 12/12/2009

Depuis plusieurs  mois, l'assassinant d'Ernest Manirumva hante le pouvoir burundais. La société civile a été frappée durement avec cet assassinat et n'entend pas se laisser intimider. Elle a mené ses enquêtes et votre serviteur, le site Burundi News, n'a pas abandonné le combat de la vérité. Les lecteurs savent que Burundi News avait déjà révélé l'existence des réseaux de soutiens du FDLR au niveau du pouvoir burundais en citant même des noms. Deux mois après, les experts des Nations Unies sortaient le rapport sur la même question. Burundi News est convaincu que le Président Nkurunziza a raison quand il dit à ses collaborateurs que Burundi News ne raconte pas n'importe quoi et que, au contraire, il faut suivre les révélations du site.

Qui sont les commanditaires directs de l'assassinat d'Ernest Manirumva?

En tête se trouve le directeur de la Documentation intérieure, nommé Léonard. C'est lui qui cordonnait les actions des policiers. Léonard a demandé un service au commerçant Hilaire Ndayizamba, qui travaille beaucoup avec le pouvoir et connu surtout dans les malversations concernant les haricots de la Police. Ce service était de se renseigner pour savoir où se trouvait Ernest Manirumva le soir de la nuit fatidique.

Le directeur général adjoint de la Police Gervais Ndirakobuca, alias Ndakugarika, a aussi participé dans l'organisation et le suivi de l'assassinat d'Ernest Manirumva. C'est lui qui donnait des ordres à son subalterne, le commandant de la 1 ère région de la Police, Nikiza David, qui a été limogé de son poste.

Le commandant de la 1 ère région de la Police en ce moment, Nikiza David, a participé activement dans cet assassinat. C'est lui qui a demandé à la douane un véhicule supplémentaire pour la circonstance. Il est resté en communication avec les Motorola de la Police pour donner des instructions et recevoir des informations sur le déroulement. Il donnait directement des ordres aux policiers Jean Claude Ciza et Obède Ndikuriyo.

Ces communications étaient entendues par d'autres policiers et même d'autres gens ayant affiché la même fréquence. Les voici :

1ère communication : Le policier Ciza à Nikiza David : " Wawundi aratashe"(L'autre vient de  rentrer). Nikiza qui avait déjà oublié la mission,  réplique : "Ni nde uyo wawundi" (C'est qui celui-là). Ciza répond : "Ni Ernest Manirumva".

2 è message après un bon moment, Ciza sur le Motorola toujours : "Wawundi yapfuye" (L'autre est mort). La réponse est que c'est bon.

Le directeur de la douane a prêté son véhicule de cortège et un agent de sa sécurité pour cette mission. Etait-il au courant? Sans aucun doute car il n'a pas prêté le véhicule et son agent sans connaître la mission. A noter qu'il est le chef des jeunes du CNDD-FDD qui s'illustrent dans la violence verbale et demain physique.

Un officier supérieur de la sécurité présidentielle a aussi participé à l'organisation cet assassinat.

Le rôle du commerçant Hilaire Ndayizamba

Hilaire Ndayizamba est en prison pour cette affaire d'assassinat. Il clame son innocence et dit tout simplement qu'il a téléphoné à Ernest Manirumva au cours de cette nuit. Notons que Ndayizamba a téléphoné à Manirumva sur demande du directeur de la Documentation intérieure pour aider la filature de Manirumva.

Burundi News donne les détails de la conversation :

Ndayizamba : "Allo, Ernest, uri hehe nkaza tugasangira kimwe" (Allo, Ernest, Tu es où pour que je vienne partager un verre avec toi?)

Ernest : "Ndi ngaha kwa juge rouge" (Je suis ici dans le bar de Juge rouge)

Après plusieurs dizaines de minutes, Ndayizamba encore : "Sinkije, vyangoye, nagomba kuza mugabo sinza" (Finalement, il m'est difficile de venir).

Ndayizamba lui a demandé aussi où se trouve son domicile et Manirumva a donné son adresse sans problème. La question qui se pose, est-ce que Ndayizamba était au courant de cet assassinat? Est-ce qu'un ancien sous officier de l'armée pouvait ignorer le sens de sa mission reçue de la Documentation? Il lui sera difficile de prouver le contraire.

Les exécutants

Nous ne citerons que les policiers déjà arrêtés pour éviter l'assassinat de ceux qui ne sont pas arrêtés. Il s'agit de Jean Claude Ciza, Obède Ndikuriyo, Rugerinyange, Bigirimana et Albert Sibomana, agent de sécurité du directeur de la douane. D'autres ne sont pas encore arrêtés et Sesé qui est au Canada est sous interrogatoire de la police canadienne.

Les commanditaires indirects

L'action a été coordonnée par la Documentation et la Police. De ce fait, les généraux Bunyoni et Adolphe Nshimirimana étaient les planificateurs principaux. Ils auraient suivi de loin l'action. La participation d'un officier de la sécurité présidentielle permet de penser que le Président Nkurunziza était au courant aussi. Le lecteur doit savoir que le Président ne donne jamais des ordres écrits ou au téléphone pour ce genre d'actions. L'ordre est verbal et ne doit pas laisser des traces.

Derrière chaque crime, il y a un mobile

La décision d'assassiner Ernest Manirumva a été prise quand les services de renseignement ont donné un rapport au Président Nkurunziza concernant les dossiers que Manirumva s'apprêtait à publier. Les enquêtes continuaient mais les dossiers étaient presque complets. Ces dossiers impliquaient directement certains généraux et le Président Nkurunziza.

* Armes détournées : Il avait reçu des informations fiables de la part d'un haut du CNDD-FDD sur les dizaines d'armes débarquées à Bujumbura et qui ne sont ni à la Police, ni à l'Armée. Ces armes peuvent avoir pris le chemin du Kivu chez les FDLR ou distribuées aux jeunes du CNDD-FDD pour perturber les élections. ;

* Les avocats du Président Nkurunziza : Derrière ces avocatiers que le Président plante, il y a  de gros sous. Un avocatier planté rapporte au Président    2 700 francs bu. En effet, les services du Président achètent un avocatier à 300 francs bu et rentrent en comptabilité publique un montant de 3 000 frs Bu. Le surplus rentre dans les poches du chef. Manirumva était sur ce dossier explosif.

* Liste fictive de la Police : La police paie des policiers fictifs, qui n'ont jamais mis les pieds à la Police. En réalité, cet argent détourné rentrait dans les poches des chefs de la Police, surtout le ministre de la sécurité publique.

Ce sont ces trois dossiers que le pouvoir voulait éviter à tout prix la publication.

La gestion de cet assassinat

Il faut noter que cet assassinat de Manirumva a entraîné un autre assassinat. Il s'agit du capitaine Ndikuriyo, de la sécurité présidentielle, qui a été assassiné parce qu'il a refusé de participer à cet assassinat de Manirumva. Il a été éliminé par le pouvoir car il était déjà au courant de cet assassinat. Il est mort en héros avec des mains propres. Son frère député du CNDD-FDD a bien compris que c'est le pouvoir qui l'a assassiné. Il a refusé de faire des enquêtes, ni vu, ni connu!

Le pouvoir avait mis en place une commission judiciaire qui n'a rien fait car elle était téléguidée par le même pouvoir du CNDD-FDD. Une 3 è commission a pris les choses en main grâce à  la pression internationale et de la société civile qui a mené des enquêtes de son côté et qui ont poussé cette commission à faire correctement son travail.

Aujourd'hui, le pouvoir, surtout la Présidence, les services de renseignement et la Police ont décidé de sacrifier Nikiza David pour protéger les chefs. Il a tenté de fuir le pays mais un général lui a demandé de rester et qu'il sera protégé. Les jours passent et le temps rattrape les auteurs de ce crime. Il ne faudra pas sacrifier seulement David Nikiza mais aussi le directeur général adjoint de la police, le directeur de la Documentation intérieure, pourquoi pas Bunyoni et Adolphe.

Le CNDD-FDD est démuni face aux scandales actuels. Il va falloir gérer le rapport sur le Congo, l'assassinat de Manirumva etc....Les forces manquent et plusieurs militants se découragent et ne veulent plus suivre des assassins pour les maintenir au pouvoir.

Les assassins de Manirumva devront retrouver leurs places dans la prison de Mpimba. Tôt ou tard, ils finiront par être jugés.