Burundi news, le 28/02/2009

 

Commentaires du Muganwa Charles Baranyanka à propos de l’interview de Monsieur Pierre Buyoya, le 4 février 2009

 

Je viens de tomber sur l’interview et la mise au point de Monsieur Buyoya, suivis des observations de Jean- Marie Ngendahayo.

Toutes ces considérations appellent de ma part, un certain nombre de commentaires.

Partant des faits indéniables, admis communément au Burundi, il n’est pas douteux que Monsieur Buyoya est un professionnel des coups d’état, dont le second a plongé le pays dans une misère insoutenable et dans un marasme économique qui perdurent depuis 12 ans, tandis que les barons de son régime spéculaient et profitaient impudemment de l’embargo décrété contre le Burundi par la Communauté Internationale.

Contrairement à ses allégations, Monsieur Buyoya comme tout le monde le sait, n’a pas quitté le pouvoir volontairement, mais bel et bien obligé. La première fois par un vote populaire massif (auquel il eut été impensable de se dérober) en faveur du FRODEBU, parti rivale de celui de Monsieur Buyoya. La deuxième fois, suite à une pression armée de l’opposition, appuyée par les Etats de la région, l’Union Européenne et les Etats- Unis d’Amérique.

Il apparaît dès lors que Monsieur Buyoya devrait se distinguer par une modestie sans faille en s’interdisant d’octroyer aux autres des certificats de respect des Droits de l’Homme, lui qui a emprisonné, torturé et exécuté ses opposants de l’intérieur comme de l’extérieur du Burundi, y compris dans ses propres rangs.

Par ailleurs, en considérant l’histoire de la 3ème dictature, je remarque que la cohabitation proposée à Monsieur Buyoya par le FRODEBU dénote une maturité politique évidente, acquise sans doute pendant la clandestinité de leur mouvement. Nous ne pouvons que regretter amèrement son échec, car elle eut épargné au Burundi une terrible guerre civile de plus de 12 ans sans précédent dans notre histoire. J’affirme à mon tour que la démarche du FRODEBU a eu lieu. Je la tiens d’un proche collaborateur de Monsieur Buyoya lui – même.

Nul doute, comme le dit si bien Jean- Marie Ngendahayo, que Monsieur Buyoya par son refus a raté son entrée dans l’histoire.

Quant aux sombres événements tragiques qui ont décapité l’Etat et le FRODEBU, dont le 2 juillet n’est qu’un prélude inquiétant, je regrette profondément le cynisme déplacé de Monsieur Buyoya qui nargue le FRODEBU de s’être sabordé dans l’infernale nuit du 21 octobre 1993. Ceci me rappelle la bonne vieille sagesse de nos ancêtres : « Ingwe igutwara igitungwa ikagutanga kuraka ». Ce que dit l’immortel Lafontaine dans l’inoubliable fable « Le loup et l’agneau ».

Enfin, nos yeux sont tournés vers la Commission Vérité er Réconciliation, habilitée à établir les responsabilités des uns et des autres. Une chose est certaine : bien de surprises nous attendent ! Ukuri guca mu ziko ntigusha ! On ne peut mentir indéfiniment à l’histoire.