LA CENI, LE PRESIDENT NDAYIZEYE ET LES ELECTIONS

Par Gratien Rukindikiza

 La commission électorale  Ndayizeyiste des incapables(CENI) est entrain de donner une mauvaise image du Burundi. Cette commission, avec un petit c, qu’on croyait indépendante, qui continue à  recevoir des ordres de la Présidence pour bloquer les élections mérite un rejet du peuple burundais. Le président de la dite commission électorale, le très controversé Ngarambe, a perdu son calendrier comme son patron a perdu son tournevis. Il est demandé au burundais qui possèderait un calendrier de trop de l’année 2005 d’avoir la gentillesse de le lui fournir. De confusion en confusion, il ne fait plus de différence entre avril et novembre 2005.

Ngarambe est devenu la risée des burundais et aussi de la communauté internationale. Certains se demandent comment le Président a fait pour trouver ce cas rare. Qu’il était un  génie ce Sinunguruza qui a tenu le calendrier en 1993 et a permis la défaite de celui qui l’avait nommé à la Présidence de la Commission électorale.

Les reports des dates du référendum ne font que créer un dégoût de la politique et même l’envie d’aller aux élections de la part du peuple. Le Président Ndayizeye et Ngarambe traitent le peuple burundais comme des gens affamés à qui on promet de la nourriture sans en fournir. La démocratie n’est pas une marchandise. Elle ne peut pas être tenue en otage par des gens soucieux de leurs intérêts personnels privés. A forcer de jouer avec le feu, on finit par brûler ses doigts.

J’avais écrit un article intitulé comme suit : « Un référendum pour endormir les burundais ». Même si l’article n’avait pas plu à un dirigeant qui se reconnaîtra, la suite des événements a  fini par me donner raison. Il est manifeste que cette volonté de soumettre le référendum sur la constitution au peuple était destinée à préparer la candidature du Président Ndayizeye, pourtant interdite par la même constitution.

Le Président Ndayizeye bloque le processus électoral jusqu’à ce qu’il trouve les voies et moyens pour se présenter aux élections. En général, un tel acharnement pour un Président cache un secret de polichinelle. Se maintenir pour s’enrichir. Je défie quiconque me prouverait que la volonté de se maintenir est liée à l’amour du peuple.

Cette volonté de se maintenir est aussi le résultat d’une manipulation de la part d’une main invisible qui en a l’art. Ce n’est pas mon ami Jean Marie Sindayigaya qui dira le contraire.

Le Président Ndayizeye, serait-il tombé dans un piège ?

 Profitant de « certains investissements privés inachevés du Président », certains milieux l’auraient encouragé de se maintenir au pouvoir. En tête l’UPRONA et l’ancien Président Buyoya. D’une pierre deux coups. Buyoya rêve de mettre à genou le FRODEBU qui lui a pris le pouvoir en 1993. En même temps, il craint les dirigeants du CNDD -FDD, nouveaux dans les affaires et donc avec les mains propres. Ils n’ont aucun engagement envers lui et donc, ils peuvent l’inquiéter au niveau de la justice. La stratégie serait alors de pousser le Président Ndayizeye à se maintenir et créant ainsi,  un front contre lui au FRODEBU. Il pourrait récupérer une partie du FRODEBU et ce parti de Ndadaye serait cassé et  affaibli. Le Président Ndayizeye élu serait faible et redevable de l’UPRONA qui l’a aidé ( Je te tiens, tu me tiens par la barbichette).

L’UPRONA sortirait gagnant de cette affaire car elle aurait bloqué le CNDD -FDD, affaibli le FRODEBU et le Président. L’ancien Président Buyoya  réorganiserait alors un parti sous forme d’une machine à gagner les élections en rachetant les déçus de plusieurs partis du G7 et du CNDD -FDD.

Les dernières nouvelles des proches du Président nous informent que ce dernier a téléphoné dans la soirée du 11 janvier 2005 sur insistance de certains politiciens au Vice- Président Zuma pour lui dire qu’il renonçait définitivement au projet de modifier la constitution. « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », disait Pasqua, l’ancien ministre de l’intérieur français.

Parallèlement, d’autres dernières nouvelles nous signalent que la CENI (La commission électorale  Ndayizeyiste des incapables) a dans ses tiroirs un calendrier secret des élections au mois de, tenez-vous bien, novembre 2005 ; la honte !

En prolongeant la date des élections, les deux hommes (le Président Ndayizeye et Ngarambe) ont des raisons personnelles de ce report lointain. Le Président Ndayizeye espère que le temps va jouer pour lui dans le but de  changer l’opinion qui est contre lui. Pour y arriver, il dispose d’une carte maîtresse : Le FNL de Rwasa. Il vient de dépêcher auprès des dirigeants du FNL l’administrateur de la commune de Kanyosha, qui les connaît bien, pour négocier la fin de la guerre. Le Président est prêt à céder ce qu’il n’a pas voulu offrir à Amsterdam. L’arrêt de la guerre du FNL serait un  prétexte pour prolonger la transition d’une année, voir plus.

Le président de la CENI Ngarambe a aussi ses intérêts ou plutôt les intérêts de la famille pour prolonger indéfiniment la date des élections. En effet, la CENI est devenue l’employeur de la famille. Son fils est chauffeur et sa fille, secrétaire  à la CENI. Ngarambe a un salaire de 4 000 dollars par mois avec le travail qu’il fait. Un fonctionnaire moyen ayant terminé l’Université a un salaire de 40 dollars par mois.  Il trouve finalement son compte dans les ordres qu’il reçoit de son patron.

Cette commission devrait -être remerciée pour éviter une nouvelle guerre civile. Elle sera incapable de savoir qui a gagné les élections. Je n’ose pas m’imaginer ce qui peut arriver quand la commission dira après une semaine qu’elle n’a pas eu le temps de vérifier le décompte des voies. Ngarambe se présentant devant la presse :  « Désolé, nous sommes incapables de savoir qui a gagné ! ». Une hypothèse à ne pas exclure.